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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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30 juillet 2006 7 30 /07 /juillet /2006 08:37

 Voici le plus beau film qu'il m'ait été donné de voir sur le métier de danseur à l'opéra de Paris. Il est dû à Nils Tavernier ( le fils du père!) qui a eu l'exceptionnelle autorisation de suivre le ballet de l'opéra de paris dans sa tournée au Japon et dans son travail quotidien de cours, de répétition, de filage, de préparation. Réaliser en 2001, on voit les répétitions de Doux mensonges de Kyllian, du lac des cygnes, version Noureev, de la Sylphide, remontée par Pierre Lacotte, et de la 9ème symphonie par Béjart, qui cette année là était donnée à Bercy devant des milliers de gens.

Là où le film est fabuleux, c'est qu'il montre de tout près un travail quotidien passionné, réalisé par des athlètes qui sont artistes. Car le métier de danseur classique demande une énergie, une puissance, un sens de la perfection hors norme.

G Thesmard, coach et répétitrice, explique bien que l'école de danse de l'opéra de Paris où sont formés 90 pour cent des danseurs du ballet  "est une machine à broyer les faibles"...

sans commentaire, n'est ce pas?

Nils Tavernier offre plein de magnifiques portraits de danse, et donne la parole aux danseurs qui, d'habitude plutôt discrets, se confient volontiers à lui, car il a su gagner leur confiance... Romoli, Hilaire, Legris, Dupont, Lestetu, Osta, Laure Muret, Platel, A Lamoureux, N Pontois, M kudo et tant d'autres...  confient leurs joies, leurs peines, leurs souffrances physiques et morales, leurs amitiés, mais surtout, leur passion de danser.

Ainis, M A Gillot qui était encore premiere danseuse et qui depuis est devenue étoile dit :" Danser et aimer, je ne peux pas les mettre sur le même plan, parce que danser... ( elle cherche les mots) c'est encore plus fort qu'aimer....!"


 

 

le film est réalisé avec une grande sensibilité. De petits portraits de danseuses du corps de ballet montrent par instant la difficulté de " tenir" la scène. On les voit complètement essoufflées dans les coulisses, on voit les pieds abimes et pansés, la limite physique atteinte de garçons sortant de scène et mettant plusieurs minutes à récuperer leur souffle...

J'avais vu ce film magnifique en salle en 2001, plusieurs fois, en découvrant l'envers du décor, car la caméra se glisse discrètement dans les coulisses, entre les rangées de cygnes répétant, dans les loges, dans les ateliers de couture, de costumes...

 Et puis, on comprend mieux ce qui fait la richesse de l'opéra de Paris : non seulement ses danseurs exceptionnels, mais surtout l'ouverture à de très nombreux chorégraphes contemporains qui travaillent et créent pour l'opéra de Paris sur invitation. Ainsi la vocation du ballet de l'opéra de Paris est double : d'une part, conserver intact le répertoire ( les grands ballets, dont la transmission est purement orale, et se fait via les maitres de ballet, qui ont été danseurs et à leur tour transmettent, sont la mémoire de la danse, et d'autres parts,  participer à la création en danse.

Le film parle aussi de pleins de choses de la vie de tous les jours : comment être parent et concilier un métier aussi prenant, l'amitié au sein du ballet, avec des êtres qu'on connait depuis l'école de danse, le monde clos que cela représente, la rivalité, qui existe depuis l'école et dure, d'une certaine manière tout la carrière... mais avec tact, délicatesse, et surtout un profond respect des êtres humains que sont avant tout les danseurs.

Moment émouvant, on voit aussi le départ à la retraite de E Platel, (à 42 ans, pour les danseuses, qui entrent en général dans le corps de ballet vers 16 ans)...

 


 

 

Cette photo montre la sortie de scène des quatre grands cygnes, complètement essouflés, et la mise au point des quatre petits cygnes qui dansent bras croisés et qui essaient de trouver la meilleure position des bras et du corps pour ne pas se gener mutuellement tout en conservant un ensemble parfait...

Les coulisses sont un monde étrange qui grouillent de vie, de danseurs qui s'échauffent, se concentrent, récupèrent leur force, se font recoudre en quatrième vitesse un chausson qui lâche ou un tutu qui se dégraffe...

 j'ai acquis ce film en dvd, et c'est toujours un plaisir de voir les danseurs au travail. A chaque fois, je suis confondue d'admiration pour ces danseurs qui visent à la fois la perfection technique et artistique, et restent modestes la plupart du temps, car chaque matin, à la barre, ils refont le même travail que la veille et prennent conscience de tout ce qu'ils ont encore à acquérir pour maintenir ou ou accéder à la perfection.

Car comme le dit W Romoli, " lorsque le sens artistique commence vraiment à mûrir, le corps, lui, commence tout doucement à perdre sa force, sa puissance..."

Bref, tout près des étoiles... le titre est bien trouvé, car c'est vraiment un voyage au milieu d'elles que nous offre Nils Tavernier....

Merci à lui!


 DVD facilement disponible

A lire aussi : le ballet de l'opéra de Paris

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