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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 14:27

Voici une de mes critiques, issues du forum critical dance, danser en français, écrite en juin 2003
Je la mets telle quelle, écrite quelques heures après avoir vu le spectacle, pour un forum de danse, donc sans recherche de style...


 

Soirée du 19 juin
J’ai donc assisté à la dernière représentation des spectacles de Maurice Béjart, mise doublement en appétit par la lecture de ce topic et par la grève du 10 juin, jour où j’aurais dû voir ce ballet. Je pense qu’avoir avidement lu les critiques sur ce topic a changé ma vision du spectacle parce que je n’avais pas la même attente et j’étais ainsi totalement réceptive.

L’oiseau de feu
Par exemple, j’ai adoré l’Oiseau de feu, car ne je me suis absolument pas attachée à la symbolique du ballet, mais plutôt à ce qui s’en dégageait d’une manière générale.
J’ai aimé la façon dont les danseurs semblent être sculptés dans du marbre bleu, vivants, parfaitement en harmonie, chacun gardant au sein du groupe son individualité propre. J’ai notamment été éblouie par la prestation d’une des partisane, ( longue queue de cheval), vive, à la technique fluide, avec une grande présence, mais j’ignore son nom, l’un d’entre vous pourra peut être me renseigner. ( Choix entre Melle Aubin, Laffon ou Legassy) ( NB 2009 Melle Legassy)
La façon dont Béjart économise la couleur, (un peu comme Martha Graham) joue avec les éclairages parcimonieux, (scène de l’apparition de l’oiseau phénix où la toile de fond s’éclaire en triangle en partant du haut, simple pour un maximum d’effet) m’a énormément plu.
Sur le plan chorégraphique, il éclate le groupe, pour mieux le recréer, jouant sur les possibilités de combinaisons des neufs partisans.
Dans le rôle de l’oiseau de feu, Nicolas Leriche, qui m’a paru techniquement un peu fragile ce soir ( reception des tours en l’air parfois un peu imprécise) mais artistiquement très présent , et Karl Paquette, éblouissant oiseau phénix.

J’ai donc trouvé ce ballet très pur, visuellement poétique et puissant et les danseurs superbes.

Pour Webern opus V, Agnès Letestu en noir et avec Martinez en blanc furent techniquement impeccables, tous deux longilignes, parfaitement synchronisés, mais à mon goût un peu froids. Mais il est possible que cette impression de froideur viennent de la musique elle même.

Suivait Phrase de quatuor dansé par l’époustouflant Jérémie Bélingard.
Ce fut sûrement mon ballet préféré de la soirée.
J’ai adoré le mélange d’angoisse, d’humour, de dérision, de « loufoquerie » qui se dégage de l’œuvre, et je pense que l’interprétation du danseur y est pour beaucoup. Il met une telle ardeur dans sa danse qu’on ne peut que le suivre. Le cri poussé à l’avant scène dès le debut du ballet annonce toute la suite. ( cri de Munch ?)
Les couleurs noire, rouge et blanche, ( les trois couleurs qui incarnent la perfection au Japon) produisent une ambiance à la fois inquiétante ( renforcée par ce flottement nuageux et brumeux au dessus de la scène) et profonde.
Les quatre tricoteuses, après tout ce que j’en avais lu, m’ont amusée. Je pense que l’on peut tout leur faire dire et j’ai beaucoup aimé leur emploi. Elles jouent avec les fils ( laine, micro, corde) et interviennent de façon à la fois cocasse et dramatique. On peut les renverser, les manipuler, mais elles reviennent reprendre les fils qu’on leur retire.
Quand à la musique, j’ai suivi assez fasciné le collage musical composé par Pierre Henri auquel fait écho toute une ambiance bruyante de sons naturels ( pluie, eau, klaxon, flipper, voiture, etc) et de phrases musicales qui font écho aux citations. C’est fait avec finesse et aussi avec beaucoup d’humour. La partition ne s’essoufle à aucun moment, et là encore, l’angoisse côtoie la drôlerie. Mélange on ne peut plus heureux.

Le dernier ballet, Le Mandarin merveilleux, m’a aussi séduit par plusieurs aspects, même s’il me semble moins accompli que les trois précédents.
D’abord les décors, qui plonge le spectateurs au cœur d’un monde qui tient à la fois de celui de Chereau dans sa mise en scène de Wagner à Bayreuth ( les Nibelungen et le monde industriel) et d’un univers année trente en pleine crise. Je trouve cela très réussi.
L’effet de groupe des truands, parfaitement ensemble, qui ne perdent jamais leur individualité est utilisé autant pour le rythme que pour l’effet de « masse. »
Ainsi, leur utilisation permet des accélérés ralentis (l’un particulièrement vertigineux, où chaque danseur a tour de rôle se lève, fait deux tours en l’air ainsi de suite jusqu’à ce que tout l’ensemble danse, et ensuite en décalé) qui ponctuent tout le ballet, et qui donnent un souffle à toute l’œuvre.
Le trio composé par les trois danseurs principaux se détache du reste du groupe comme des marionnettes de foire : le chef des truands qui danse peu, mais qui a une présence très inquiétante et qui tire les ficelles ( Yann Bridard) ; sa relation très ambigu avec la fille conduit le ballet au bord du registre « glauque ». Le mandarin, Kader Belardi, irréprochable, fin, léger, est irréel dans ce context brut et citadin, et enfin, la fille, Mallory Gaudion, que je n’avais jamais vu danser et qui incarne son personnage avec à la fois force, fragilité, sensualité et un rien de grotesque. ( très Berlin année trente dans toute sa décadence)
Les trio superposent trois techniques et style de danse et mettent en valeur les trois danseurs.
La mise en scène de ce ballet l’apparente plus au monde du théâtre que de la danse, et c’est encore l’une des raisons pour lesquelles il m’a séduit.

