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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 08:49

 

 

Pour la deuxième année consécutive, Mahina Khanum, danseuse d’odissi résidant à présent à Paris, organise un festival autour des danses indiennes intitulé  Mouvement Emouvant.

Cette initiative est doublement à saluer, d’une part, pour l’ampleur et la générosité du projet  sachant que ce festival ne bénéficie d’aucune subvention, deuxièmement, pour la merveilleuse possibilité d’avoir une programmation passionnante sur une dizaine de jours qui regroupe journée d’étude, projection de film, visite guidée au musée Guimet, spectacle, et ateliers autour de la musique et de la danse indienne.

Hier, le festival s’est ouvert par une émouvante visite au Musée Guimet,  préparée avec Mahina Khanum et commentée par Tiziani Leucci danseuse, anthropologue, chercheur au CNRS.  Nous avons sillonné au milieu des sculptures, en remontant le temps…  lorsque l’on sait l’importance que le musée Guimet a eu sur le destin de bien des femmes, comme  Mata Hari ou  Alexandra David Neel, l’émotion est forcément au rendez-vous. Comme elle l’est plus encore en voyant gravées dans la pierre depuis plus de dix siècles, des danseuses qui témoignent d’un art toujours relié au divin.

Dès  demain lundi 18 avril, commencera une journée d’étude à l’INALCO. Cette journée sera consacrée à l’histoire des pratiques chorégraphiques indiennes en Frnace, depuis les années 1920 et  aux interprètes féminines des styles Bharata Natyam et Odissi. La parole sera donnée aussi bien aux chercheurs qu’aux artistes, pédagogues et chorégraphes.

Cette journée est gratuite, il suffit de réserver sur ce lien.

 

Le mercredi 20 avril –  vous pourrez assister à une projection débat à 20h30, au cinéma La Clef, 34 rue Daubenton 75005 Paris.
Sera diffusé L’œil au-dessus du puits, de Johan Van Der Keuken (1988)
Le débat sera ensuite animé par Annette Leday, interprète de Kathakali (théâtre dansé du Kerala), chorégraphe et metteur en scène.
Tarif : 6,5 € sur réservation en ligne auprès du cinéma 

 

 

Le vendredi soir  22 avril, dans le ravissant Théâtre Adhyar, un spectacle présentera dès 20h plusieurs styles de danses indiennes. En voici le programme succint :

  • Mohini Attam (Brigitte Chataignier),
  • Kathakali (Karunakaran),
  • Sattriya (Meena Kanakabati),
  • Kathak (Isabelle Anna),
  • Bharata Natyam (Tarikavalli),
  • Odissi (Mahina Khanum)

 

Je vous invite à visiter cette page qui présente ces artistes.

 

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Le week-end qui suivra – 23 et 24 avril - proposera douze ateliers dont voici le programme

 

 

Programme des ateliers de danses et musique


Studio Biped : Micadanses, 16 rue Geoffroyer l’Asnier 75004 Paris
Studio May B : Micadanses, 15 rue Geoffroyer l’Asnier 75004 Paris
Centre de danse Alésia : 119 av. du Général Leclerc 75014 Paris

 

Samedi 23 avril
10h00 – 11h00 – Initiation aux mudras (gestuelle indienne), studio Biped
11h00 – 12h00 – Initiation aux rasa en musique, studio Biped
12h15 – 13h45 – Bharata Natyam (Tarikavalli), studio May B
14h00 – 15h30 – Mohini Attam (Brigitte Chataignier), studio Biped
15h30 – 17h00 – Sattriya (Meena Kanakabati), studio Biped
17h00 – 18h00 – Yoga pour danseurs (Valérie Beck), studio Biped

 

Dimanche 24 avril
10h00 – 11h00 – Yoga pour danseurs (Valérie Beck), Studio May B
11h00 – 12h30 – Kathakali (Karunakaran), Studio May B
12h30 – 14h00 – Kathak (Kali Chandrasegaram), Studio May B
14h00 – 15h30 – Chant carnatique (Bhavana Pradyumna), Studio May B
15h30 – 17h00 – Odissi (Mahina Khanum), Studio May B
17h30 – 19h00 – Approche contemporaine du Kathak (Kali Chandrasegaram), Centre de danse Alésia

 

J’aurai le plaisir d’animer les deux ateliers de yoga qui vous permettront de préparer puis d’intérioriser votre pratique :   corps,  souffle et  esprit  seront sollicités en douceur ; les ateliers sont ouverts à tous et ne demandent aucun pré-requis.

