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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 08:02

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Notre Dame de Paris de Roland Petit…. C’est déjà un souvenir dans mon vieux livre sur la danse des années 70 : Claire Motte et Cyril Atanassof. Ce que j’ai pu rêver sur ces photos aux costumes étonnants !   Le ballet, créé sur mesure pour les deux artistes, était une commande pour l’opéra de Paris qui ouvrait déjà à l’époque ses portes à la modernité – et bien avant  Dame Lefèvre ! – via  Michel Descombey, Roland Petit, Maurice Béjart    

  

Découverte sur scène  beaucoup plus tard, cette oeuvre ne m'a pas plus. La  musique  lourde, sans subtilité aucune, les costumes  plutôt hideux,  la chorégraphie, terriblement répétitive et bavarde en donnent un récit  assez peu attrayant, sans relief, et même assez insupportable par moment. Certes, quelques passages scintillent, telles des pierres précieuses jetées au milieu de gravats, comme le 1er solo de Quasimodo, tout en sensibilité, ou celui d’Esmeralda, à la fois mutin, féminin et si libre !  Ce solo fait partie de mes préférés avec celui de l'Etrangère de Clavigo, tout répertoire confondu. J'ai du le regarder un milliard de fois dans la version DVD avec Isabelle Guérin. De même,  tout le début du second acte est poétique et intense.   Lorsque les solistes sont sur scène, sans un corps de ballet qui ne sert pas à grand-chose, si ce n’est à rendre le tout confus, brouillon et même naïf, on parvient à entrer dans l'histoire. On est même captivé. Il suffit de se rappeler  Hilaire, Legris, Leriche et Guérin pour sentir l'intensité qui palpite dans l'oeuvre pendant certains passages.   Lesquels, fichés dans nos mémoires comme  la voie lactée vue un soir d’été, nous donnent  l’espoir que peut être, le reste qui laisse un si désagréable souvenir,  saura à présent nous plaire, peut être même nous charmer.

Après tout, on le sait : chez Roland Petit,  le plus sublime côtoie le plus improbable !

 

J’avais pris des places pour voir Nicolas Leriche dont ce sont ces dernières apparitions sur scène. Je l’ai presque regretté. Non pas à cause de Nicolas, absolument parfait dans ce rôle déchirant où, au premier acte, il y a si peu à danser – mais alors, quelle danse !

Mais parce qu’il a fallu supporter le bavardage outrancier du corps de ballet, grimé comme le feraient les  pensionnaires d’ une maison de retraite qui ont mis la main sur de vieux costumes des années 70 et s’en accoutrent pour rire  un soir d’Halloween,  la partition qui a du mal à sortir d’un fatras de percussions qui aimeraient trouvé la liberté d’un Stravinsky ou d’un Bartók mais restent au niveau  d’un orchestre de bal, la scénographie si lourde que les techniciens eux-mêmes n’ont pris aucun gant pour pousser les grands panneaux dans lesquels les danseurs veillent à ne pas se tordre une cheville, la potence, ou le décor de Notre Dame.

 

J’imagine sans peine, qu’en 1965, cette œuvre a dû paraître innovante et susciter l’intérêt, mais aujourd’hui, elle fait figure de vieillerie démodée et pire, elle fait rire.

Comment ne pas pouffer devant certains tableaux, le comble du ridicule revenant à Phoebus en perruque blonde «  frisé à la hérisson » et à ses gardes dont les attributs masculins et les pectoraux moulés outrageusement par les  bandes collantes de leurs costumes les font ressembler à des super héros de parades gays. On n’est pas loin des Village people  et pour un peu,   on se lèverait pour entonner avec conviction par-dessus l’orchestre «  macho, macho man !! »

Mais là, sur scène, on ne rigole pas, même si, à la cour  des miracles,  les danseurs rappellent cette fois-ci   les champignons  et les courgettes de la forêt du téléfilm italien    « Fantagharo » .

 

Alors 1h30 d’un tel spectacle, c’est bien long !

Et pourtant, Eleonora Abbagnato, gitane mutine, fraîche, vive, pleine de compassion pour Quasimodo, de sensualité avec Phoebus ou de force face à Frollo et Nicolas Leriche, pauvre hère déchirant de soumission, de solitude,  et de sensibilité,  apportaient à eux seuls la grâce qui sauvent une œuvre.

 

 

A leur côté, le Frollo de Joshua Hoffalt s’est réveillé véritablement au second acte, trouvant enfin au fond de lui la noirceur et l’ambiguité de ce personnage ambivalent.

 

Le quatuor n’était donc pas particulièrement équilibré ce soir de première – et je ne dirai pas un mot sur Florent Magnenet que je pensais trouver superbe en Phoebus mais qui m’a malheureusement fait penser à  Assurancetourix tout du long, comment alors trouver de l’émotion au pas de trois dans ces conditions ?   

On ne peut que saluer l’engagement de tous les artistes dans une œuvre démodée qu’il faudrait retirer définitivement du répertoire.  Ils nous ont rappelé à quel point le ballet de l’opéra de Paris est toujours une grande compagnie ! 

 

 

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Sur la photo, Nicolas serre les lèvres, pour contenir l'émotion que suscita l' immense montée d'amour de son public

elle se souleva comme une vague immense dans tout l'opéra Bastille!

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