Vous l’aurez compris, j’aime décidément beaucoup l’univers de Béjart, qui, à mes yeux, ne vieillit pas…
Le rideau est tombé très vite, et je n’ai pas pu applaudir comme je l’aurai voulu Mallory Gaudion et Kader Belarbi, et tous les autres…

 

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 12:40

voici une critique écrite sur le forum critical dance, danser en français, écrite en juillet 2003; je la livre ici telle quelle


7 juillet : une perfection

Gisèle est et restera de tous les ballets mon préféré : je ne saurai expliquer rationnellement ce qui me lie affectivement aussi puissament à ce ballet, mais le fait est qu’il met en vibration des émotions profondes. Je l’ai vu et revu en trente ans des dizaines de fois, aussi bien à l’opéra de Paris que par des compagnies étrangères, et j’ai le souvenir de représentations bouleversantes, du fait de la présence de Noella Pontois, et d’autres très décevantes, frustrantes même. D’autres ne m’ont tout simplement laissé aucun souvenir…
La représentation du 7 juillet a été éblouissante. Elle a presque touchée à la perfection.

Dès son entrée, Laétitia Pujol-Gisèle qui m’a mis les larmes aux yeux toute la soirée, campe son personnage avec un art accompli : légère, espiègle, timide, naïve, aimant la danse par dessus tout, tout y est. Elle semble d’ailleurs non pas danser mais tout simplement « être » sur scène. Toutes ses variations sont enlevées, tout à fait dans l’esprit romantique avec ces ports de bras et du buste légérement en avant, ses batteries d’une grande précision auxquelles elle ajoute beaucoup de spiritualité. Sa légéreté, sa fraîcheur, sa juvénilité sont parfaites.
De plus, Laétitia Pujol joue avec les temps musicaux d’une manière étonnante : ralenti, acceléré, petite seconde supplémentaire prise ici et rattrapée là, tout est parfaitement maîtrisé avec une telle aisance qu’elle semble inventer les pas au fur et à mesure, au gré de son humeur.
Le couple qu’elle forme avec Nicolas Leriche est crédible, même si ce danseur, au premier acte, dansant peu, semble un peu chercher ses marques.
Wilfried Romoli-Hilarion est un garde chasse un peu violent, impulsif, et franchement antipathique. Il semble possessif, jaloux et plein de haine : Il a beaucoup de présence sur scène.
Mélanie Hurel m’a très peu convaincue dans le pas de deux des Paysans ; j’ai trouvé son dos et ses épaules extrêmement raides, et le reste mièvre. Benjamin Pech a une belle technique.
Mais je dois avouer que ce pas de deux m’a toujours un peu ennuyée…

La seconde variation de Gisèle, lorsque celle ci reste en équilibre sur pointe en sautant et en faisant des battements de l’autre jambe ( quel est le terme technique ?) peu parfois sembler un peu ridicule :j’ai vu de grandes ballerines avoir franchement l’air bête en le dansant : mais Laétitia Pujol, une fois de plus, danse ce pas avec un naturel et une grâce que je n’ai vus que chez Noella Pontois.

En revanche, pour la scène de la folie, il me semble qu’elle gagnera en puissance dramatique avec les années. Elle est émouvante, mais non poignante comme peuvent l’être certaines Gisèle.

Le second acte fut PARFAIT.
D’abord, les Willis : jamais je n’ai vu un aussi bel ensemble. Tout y était : la perfection des lignes géométriques, la légèreté, l’aspect fantomatique, la poésie, et la douleur aussi, tous ces ingrédients romantiques habitaient parfaitement les willis de cette représentation.
Même lorsqu’elles se croisent en arabesque, en avançant sur un pied, pas un peu lourds et pas toujours gracieux, elles restent de vrais Willis.

Delphine Moussin Myrtha est la première reine qui me convainc autant : elle a la froideur, la dureté, l’intransigeance du rôle, mais heureusement,   ses bras, son buste, ses épaules restent souples, habités, « onctueux » et non raides comme chez beaucoup de Myrtha que j’ai vues. Elle est impériale, immatérielle dès son entrée sur pointes, ses équilibres sont parfaits, sa variation ne donne l’impression d’aucun effort. Bref, j’ai été éblouie. Elle danse avec une intensité étonnante et ses jetés sont d’une grande élévation et hauteur. Elle retombe avec légèreté

Quand à Nicolas Leriche, son entrée est toute en sensibilité, en poésie, et au second acte, le couple qu’il forme avec Gisèle-Laétitia est bouleversant.
Ses deux dernières variations sont d’une grande maîtrise technique et dramatique. Notamment son éblouissante batterie finale. Son personnage lâche du premier acte s’est transformé en amoureux transis d’amour et de douleur : il est poignant.
Quand à Laétitia, je craignais que son second acte soit moins accompli artistiquement : il n’en était rien. Elle était d’une justesse de ton, touchante, modeste, débordante d’amour et de pardon, avec une sensibilité extraordinaire doublée d’une maîtrise parfaite.Elle est digne, elle est, tout fantôme qu’elle est devenue, femme.
A tout moment, elle emplit toute la scène de sa présence fantômatique, pleine de souvenir, de nostalgie de cette vie terrestre où elle vivait et dansait.

Bref, mis à part l’orchestre, qui une fois de plus s’est révélé dans toute sa médiocrité, ( l’alto solo du deuxième acte a joué faux d’un bout à l’autre et décalé avec la harpe, c’était ignoble, j’aurais eu honte à la place du chef,et les contrebasses dès le premier acte ont fait d’horribles fausses notes… et j’en passe : ils ont saccagé une partie de mon émotion) c’est l’une des plus belles représentations de Gisèle que j’ai vues.

 

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 11:40
voici mon premier compte rendu de ce ballet, qu'ensuite, j'ai adore : cela prouve que le regard sur une oeuvre peut changer du tout au tout! je vous livre telle quelle ce premier article écrit sur critical dance ou je fais allusion aux autres critiques des spectateurs ; je fais allusion au " ballet imaginaire" que je m'étais inventé : la deception dans nos vies vient souvent de la différence qu'il y a entre ce qu'on imagine et ce que la réalité nous donne...
Après cette première version Kader Belarbi a remanié son oeuvre.