 

A noter des ateliers assez rares, comme l'initiation aux rasas qui sera illustrée par un sitariste pour permettre d'entrer dans la musique indienne et ses saveurs, et des ateliers autour des styles Mohini Attam ou Sattriya, très peu connus en France
Les ateliers de Kathak auxquels j'ai déjà participé sont animés par Kali qui a une approche très sensible et très artistique de son art
Quand aux mudras, la gestuelle indienne, permet tout de suite d'entrer dans cet imaginaire ou dieux, émotions, sentiments, végétaux, idées, animaux se côtoient dans une évocation aussi puissante que poétique!

 

Je vous invite de tout cœur à nous rejoindre, à venir écouter, sentir, danser, chanter, vous émerveiller, apprendre, entrer au cœur de cette tradition indienne aux multiples aspects qui n’a pas fini de nous émerveiller, de nous surprendre, et comme le dit si joliment le titre du festival, de nous émouvoir !

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Voici les liens pour le festivalCLiQUER ICI

 

Et voici la page facebook du festival : CLIQUER ICI

 

Pour réserver directement : CLIQUER ICI

 

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 09:16
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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 19:50
Festival danses indiennes- mouvements émouvants- stage odissi Kathak
~~Festival mouvements émouvants – Danses Indiennes – Mars 2015

Je n’ai malheureusement pas pu assister à la conférence de Tiziana Leuci - mais je mets un lien vers une video d’une de ses conférences au musée du quai Branly - ni au spectacle de ce festival qui rassemblait cinq des 8 styles classiques indiens ; mais j’ai pu faire deux stages, l’un de kathak et l’autre d’odissi que je commente ici.

Stage de Kathak donné par Kali.

Kali à la stature imposante et charismatique qui évoque tout de suite les maîtres de kathak que j’ai vus en video, comme Pratap Pawar, maître d’Akram Khan, a commencé par un échauffement doux, avant de proposer quelques mouvements séparés que les stagiaires ont ensuite appris un par un avant de les enchaîner : tout de suite, l’impression de danser était là ! Puis il a affiné le travail avec des mudras (gestes des mains), une frappe de pied simple, et l’apprentissage des tours, l’une des figures les plus spectaculaires de ce style : les stagiaires les ont ensuite effectués en diagonale pour leur donner plus d’ampleur. Enfin, il a initié les stagiaires à la narration, en leur demandant de mimer un orage, une fleur, la pluie, un éclair, un aimé que l’on voit de loin et qui ne nous remarque pas. En peu de temps, il a montré l’éventail de cette danse de cour très rythmée, virtuose par certaines de ses figures, en mettant les participants parfaitement à l’aise. Encourageant, d’une très grande gentillesse, il a permis à chacun de trouver du plaisir à la danse en peu de temps, et surtout d’ouvrir à l’intérieur de soi tout un monde de poésie et d’émotion. Cette immersion dans le kathak s’est achevé en apprenant cette façon spéciale du suspendre une phrase en deux temps ; ponctuation à la fois vive, précise et poétique, posée comme un point d’exclamation ou d’interrogation et qui donne à la danse de la grâce et de la majesté. Un grand merci à cet artiste, qui est un homme de cœur et d’émotion… j’ai eu un vrai coup de cœur pour son stage et suis prête à recommencer.

