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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 16:20
Photo Laurent Philippe

Photo Laurent Philippe

 

 

Paquita, ballet bavard et un peu creux, est devenu  par la magie de ses interprètes et du corps de ballet, une œuvre réjouissante, poétique, enjouée, et complètement enthousiasmante au dernier acte  ce lundi 4 mai 2015 ! Quelle apothéose ! Miracle rendu possible grâce à  un Karl Paquette  radieux et  une Laura Hecquet inspirée : leur complicité, leur sens du théâtre, leur générosité en scène, leur  art de la narration accomplie a transformé un ballet primesautier et sans grande profondeur en une véritable œuvre d’art.

Ces deux magiciens  nous ont promenés dans cette histoire abracadabrante sans qu’un seul instant on se demande s’il fallait la croire ou non !   

 

Comment décrire toutes les nuances et subtilités que Laura Hecquet possède au-delà de ce qu’on aurait cru possible ?  La technique ? On l’oublie, tant  tout coule de source quand elle danse : elle scintille, elle brille, elle s’envole, elle tourbillonne, elle s’amuse, elle rêve, elle taquine, elle protège, elle aime… avec une telle facilité, une telle aisance, qu’elle parvient même à dire plusieurs choses en même temps. Dès son entrée en scène, on ne la quitte plus des yeux. Sous  la facilité, la légèreté, la précision de sa danse, se cache une puissance vertigineuse et une virtuosité qui jamais n’est étalée au grand jour. Le moelleux de ses pliés, la grâce suspendue de ses équilibres, la souplesse de son buste et de ses bras,  la force de ses pieds et de ses jambes qui donnent à ses fouettés légèreté, ampleur et poésie,  en font une « prima ballerina  absoluta ».  Son art n’apparaît pas, n’est pas étalé, ni démontré : il transparaît.

Et puis quel bonheur de découvrir chez Laura des dons de comique, ce qu’aucun des rôles qu’on lui avait confiés jusqu’alors ne pouvait laisser présager… on rit de ses facéties et de ses «  réparties » au premier acte, - elle n’a pas sa langue dans sa poche mais taquine, agace, sans la moindre once de vulgarité, et on s’émerveille de son sens de l’à-propos au second acte ; on l’imagine très bien en Ballerine dans le Concert de Robbins ; d’ailleurs on l’imagine très bien en tout : Juliette, Manon, Giselle, Raymonda, tout lui irait… le ballet a de ces temps de pause pendant lesquels on continue à voir Laura danser tous ces rôle au lieu de regarder le corps de ballet faire passer le temps… Avec Laura, Paquita devient un vrai personnage, amusant, attachant, vif, et profond… oui, assurément, du grand art !

Photo IK Aubert

Photo IK Aubert

A ses côtés, Karl Paquette, Lucien D’Hervilly au grand cœur, donne la réplique à Paquita avec spiritualité (ce qui n’était guère de cas de Inigo ce soir là, qui n’avait que quelques mots de vocabulaire prononcés brutalement et  sans verve ni énergie !)  Sa blondeur, son élégance sont déjà un atout pour ce personnage raffiné qui, aux côtés de Laura  est tellement  galvanisé que  sa danse   prend feu :   énergie, brillance, fantaisie, prouesse, Karl Paquette s’est surpassé et il semblait tellement heureux de danser que son plaisir était contagieux !

Les pas de deux avec Laura Hecquet  étaient un régal de drôlerie, de poésie, d’intensité… 

 

Pour le troisième acte,  le corps de ballet a composé un écrin de premier choix aux deux protagonistes : tout le monde semblait vouloir donner le meilleur de soi même ce soir là, et les pointes étaient affutées comme des couteaux, les petits pas étaient ciselés comme par un orfèvre, et tout la belle technique classique était déployée et étalée comme l’argenterie et le cristal de  la vaisselle des grands jours dans un château… comme Pierre Lacotte devait être ravi !

Un mot supplémentaire  sur les deux officiers Daniel Stockes et Jean Loup Quer qui dansaient avec panache !

 

 

On serait injuste d’oublier les adorables enfants de l’école de danse, parfaits et frais dans leur  Polonaise, aux figures tarabiscotées.

Et tout aussi injuste  d’oublier le chef  Fayçal Karoui qui a su insuffler à l’orchestre des lauréats du conservatoire de la poésie  et beaucoup de tenue. Que demander de plus à une musique composée par l’obscur Deldevez à laquelle Minkus a rajouté ses propres mesures ?

 

 

A lire  : portrait de Karl Paquette écrit en 2009, lors de sa nomination

 

A Lire : portrait de Laura Hecquet, écrit lorsque Laura était   sujet, en juin 2014

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