J'ai vu hurlevent le 28 février ( 2002), et j'ai un point de vue un peu différent de tout ce que j'ai lu jusqu'à présent.  l'enthousiasme des critiques que j'ai lues est très rafraichissante,   et je suis ravie de voir que certains spectateurs sont emballés,
pour ma part, j'ai été en partie déçue donc j'apporte un regard différent : <  bien que j'aie trouvé les danseurs dans l'ensemble parfaits, beaucoup de choses dans ce ballet n'ont pas comblé mes attentes ( autrement dit mon propre ballet imaginaire!)tout d'abord, la musique de philippe Hersant s'est un peu trop inspiré des oeuvres de Stravinsky, Bartok ou Debussy, à mon goût, puisqu'il n'hésite pas à citer textuellement des phrases entières, décalquer des rythmes, user des mêmes effets que dans Noces de Stravinsky par exemple, mais le tout agencé d'une façon excessivement lourde ( je suis musicienne et je connais par coeur la plupart des partitions de ces auteurs)<BR>ce manque d'originalité (comparé à la partition de clavigo) m'a choquée et surtout la lourdeur de l'orchestration est indigeste ( je suis pourtant férue de musique contemporaine, mais là...

pour ce qui est du ballet, si Marie Agnès Gillot m'a fait vibrer de bout en bout, (quoique je n'ai nullement reconnu la Cathy du livre, cruelle, rebelle, méchante par moment tiraillé entre ses propres démons au moins autant que Heathcliff) elle est bien la seule : mais comment se fait il que  Nicolas Leriche  disparaisse à ce point?
en noir, sur fond noir, entouré d'hommes en noir... éclairé au minimum... toujours à demi courbé... il n'était vraiment pas en valeur ce soir là! ( peut être les autres soirs?)

Si la première partie m'a assez plu, ( on découvre les personnages, les styles, l'histoire se met en place, les scènes sont contratés)la deuxième partie m'a paru confuse, longue et répétitive, hormis les solos de MAg, lumineuse, magique, irréelle, techniquement irréprochable ( ah, vivement qu'elle ait Le titre!) et la fin m'a paru absolument interminable

la scène des canapés m'a rappelé en plus raté celle des brancards dans ballet for the life de Béjart ( même principe!) et sincèrement on ne comprend pas grand chose...les gilets enfilés les uns sur les autres m'ont plutôt fait sourire... je me posais la question de savoir combien il allait en enfiler et s'il n'allait pas finir en bonhomme michelin...< symbolique de l'homme qui sent la mort venir et refuse de se dépouiller du peu qu'il a eu?>je ne sais pas... les danseurs étaient dans l'ensemble mal éclairés, et ces blancs et noirs, vraiment déprimants<BR>Gisèle, qui est pourtant blanc et noir, est tellement plus lumineux à côté : oui, les éclairages sont à revoir! <

>j'avais tant aimé la scène première avec les fleurs! dans le livre, il y a beaucoup d'autres scènes de ce genre : c'est dommage qu'il n'y ait pas eu plus de contrastes, plus de rythme...mais une fois encore, tout cela par rapport à ma propre attente..bref, j'aurais beaucoup d'autres choses à dire pour exprimer un point de vue un peu différent de tout ce que j'avais lu jusqu'à présent.  Mais je vais finir sur du positif! les danseurs de l'opéra sont vraiment magiques, je vois beaucoup de danseurs de petits compagnies quasi inconnues, et ceux de l'opéra sont d'une qualité vraiment exceptionnelle  Cathy, j'ai revu le danseur qui avait attiré mon attention chez Bianca Li : il était à gauche, sur la scène, en deuxième position dans la scène des paysans : brun, pas très grand... et ce n'est pas Alessandro Carbone, avez vous une idée?Je vous sollicite une fois encore! merci d'avance...pour conclure : je suis malgré tout très contente d'avoir vu ce ballet : pourquoi? parce que la création est la vie de l'art : aimer ou non n'a finalement que peu d'importance face au geste créateur.Le goût personnel est de peu de poids face à la création artistique... donc je m'incline...


( NB 2009 Le danseur est Martin Chaix; sujet extraordinaire qui a récemment quitté l'opéra de paris pour aller danser dans une compagnie étrangère; quel dommage, je l'adorais!!!)

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 22:24

ligne_chat_3.gifJuste quelques mots pour vous dire que le blog se refait une santé! j'ai fait du ménage dans les catégories inutiles, j'en ai créé d'autres!  tout cela pour m'y retrouver moi même car le classement sur overblog n'est pas très pratique
Ainsi les danses du proche et moyen orient sont devenus les danseS orientaleS...
Les  catégories Guillem et Béjart ont été spécialement créées ( j'aime bien cette petite communauté : Noureev, Brice, Graham, Béjart et Guillem, je ne suis pas très originale dans mes goûts, mais je sais pourquoi je les aime tant!)
J'ai supprimé  " Sha-naga" qui n'était pas très utilie
J'ai aussi créé une catégorie lecture car je lis beaucoup sur la danse mais je n'en laisse aucune trace ( sniff!)
Du coup, je me suis rendue compte avec horreur que j'avais beaucoup parlé de moi ( 49 articles pour les Nâgas et mes états d'âme! pfff! il va falloir que ça change!)
D'autres sur qui je pensais avoir beaucoup écrit n'ont que 4 misérables articles!!!
N'empêche : 184 articles en trois ans, je suis contente : ce blog me sert de défouloir à écriture!!!