Festival danses indiennes- mouvements émouvants- stage odissi Kathak

~~Stage de découverte du style Odissi avec Mahina Khanum

Suivait le stage de Mahina qui a initié les stagiaires aux deux postures de base que sont le chouka et Tribangha avant de passer dans ces mêmes postures à des frappes simples afin d’apprendre à dissocier tête, buste et bassin; un fragment de chorégraphie a ensuite été étudiée : sa superbe marche d’introduction donne aussitôt l’impression que l’on est une statue de pierre descendue d’un des temples de l’Oriya qui prend vie. C’est assez magique et grisant et tous les stagiaires ont ressenti ce quelque chose de si spécial à l’Odissi : la prière n’est pas loin. Tenter de reproduire ce que fait Mahina est toujours un grand bonheur car son placement est si beau et précis, sa danse, si habitée, que l’on se sent tout de suite inspirée en tentant de l’imiter. Un percussionniste accompagnait son stage. Il avait transformé l’une de ses percussions en pakhawaj, n’en possédant pas encore, car pour l’heure il perfectionne son « tabla » six mois par an en Inde. L’instrument sonne à la fois clair et puissant, les rythmes sont d’une grande précision et d’une grande subtilité et l’énergie de la percussion se communique directement aux danseurs qui sont littéralement soutenus et ont des ailes en dansant. Pour avoir improvisé souvent en danse orientale, et pour avoir pris des cours de darbouka, appelé tabla en Egyte, je dois dire qu’on ne ressent pas du tout la même chose avec cette percussion: elle est plus lourde, plus terrienne ; si elle aide à s’ancrer dans la terre, elle incite avant tout à la danse mais sans donner ce souffle incroyable que l’on ressent en écoutant la percussion indienne ; le Pakhawaj transmet directement son énergie au corps, ce qui permet d’aller au-delà de sa condition physique ; on ressent alors une une sensation volupteuse de faire corps avec les rythmes et les phrases…. Une véritable révélation !

Pour la conférence de Tiziana https://www.youtube.com/watch?v=3Js6DQTgR78

Pour avoir un compte rendu complet de ce festival : http://jriou.org/blog/2015-04.html

Pour lire la présentation de ce festival : http://www.shabastet.com/archive/2015-03/

Dans l'onglet Odissi, vous trouverez d'autres articles sur ce style de danse classique indien.

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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 20:29
Festival de danses indiennes 28 et 29 mars 2015- Paris

Festival Mouvements émouvants –

Les danses indiennes à l’honneur –

28 et 29 mars 2015

Festival de danses indiennes 28 et 29 mars 2015- Paris

Ce week-end se tiendra pour la première fois en France un festival uniquement dédié aux danses classiques de l’Inde.

Organisé par mon professeur d’Odissi pour laquelle j’ai une profonde admiration, il regroupera le temps d’un week-end, différents artistes et professeurs qui donneront des stages et participeront à un spectacle.

Une conférence le samedi à 18 heures, 116 quai de Jemmapes, donnée par Tiziana Leucci, chercheur au CNRS, permettra au public de découvrir ces danses classiques indiennes très peu connues hormis le Baratha Natyam et un peu le Kathak ( découvert en France grâce au magnifique film de Satyajit Ray : le salon de musique).

Festival de danses indiennes 28 et 29 mars 2015- Paris

Cette initiative est hautement louable car 6 des 8 styles classiques indiens seront présentés au cours d’un même week-end en France : tous ont la même base, le Natya Shastra qui est un traité ancien de danse rédigé entre le II avant et le II siècle après notre ère.

Ces danses ont en commun d’être à la frontière de l’art, de la mystique, du théâtre, des yantras, figures géométriques qui sont des « passeurs » entre deux mondes… Elles viennent de tout le continent indien qui a conservé à travers le temps et malgré tous les bouleversements historiques qu’il a traversés, une unité profonde qui se révèle notamment dans ses arts et sa religion.

Les styles proposés au cours du week-end sont : le Baratha-natyam, le Kuchipudi, l’Odissi, le Kathak, le Sattryia, le Manipuri. Les artistes professeurs se sont tous formés de longues années dans leur pays d’origine puis en Inde et ont dédié leur vie à la danse.

Le thème retenu pour ce festival, est celui de l’amour, universel. C’est l’un des neuf « rasas ».

Festival de danses indiennes 28 et 29 mars 2015- Paris

Voici les temps forts de ce festival :

 Conférence – samedi 28 mars à 18h

« Les danses classiques indiennes et leurs évolutions », par Tiziana Leucci (CNRS), le samedi 28 mars de 18h00 à 19h30 à l’Espace Jemmapes, 116 Quai de Jemmapes 75010 Paris. Entrée libre (réservation obligatoire).

‚ Spectacle – samedi 28 mars à 20h

Spectacle de danses classiques indiennes autour du thème du sentiment amoureux, au cours duquel six styles classiques indiens seront représentés, le samedi 28 mars à 20h à l’Espace Jemmapes, 116 Quai de Jemmapes 75010 Paris.

Tarif unique : 24€ en prévente / 28€ sur place.