Devraient venir rapidement des articles sur  Isadora Duncan, si mal connu, sur le centenaire des ballets russes ( vous aurez ma vision, pas celle officielle qu'on trouve dans tous les journaux en ce moment) sur la Bayadère et le Lac des cygnes de Noureev, sur les danseurs de l'opéra de Paris qui me fascinent ( ils sont une bonne trentaine!) sur des dvd d'apprentissage de la danse ou d'entretien que j'utilise, sur mes cours de flamenco et ce que j'en ai compris pour l'instant!!! beaucoup à venir!
j'espère avoir le temps d'ici le printemps... oui, il y a la première bientôt, mais le spectacle est presque prêt, et les costumes aussi!!!

Voilà!

Merci de votre fidélité et à très bientôt!!

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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 12:13

               

Nosferatu, chorégraphie de J c Gallota, va être donné à l'opéra de Paris.

Un "plein feux" a été donné à l'amphithéâtre de l'opéra pour présenter cette oeuvre. Qu'est ce qu'un plein feux? C'est une répétition qui est donnée en présence du chorégraphe ou du maitre de ballet et des danseurs. Ces manifestations toujours passionnantes sont totalement gratuites!

Nosferatu racontera la vie du vampire à partir de son arrivée à Londres, pour retrouver celle qu'il aime et qu'il a perdu plusieurs siècles  plus tôt.

Gallota n'a pas voulu en faire un ballet narratif, mais plutôt présenter une oeuvre noire et underground où le vampire dansé par le génial José Martinez, actuellement  l'un des meilleurs danseurs de l'Opéra de Paris et du monde, aura plus d'une affinité avec les stars du rock : sexe, drogue, dérive...

 J C Gallota avait déjà offert ses Variations d'Ulysse, ballet tout blanc et lumineux, à l'opéra de Paris il y a plus de dix ans.

Il revient avec un ballet noir, sombre, sans décor, soutenue par la musique de Pascal Dusapin, compositeur contemporain en vogue aujourd'hui...

mon compte rendu complet le 9 mai!

plus d'info : www.operadeparis.com

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 10:16
grand jeté ciaravola  Suite de mes élucubrations sur le Casse Noisette de Noureev. C'est le seul ballet de Noureev que je n'ai encore jamais vu sur scène. Pourquoi?
Parce qu'enfant, je n'avais pas aimé le conte de Hoffmann que j'avais emprunté à la bibliothèque; il s'intitulait Casse Noisette et le Roi de Souris. Impatiente   de découvrir cette histoire, j'avais vite déchantée, car j'avais ressenti une sorte de malaise face à  récit confus, fouilli, à ce roi des souris qui mordait les pauvres soldats de plomb et les terrifait! Son récit était terrible!!! Déjà que le pauvre casse noisette avait été mis en pièce par le petit frère de Clara!! C'était trop pour moi!


( le grand jeté, c'est Isabelle Ciaravola!!!)


La version télévisée que j'avais pu voir quelques années après n'avait rien arrangé. ( Je crois que c'était avec Noella Pontois, mais je n'en suis pas si sûre!) Pas de danse,  trop de mime, qu'est ce que l'on  s'ennuyait ferme   le jour de Noel dans cette maison bourgeoise. Pire que chez moi encore, où les Noels avaient un goût bizarre de fête et d'amertume! Et ces cadeaux qu'on distribue aux enfants sur scène, pas vraiment réjouissants! La seule chose qui m'avait plu, c'était la fausse neige qui tombait sur scène...
Bref; Casse noisette a toujours été synonyme pour moi d'ennui, de famille barbante et de fouilli... mais finalement, c'est cela aussi Casse Noisette, sauf que je rêvais d'un autre ballet à l'époque!...

Il y a deux ans, j'ai pris des places, motivée par la présence de Nicolas Leriche et de L Pujol, mes deux idoles, dans les rôles titres. Cette année là,   le site de l'opéra offrait à ses internautes un calendrier de l'avent : chaque jour,    une petite fenêtre s'ouvrait à la date du jour  sur le monde enchanté de casse noisette et    sur les répétitions. j'adore voir les danseurs au travail! Ciaravolla y parlait des flocons, N Daniel y incarnait une étrange poupée pleine d'exotisme et de brio... on voyait Dorothée Gilbert avec son magnifique sourire...

Cela m'avait donné envie de le voir, en partie à cause de mon amour pour les danseurs de l'opéra de Paris. Malheureusement, les grèves m'ont empêché d'assister à cette représentation, et à la suivante ( je devais voir Gilbert/Legris)

Cette année, j'ai retenté ma chance mais là, à la dernière minute ( une demi heure avant la représentation pour être exacte) , c'est ma babysitter qui  n'est pas venue.... C'est donc un ballet maudit???

heureusement, quand on aime, on ne compte pas, et j'ai repris des places pour le  25 décembre  avec cette fois ci Dorothée Gilbert et M Ganio...

Entre temps, la télévision a diffusé l'intégralité du ballet ( capté il y a donc deux ans ). Myriam ould Braham et J Bélingard et une foule de danseurs  éclairent la scène de  leurs talents, telle l'extraordinaire Ciaravolla, que vous voyez en flocon, s'envoler  dans un prodigieux grand jeté

Là, bizaremment,  je me suis laissée prendre par ce récit d'où filtre une puissante mélancolie... c'est Noël, et Clara se réfugie dans le rêve  pour échapper  à une famille qui l'ennui, à un petit frère qui casse ses jouets, à des invités sans saveur... c'est cela le monde des adultes?  Où est leur part d'enfance?