ƒ Stage de danses – dimanche 29 mars 12h-19h

Les artistes ayant participé au spectacle la veille initieront le public à leur style au cours d’une série d’ateliers, le dimanche 29 mars au studio Micadanses, 15-16 Rue Goeffroy l’Asnier 75004 Paris :

- 12h à 13h – Bharata Natyam avec Kalpana

- 14h à 15h – Kuchipudi avec Madolika

- 15h à 16h – Manipuri avec Angela Sterzer

- 16h à 17h – Pause thé

- 17h à 18h – Kathak avec Kali Chandrasegaram

- 18h à 19h – Odissi avec Mahina Khanum (atelier avec percussionniste)

Tarifs : de 19€ pour un atelier à 82€ pour six ateliers.

Réservations : http://bit.ly/MouvementsEmouvants

Attention : la plupart des stages sont complets ; se renseigner au préalable.

Sur ce blog vous trouverez des articles sur la danse odissi et son histoire

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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 11:49

 

jayadevas gitagovinda ihj059

 

La Gita Govinda

Le chant du berger

 

Écrite en sanskrit par le poète sri Jayadeva au 12ème siècle, ce texte qui occupe une place spéciale dans l’histoire de la littérature et de la danse indienne, évoque l’amour entre Krishna et Radha, l’infidélité du dieu avec les autres Gopis, la souffrance de Radha, sa jalousie, puis grâce à l’intermédiaire de sa servante, son retour vers elle.

Cet amour serait l’allégorie de l’amour dévotionnel et montrerait l’âme s’égarant parfois loin de sa quête du divin, mais retrouvant le chemin du Divin lui-même.  

Ces poèmes sont une sorte de point culminant de la poésie en sanskrit.

Jamais avant Jayadéva, personne n’avait introduit autant de lyrisme dans des vers en sanskrit.

Cette œuvre est chantée, scandée et représentée aujourd’hui encore quotidiennement, huit siècles après qu’elle ait été composée.

Ce poème  fait écho au  mouvement appelé Bhakti, qui veut dire dévotion, et qui est une branche de l’hindouisme qui se développe particulièrement au 12ème.

 

 

 

Légendes diverses

 

Pour les Indiens, l’œuvre est plus importante que l’homme qui l’a faite, celui-ci ayant forcément reçu son inspiration des dieux. Il ne faut donc pas s’étonner qu’on ait si peu de biographies sur les grands mystiques ou les grands artistes. Comme souvent pour ces êtres hors norme, la légende s’est emparée de Jayadéva, au point de mêler mythologie et réalité. Ainsi,  le poète en route vers Puri et mort de soif, se vit offrir de l’eau par un berger qui n’était autre que Krishna lui-même le conduisant vers son destin et vers l’œuvre qu’il devait accomplir. Arrivé au temple de Puri, voyant à la place de la statue de Jagannath (avatar de Krishna), le jeune homme qui l’avait aidé, Jayadéva comprit que c’était le dieu en personne qui était venu à lui, et l’idée de Gita Govinda germa aussitôt.

 

Pourquoi Krishna est-il un berger ?

Dans son enfance, Krishna lui-même a été recueilli par les Gopis (les gardiennes des troupeaux) et a grandi près d’elle pour échapper à la cruauté d’un roi qui voulait sa mort, une prophétie ayant annoncé qu’il mourrait de la main de Krishna.

La vie et l’histoire de Jayadeva commenceraient donc dans un village près de Puri, et les légendes décrivent l’importance de la double influence sur le poète de sa dévotion au seigneur Jagannath – avatar de Krishna-  et de son amour pour la tradition Mahari, c'est-à-dire pour la danse de temple.

La Gita Govinda a été composée, semble-t-il,  pour la danse. On dit que Jagannath lui-même a un amour tout spécial pour ces poèmes et qu’il est toujours présent quelque soit l’endroit où ils sont chantés.

Pour inspirer le poète dans la composition de la Gita Govinda, le Dieu a mis sur sa route la belle Padmavati, devadasi du le temple de Jagannath. Devenue sa femme dans la vie, elle est décrite comme d’une grande beauté et dotée d’une grande sagesse ; c’est en quelque sorte une épouse idéale, dont la dévotion ardente à Krishna s’exprime toute entière par sa danse. Elle est pour Jayadeva, par son amour charnel pour lui et mystique pour le dieu,  la source première de son inspiration. Leur mariage fut une union parfaite tant sur le plan de l’amour humain que sur celui de leur dévotion commune à Krishna qu’ils traduisirent lui par ses poèmes et elle par hm70.jpgsa danse.

Une autre légende dit que Krishna lui-même remplaça le poète pour compléter un dernier couplet, un jour que celui-ci ne parvenait pas à le finir. Padmavati voyant l’embarras de son mari, lui suggéra d’aller revivifier son esprit en prenant un bain dans la rivière et de revenir finir le couplet ensuite. Il alla à la rivière, et dans le même temps,  Krishna prit son apparence pour finir le couplet à sa place, tandis que Padmavati, amoureusement, lui préparait un délicieux repas.

 «  O Radha place ton noble pied sur ma tête pour qu’il disperse le poison de l’amour. »

Ces vers sont censés être ceux écrits par Krishna lui-même.  Quand il revint, Jayadeva vit son poème fini et en demanda l’explication à sa femme ; celle-ci lui dit qu’elle l’avait vu le terminer, mais son mari lui affirma qu’il était à la rivière à ce moment là ;  tous les deux réalisèrent qu’ils avaient reçu la grâce divine de Krishna.

 

La beauté sous toutes ses formes de la Gita Govinda, concerne aussi bien celles des deux amants, que celle de la nature qui les entoure constamment : fleurs,  abeilles, arbres,  oiseaux, dont la beauté fait écho à celle des deux héros exaltent les liens profonds de Radha et Krishna.

 

 

Au fil du temps

 

Jayadeva introduit par la première fois les ragas et les talas dans ses vers et une poésie lyrique dans la littérature sanskrite. (Voir mon autre article)

Dans le Madala Pnaji, journal de «  bord »  tenu quotidiennement dans le temple de Jagannath on peut lire que Kavi Narasimbh Deva  (1278- 1309) a introduit ces poèmes pour la première fois dans le temple. A partir de là, il semble qu’il y ait eu une salle spéciale pour les devadasis et leur danse en l’honneur de Jagannath. C’est ce que l’on appelle les Nata Mandir  - ( danse/ temple = salle réservée exclusivement à la danse dans les temples)

Au 15ème siècle, on lit que le roi Prataparudradeva rend obligatoire de la chanter et de la danser quotidiennement dans le temple.  On peut voir une inscription près de la porte d’un des chemins qui mènent au lieu de danse décrire cette obligation.

Ce sont les  devadasis qui s’acquittaient de cette obligation et il y avait même un rituel dansé la nuit pour conduire le dieu au lit.

Bien qu’on trouve de nombreux commentaires de la Gita dans toute l’Inde, c’est en Orissa qu’on trouve le plus de manuscrits en feuilles de palmier de ce poème qui s’est ensuite largement répandu à travers toute l’Inde puis fut même traduit en de nombreuses langues.

Goethe, par exemple, a lu en allemand une traduction effectuée par Van Dalberg, d’après une traduction du sanskrit en anglais par William Johnes en 1792. Il tenait ce texte pour l’un des joyaux de la poésie universelle.

De nombreuses autres traductions suivront ensuite. Ce poème qui est comme un petit drame occupe aujourd’hui encore une place spéciale dans les temples d’Orissa et ses vers sont vénérés et chantés dans tout le pays. Il a énormément influencé la littérature sanskrite ainsi que la musique, la danse, le drame, la peinture, la sculpture,  la littérature, avec la notion de Bhakti et de dévotion comme thème central

Chaque jour, on le chante dans le temple de Jagannath.

Certains disent que Odissi et Gita Govinda sont synonymes l’un de l’autre

 

 

Construction et Codes

 

 

La Gita Govinda est organisée en douze chapitres.Chaque chapitre est encore sous-divisé en vingt-quatre divisions appelées Prabandha.Les prabandha contiennent des  couplets regroupés en huit, appelés asthapadi.  Le texte décrit aussi en détail les huit états émotionnels de l'héroïne, l' Ashta Nayika, qui a été une source d'inspiration pour de nombreuses compositions et œuvres chorégraphiques .  

 

L’ashta Nayika

 

 

On en trouve le détaille, dans le Natya shastra, traité de danse et d’arts théâtraux.