Pourquoi ce revirement de ma part? Pourquoi ce désir tout à coup de voir absolument Casse Noisette que je fuis depuis 20 ans?  La raison en est simple : Noureev me manque! Ou comme le chantait Gainsbourg : " la nostalgie, camarade!!!"
Le niveau qu'il avait donné à l'opéra de Paris aussi. Je viens de visionner des ballets par le Kirov filmés récemment, il n'y a pas photo quand à la différence de niveau technique et d'engagement artistique entre l'opéra de Paris et le Kirov !!! le Kirov ressemble un peu à ce qu'était l'opéra de paris il y a quinze ans. Les danseurs y sont brillants, puissants et artistiques tout à la fois.  Mais au fait c'est vrai : 
 Noureev ne dirige plus l'opéra depuis 20 ans... cela fait toute une génération de danseurs. Ou sont les Guérins, Loudières, Maurin, Hilaire, Legris, Bélarbi qui ont fait les beaux soirs de l'ONP? Tous partis... il ne reste que Leriche, d'une certaine manière....
Quoi? 20 ans? déjà? mais oui, comme le chantait Reggiani : "le temps  a passé pendant que j'avais le dos tourné"

  Ould Braham n'est pas pour moi l'interprète idéale de Clara, malgré l'excellence de sa danse; en outre, elle est  ravissante,  crédible en toute jeune fille,  le tutu et le diadème lui vont à ravir, mais  alors, quoi, me direz vous?  Elle est si appliquée! si scolaire! Chaque pas est parfait mais on dirait qu'elle fait sa classe du matin... comme c'est dommage, elle a tout pour être une extraordinaire danseuse, il lui manque un petit grain de folie qui fait toute la différence entre la technicienne et l'artiste.
Heureusement, Bélingard lui insuffle de l'humanité, de la chair, si je puis dire;  on dirait   Orson Welles dans le rôle de Mr Rochester, il a le même sourire carnassier! Cela  fait un couple bizarre, avec une ballerine très classique, et un danseur de caractère, félin, mais dont le travail des pieds n'est pas toujours très propre;  les jambes tremblent un peu, c'est un peu brouillon!!! Mais ça vit! et cela contrebalance le côté trop sage de Clara.
 Artistiquement, ce prince version Bélingard est sacrément sensuel,  il dégage une espèce d'animalité que j'ai rarement vu  et qui est dans ce type de rôle tout à fait inattendu. Il  fait voler en éclat les princes propres et lisses version J Martinez, par exemple,  toujours parfait! Quand à son interprétation de    Drosselmeyer, il y montre  un charisme de grand acteur shakespearien!! j'adore Bélingard!

danse-arabe-2.JPGFrance 3 m'a aussi permis de voir mes deux autres idoles, Karl Paquette et S Romberg, étonnante elle aussi, car tellement atypique. Romberg n'est pas une ballerine pas plus que Bélingard n'est un danseur classique; ce sont deux personnalités très fortes, charismatiques. Ils feraient merveille au   Bolshoi que j'ai vu il y a trois ans ; les danseurs s'investissent tous sur scène mais   les cinquièmes ne se ferment pas à temps, les receptions se font comme elles peuvent! Il y a l'énergie, le plaisir, au détriment d'un travail de placement, de propreté "' si école française" d'autrefois ( et que bizarement Ould Braham possède parfaitement! à croire que maintenant à l'opéra on a l'un ou l'autre!!!  ou de belles ballerines trop lisses, ou des danseurs de caractère qui négligent un peu la précision et la propreté des pas classiques, Leriche mis à part. Ah, Noureev, si tu étais là, tu insufflerais un peu de ton âme slave à la délicieuse M Ould Braham!!!)

Pour Romberg, par exemple, on ne l'imagine pas trop en Odette, la princesse cygne du    lac des cygnes, mais elle transcende son rôle de danseuse orientale dans casse noisette et offre avec Karl Paquette un duo oriental  séduisant, puissant, qui  devient l'un des grands moments du ballet avec la scène des flocons!

Voilà si tout va bien, je découvrirais donc sur scène ce Casse noisette le 25 décembre; beau cadeau! et même plus que cela, véritable clin d'oeil!!!
J'aurai évidement une pensée pour Noureev et son tombeau, actuellement recouvert de neige...
Sait il, là ou il est,  que des coeurs ardents, comme le mien,  pensent encore à lui et à ses ballets 17 ans après sa mort??? je l'espère, et puisque c'est Noel, bientôt, j'en profite pour lui dire qu'il me manque, et que j'espère qu'il brille toujours autant au milieu des étoiles... ( à mon avis, il a dû apporter beaucoup de vie, là où il est!!! beaucoup de passion russe!!!)flocons.JPG
 
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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 20:32

 http://www.kirikoo.net/images/7Brunehilde-20091215-213552.jpg

  

"C'est comme dans Pétrouchka, disait Noureev, la vie s'écoule au dehors, bruyante et joyeuse, et à l'intérieur du petit théâtre de foire - dans l'univers clos de la boîte - se joue un drame intime."  


Casse noisette, conte de Noël?
C'est plus que cela... il y a une profondeur, une mélancolie dans l'oeuvre de Noureev qui l'éloigne des versions bêbêtes données par les autres compagnies.

C'est déjà une partition d'une envoûtante beauté, où les mélodies tour à tour enchantent, ensorcèlent ou bien attristent .
L'émotion, dans Casse noisette, c'est déjà les voix, les instruments qui s'associent et se répondent plein de gaité ou de   larmes. Casse noisette est traversée par un souffle magistral, gigantesque, et tellement russe...
Les sons de la fée Dragée  déposent leurs givres sur les arbres   dénudés que le gel a blanchi... la valse des flocons de neige virevolte sur un paysage qui disparait peu à peu, engloutis dans le silence blanc,  les contrebasson, basson, clarinette graves boisent  ces paysages profonds et mélancoliques où frémissent les cordes et les voix d'enfants, qui un jour, peut être, seront vieux...
 profondeur, tristesse, poésie, candeur.. tout est là, dans ce    pays imaginaire, ce pays du jamais jamais,   où l'on va quand on est enfant triste...
Alors on fait surgir des hordes de rats qui se battent contre des soldats de bois, un casse noisette vous emporte dans un pays de neige où se dessinent les  poétiques silhouettes  des grands angesde pierre qui veillent sur  des temps révolus, on regarde émerveillée les créatures s'animer...est ce qu'on y croit vraiment? est ce qu'on fait semblant?    quand la famille réapparait au milieu de ce pays du jamais jamais, le rêve devient épouvante et il faut s'en protéger...

 

Le drame intime dans le conte d'enfant... Si Noureev l'a mis avec tant de simplicité touchante, mais tant de force aussi,  c'est que ce drame le touche de près
Il vit loin de sa Russie, de ses neiges, de sa famille... de sa mère.

Clara, l'enfant,  n'est comprise que d'un seul des adultes invités au reveillon de Noel. Son bizarre oncle, Drosselmeyer, qui lui offre le casse noisette; ce seul adulte, un tant soit peu interessant et aimant  devient prince pendant le sommeil de Clara; ensemble, ils découvrent lepays du jamais jamais, loin de l'intimité de la maison sombre où l'on fête Noël, et de ses invités qui respirent l'ennui... tout comme Peter emmenait avec lui Wendy et les enfants...

La valse des flocons de neige restitue à elle seule toute l'âme russe :  Noureev   avec son fantastique costumier et décorateur Georgiadis, a su    mettre en scène cette valse en lui donnant une poésie que je n'ai vue dans aucune autre production  : soit les flocons sont ridicules, soit les décors sont ridicules - ou pires les deux ( flocons affublés de gros pompons blancs qui gênent les danseuses, rose bonbon des décors, coiffes de mauvais goût, arbres recouvert de fausse neige qui font pitié!  - soit la chorégraphie est bêbête...
là, c'est le grand hiver russe, poétique où l'on devine l'ombre   de Snegourotchka, dans ce pays du jamais jamais où rien ne blesse, ou tout est immense et blanc...

Le casse noisette de Noureev redonne toute sa place à l'enfance et au monde de l'enfance... celle où les ombres de l'angoisse se profilent et sont tenus en échec par le monde imaginaire, le monde de Noël où il est permis de croire que tout ira bien, que tout est possible....

à suivre

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 09:43

Et oui, je reprends ma plume une fois de plus pour Guillem; les articles que je m'étais promis d'écrire en septembre sont toujours dans ma tête et pas sur le papier et devront attendre encore un peu; en revanche, impossible de ne pas écrire quelques mots sur Guillem, ce matin... cet artiste unique qui me fascine et m'a donné mes plus grandes émotions artistiques depuis 1983...
Par le plus grand des hasards, j'ai appris qu'un nouveau dvd était consacré à Guillem réalisé par  Françoise  Ha Van qui a déjà signé plusieurs reportages ou films sur elle.
Sans même réfléchir, sans même savoir ce qu'il y avait dedans;  j'ai tout de suite commandé le dvd. Celui-ci retrace en grande partie la création sur deux ans d'un nouveau projet de " danse théâtre"
Guillem qui avait déjà sollicité Russel Maliphant et Akram Khan pour travailler avec eux ( elle voulait que Khan lui apprenne le kathak)  a   demandé à R Lepage, homme de théâtre dont le nom m'était totalement inconnu, decréer quelque chose avec elle. Elle avait été voir un de ces spectacles et  à l'issu d'une représentation, elle a pris son courage a deux mains et a été lui parler. Celui-ci a cru au début que c'était une demande de courtoisie, jusqu'à ce qu'il comprenne rapidement que Guillem fonctionne au coup de coeur et pas autrement

Va donc commencer entre Maliphant, Lepage et Guillem un travail assez extraordinaire car réalisé à quatre... le quatrième étant le génialissime Michael Hulls qui s'occupe des lumières. ( Choc visuel au théâtre du châtelet il y a quelques années face à l'une des ces pièces où deux hommes dansent dans des puits de lumière)
Quand on voit une pièce de Maliphant, on est saisi par la lumière intimement lié au mouvement
D'ailleurs, dans le documentaire, Lepage dit : " on dit que les danseurs travaillent en musique, pour Maliphant, c'est faux, il travaille avec la lumière"

Le thème retenu est celui du   chevalier d'Eon, qui va se croiser avec le danseur de théâtre japonais qui tient des rôles féminins, l'onnagata : d'où le titre : l'Eonagata. Là aussi, cela me ramène à ce travail extraordinaire de ces hommes de théâtre japonais capables d'être totalement des femmes sur scène. Baush s'en étonnait : " comment peuvent ils connaitre aussi intimement ce qu'est une femme?" se questionnait elle
Ce thème convient d'autant mieux à Guillem qu'elle réalise sur le plan de l'énergie le féminin et le masculin : elle a une force, une puissance, une maitrise de son corps incroyable, et en même temps, le mouvement peut être fluide, ondoyant, délicat, sensible... physiquement, elle a quelque chose d'androgyne, mais quand ses cheveux dansent, c'est la féminité même...

Le documenaitre de F Ha Van suit donc toute la création ( Lepage vit principalement au Canada) de cette étrange pièce, et entremêle d'autres instants de la vie de Guillem : ses galas au Japon, ses visites d'un artiste potier japonais,  Venise, les jardins de Versailles, bref, pleins de moments, parfois filmé platement, parfois plus interessant

A la fin du dvd, un régal pour moi : plein de bonus de Guillem en répétition avec Leriche, Hilaire, entre autre ; elle a pris soin d'en choisir certains où l'on voit vraiment le travail, les petites " erreurs"  qui peuvent survenir dans les pas de deux, et commente le tout avec beaucoup d'humour et de simplicité. Ainsi les fous rires partagés avec Hilaire, qui choquaient tellement les répétiteurs que ceux ci parfois quittaient la salle de répétition!

Bref, j'éteins ma télé et me précipite sur internet pour savoir qui est R Lepage et le fabuleux A Mcqueen qui signe les costumes ( alors lui, il met le tissu  sur le dos de Guillem et Maliphant, il coupe autour, met des épingles... et c'est génial!!!! arghhh!! il y a des gens, ils sont vraiment doués!!!)))


Et alors là : la foudre a fait un étonnant vacarme dans ma tête! je me suis rendue compte que R Lepage était mon dernier coup de foudre artistique!
Grâce à Arte ( merci à elle) j'avais vu il y a environ deux mois un film intitulé la face cachée de la lune ( est ce un clin d'oeil au dark side of the moon des Floyd?)
Film bouillonnant d'idées, d'humanité, de poésie, de souffrance, de modernité, d'humour,  de solitude, de tous un tas d'ingrédients qui fait que l'être humain est ce qu'il est au quotidien, petit et sublime tout à la fois
Bref, je n'ai pas arrêté de parler de ce film à qui voulait m'écouter ( mes chats,donc, quand mon compagnon en a été gavé)
Réaliser en une seconde que ce R Lepage est cet homme là que Guillem est allée chercher était comme un clin d'oeil!
Je suis ensuite allée visionner la bande annonce sur le site du théâtre du Sadler's à Londres, et j'ai été époustoufflée par la beauté de ce que j'ai vu....
Eonnagata est à la croisée du monde du théâtre, de la lumière, de la danse... spectacle d'art total comme j'en rêve depuis mon enfance; spectacle qui rend le spectateur intelligent, car le propos est simple, mais les idées multiples que chacun est libre de réinterpréter : c'est cela, le spectateur donne le sens, comme il le fait chaque jour en regardant le monde, suivant la vision des tantristes...

Bref...

Guillem, dans l'art de provoquer les rencontres, dans sa prise de risque constante, montre tout le courage qu'elle porte en elle, et son besoin absolu de renouvellement, ( trait commun des artistes qui sont des génies et ont une capacité de travail hors norme, tel  P Boulez qui dirige rarement deux fois dans sa vie la même oeuvre...)
Elle pourrait continuer à danser de part le monde des rôles qu'elle a bien rodés et que le public aime : non!
Elle cherche, elle s'associe, elle s'abandonne, elle provoque, elle fait confiance, et elle meurt de peur : c'est visible dans le reportage, elle le dit sans cesse...

Voilà, j'ai donc raté Eonnagata à Fourvières cet été, et il y  a peu à Chalon en champagne
Il va falloir que j'attende que le spectacle passe à Paris à des prix exorbitants ( c'était 23 euros à chalon)
Ce ne sera pas avant décembre 2010 je crois.... rendez vous donc l'année prochaine!

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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 07:27

  Aujoud'hui, critique et analyse d' Errand into the maze, demain et les autres jours, les autres oeuvres.

L'évènement est de taille, car la compagnie n'était pas venue à Paris depuis plus de dix ans... elle a même failli disparaitre complètement pour des raisons de successions de droits d'auteur... quand les artistes disparaissent, les chacals apparaissent, et de leur vivant, les auteurs n'ont pas toujours légué leurs oeuvres à qui s'en chargera le mieux
Bref, la compagnie a pu récupérer oeuvres et droits,  ( le procès a duré 8 ans et est même devenu un cas d'école) mais entre temps elle a vendu le batiment qui l'hébergeait; elle loue  à présent ses studios de danse pour son école et ses répétitions...
Mais revenons au programme, ambitieux car sur six jours, pas moins de trois programmes différents sont proposés au théâtre du Chatelet.
J'ai assisté au premier programme qui réunissait plusieurs oeuvres, dont certaines déjà vu en 1992 à l'ONP

Il s'agit de Errand into the maze, de Cave of the heart, de Diversion of angels, lamentations variations et enfin Mapple leaf rag, une production qui s'étend donc de 1930 à 1990.


 

Tout d'abord Errand into the maze ( 1947)
Graham, à 53 ans,  s'empare du mythe du labyrinthe et d'Ariane, ainsi que du minotaure. C'est son compagnon Eric Hawkins, qui a étudié les mythes grecs à l'université qui la sensibilise à cet héritage européen mais universel.  Le propos "psychanalitique"  interesse  Martha Graham plus que "l'histoire". Elle a ce génie de mettre  directement en lumière l'essence du mythe, sans passer par une mise en scène habituelle. IL n'y a donc sur la scène qu'un duo. Pas de Thésée.
Le Minotaure, les bras liés à un bâton,   danse puissamment. Il est une force aveugle qui ne pense pas. Dès le début de l'oeuvre,  Ariane serpente sans cesse, elle alterne grands battements seconde, comme autant de points d'interrogation, avec une liberté de gestes et une inventité toujours renouvelées.
Le labyrinthe,  - inconscient de l'humain -   emprisonne Ariane et son Minotaure, qui apparait, disparait au gré de ses angoisses,  de ses peurs, de ses joies aussi; et du désir qui  submerge Ariane et l'embarasse tant il est violent, entier.  Parfois elle   repousse le Minotaure, parfois il la terrasse, à la fin,  elle s'en libère et retrouve une joie de vivre...
 
Comme pour bon nombres de ses oeuvres, c 'est Isamu Noguchi qui a réalisé décors et costumes, sobres mais qui participent activement à la chorégraphie. Il y a une corde qui serpente sur le sol, un dispositif de fil tendu très aérien sur le côté de la scène, et une sorte de porte étroite qui se dersse, tel un rempart et un passage symbolique.
Au début de l'oeuvre,  la corde délimite le chemin sur lequel erre Ariane, puis elle dessine son propre labyrinthe  avant de devenir  les noeuds que se tisse l'humain. Ariane la nouera sur la porte, dressant ainsi une fragile protection   contre l'angoisse. Enfin le fil qui permet de sortir de son propre labyrinthe.
La corde revient aussi dans la chorégraphie " the cave of the heart"
La musique de Menotti accompagne l'oeuvrre ; Graham a toujours choisi des musiques puissantes, parfois assez  dramatiques mais qui servent son propos. Elle s'est toujours tournée vers des compositeurs de son temps. 
On assiste donc a un duo servi ce soir là par deux danseurs aux qualités expressives exceptionnelles, l'excellente Blakeley White Mcguire, et Lloyd Knight.
J'ai remarqué que comme pour bon nombre d'oeuvres chorégraphiques ou non,  celles de Graham prennent leur sens suivant le potentiel de l'interprête...

Blakeley est une interprête grahamienne de rêve : elle est son personnage, elle ne le quitte à aucun instant, elle lui donne ses émotions, sa chair. Charismatique, elle maintient par sa seule présence l'attention du spectateur. Dans son rôle de Minotaure, Lloyd est hiératique plus qu'animal. Il semble qu'on ne puisse lutter contre lui, et pourtant, il s'évanouit parfois comme un cauchemard... il est comme l'obsession qui   assiège mais qui n'est rien d'autre qu'une idée.

Graham mène son propos psychanalytique sans lourdeur, sans forcer le trait. Elle ne croyait pas en la " beauté du geste pour la beauté", ni en ce que le geste devait être " comme issu des mouvements de tous les jours"
C'est sûrement dans cette chorégraphie qu'on comprend le mieux sa pensée. Les gestes, les mouvements semblent directement insufflés par la pensée, par les émotions, sans répondre à une forme ( comme en danse classique) sans s'appauvrir jusqu'à devenir usuel comme chez Laban par exemple qui sera suivi par toute une école de pensée chorégraphique

Le corps reste l'outil par lequel s'exprime l'être humain tout entier, englobant ses forces inconscientes, ses pensées, ses sentiments, ses émotions, surtout dans les solos féminins.
 
Cette chorégraphie est intemporelle. Elle pourrait tout à fait avoir été créée de nous jours.
Elle rend bien terne nombres de créations actuelles sur la même thématique. Elle est un tout, car décor, costumes, musique, gestuelle, tout a un sens, tout est pensé, tout est cohérent. Elle n'est pas prétentieuse comme peut l'être une certaine danse contemporaine d'aujourd'hui, car le geste vient du plus profond de l'être humain.
bref, une oeuvre éclairée, créée par une femme intelligente, visionnaire et profondément humaine.


Suite du compte rendu " Graham à Paris" dans de prochains articles

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9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 16:25

  Quel magnifique moment de danse et de musique, le ballet d'Andalousie nous a offert là!
Chaleur, émotion, variété, talents, tout était là pour nous emporter dans ces " romances gitanes" où évoluent des personnages au destin souvent tragique!

Tout d'abord, saluons la qualité tant des danseurs et danseuses que des musiciens, exceptionnels. Ils accompagnaient les danseurs sur scène, mêlant les rythmes, les chants, les sons de guitare aux tragédies ou romances qui se déroulaient sous nos yeux.

Les voix de Fabiola, Vicente Gelo et Miguel Rosendo étaient puissantes, chacune avec son timbre bien particulier ( de la rocaille pour Fabiola, chaude et profonde pour les deux garçons) Elles apportaient à ces récits une émotion palpable. Quand aux guitares  de Andrès Martinez ou Rammon  Amador, soutenues par la percussion de Roberto Carlos Jaen, elles modulaient leurs accents, leurs sonorités et étaient capables de mille nuances.
A cela il faut ajouter cette science que sont les Palmas, ( frappes de mains qui superposent parfois 4 lignes de rythme différentes) auxquelles parfois s'ajoutaient les martèlements des cannes des hommes.

Côté danseurs, la troupe de 13 artistes est homogène et les personnalités sont variées et attachantes
Plusieurs danseuses se sont exprimées dans de magnifiques et parfois tragiques ou sensuels solos ou duos ( La luna, Préciosa, La Nonne, la femme infidèle). Ces danseuses s'expriment elles aussi a travers de très nombreuses nuances, qui va de la violence à la plainte la plus absolue ( Cristina) en passant par la sensualité, la féminité, la légèreté, les pleurs, les cris, la tendresse, l'amour, la compassion...

Les garçons ne déparent pas à côté de ces danseuses, notamment l'extraordinaire  Mariano Bernal...!


Les costumes simples mais variés permettent des tableaux constratés sur scène pendant que les musiciens et chanteurs sont rassemblés devant un brasero, adossés à des barbelés, frontière qui marque la différence de ce peuple gitan

Neuf romances sur les  dix huit  écrites par Lorca ont été choisies :  ainsi, l'on voit Lune ( photo ci dessus) consoler un enfant malade et partir avec lui,  Précieuse que le vent violente  tel un faune brutal, qui pleure et qui gémit,  les Nonnes,  prisonnières de leurs habits, qui rêvent d'improbables amants,  les règlements de compte qui laissent des veuves éplorées,  l'épouse infidèle,  aguicheuse à souhait et sans scupule,   Antonito el Camborio, pétillant de vie, arrêté, torturé puis assassiné,   la garde civile espagnole,  qui met à feu et à sang la ville gitane, ses femmes et ses enfants,  Soledad, la romance de la peine noire...
Et puis Cristina qui joue des castagnettes avec un doigté d'une préicision et d'une douceur telles que l'on croit vivants   ces deux petits morceaux de bois : insectes étranges qui chanteraient en leur langue, musicale et rythmique
tout une farandole de personnages simples, attachants, tragiques parfois sans le savoir, dont les peines  aussi profondes que les joies  palpitent à chaque instant dans cette langue aux accents rauques, que soutiennent les guitares et les palmas...

j'aimerai revoir ce romancero gitano
j'aimerai entrer plus profondément encore dans ce monde de gitans...
j'aimerai réentendre les guitares, les chants et tous ces rythmes qui s'enchevêtrent, se mélangent, s'affrontent sans se perdre
car le flamenco est une affaire d'émotions, d'expressions et de rythme : il est là, entier, savant, travaillé, exubérant, mais il coule comme une évidence...
Bref, en un mot, j'aimerai revoir une seconde fois ce spectacle fait avec un engagement total, où l'art est simple comme la vie....


 
 préciosa  la mort d'antonito



les photos sont issues du site : www.deflamenco.com

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