Il détaille les huit émotions ou humeur que peut ressentir l’amante dans différentes situations. Comme toujours en Inde, la classification est précise et détaillée

 

 

 

 

Vasakasajja Nayika

वासकसज्जानायिका

L’amante attend ardemment son amant dont elle a été séparée et le désir charnel est à son paroxysme

 

Virahotkanthita Nayika

विरहोत्कंठिता नायिका

L’amante attend son amant, retenu malgré lui par un imprévu ; la séparation la ronge

 

Svadhinabhartruka Nayika

स्वाधीनभर्तृका नायिका

L’amante fait de son amant ce qu’elle veut, comme de lui demander de lui refaire son maquillage, après de fols ébats qui ont mis celui-ci à mal

 

Kalahantarita Nayika

कलहांतरिता नायिका

Une querelle sépare les amants ; et l’amante, excédée par l’attitude égoïste de son amant, ronge son front toute seule chez elle  ou refuse ses avances

 

Khandita Nayika

खंडिता नायिका

L’amante est en colère contre son amant, qui au lieu de venir le soir chez elle, a passé la nuit avec une autre, et se présente le matin, les marques de la nuit d’amour sur son corps. Elle est offensée

  

Vipralabdha Nayika

विप्रलब्धा नायिका

L’amante est trompée par son amant qui a passé la nuit avec une autre ; elle jette ses bijoux à terre.

 

Proshitabhartruka Nayika

प्रोषितभर्तृका नायिका

L’amant attendu ne revient pas à la date fixée, il a disparu, l’amante est comme en deuil

 

Abhisarika Nayika

अभिसारिका नायिका

L’amante est prête à braver tous les dangers pour rencontrer son amant ( tempête, serpent, danger de la forêt) et elle se hâte vers son lieu de rendez-vous


 

 

 

 

Abhisarika-nayika-mola-ram.jpg

 

 

 

Autres écrits

 

 

Curieusement, peu d’autres poèmes ont été retrouvés. Jayadeva serait-il mort jeune ? On l’ignore. On n’a que le Dahasvatara qui décrivent les dix incarnations de Vishnou dans une autre composition, Dasakritikrite et qui les a rendus très célèbres en Inde.

 

 

Les traductions, quelques pistes

 

Voici un extrait de ce poème dans la traduction en prose de Lamairesse

 

Citation :

« Voici maintenant que la nuit revêt d’atours faits pour l’amoureux mystère les nombreuses jouvencelles qui se hâtent vers le rendez-vous ; elle met du noir à leurs beaux yeux ; elle fixe les feuilles du noir tamâla derrière leurs oreilles ; elle entremêle à l’ébène de leurs cheveux l’azur foncé du lys d’eau et saupoudre de musc leurs seins palpitants. Le ciel de la nuit, noir comme la pierre de touche, éprouve maintenant l’or de leur amour et est sillonné de lignes lumineuses par les éclairs de leur beauté qui surpassent ceux de la beauté des Cachemiriennes les plus éblouissantes. »
— Passage dans la traduction de Lamairesse

 

Même s’il est en prose, ce texte rend d’une façon puissante, toute la sensualité qui anime les vers de Jayadeva, bien mieux que la traduction de Jean Varenne, qui se veut plus près du texte,  et qui dit «  j’ai pris le parti périlleux de donner à ma traduction une facture poétique ( en vers régulier) scandés de façon classique) car j’ai pensé qu’il fallait tenter de faire partager au lecteur français quelque chose de l’émotion artistique ressentie par l’Indien lorsqu’il lit ce texte qui est, insistons-y, avant tout poétique ».

Vous trouverez la traduction de Jean Varenne aux éditions du Rocher et celle de Eugene Lamairesse grâce à ce lien :  http://www.notesdumontroyal.com/mot-clef/pierre-eugene-lamairesse

 

 

Notes supplémentaires

 

 

Krishna est l’un des avatars de Vishnou. Il vit tout le temps qu’il est sur Terre, une vie d’humain, mais avec le pouvoir d’un dieu. Il meurt.

Jagganath est un des avatars de Krishna – voir l’article ci-joint pour mieux comprendre son sens.

Le nord-est de l’Inde a toujours de par sa philosophie ancienne, considéré le corps humain comme un temple, et comme un microcosme en miniature

La philosophie tantrique insiste sur le fait que chaque homme est une partie de Dieu incarné dans un corps humain. Que Maya lui trouble la vue. Et que ce corps même qui le trompe sur la réalité lui permettra aussi de revenir à sa source première : son état divin.

   

 

Article réalisé principalement avec :

 

L'introduction à la gita govinda de Jean Varenne, éditions du Rocher

Le livre de Ranjana Gauhar, Odissi, the dance Divine

 

 

A lire aussi :

 

Quelques points de repère sur la musique Odissi

Jagannath et Puri et l'Odissi

Histoire de la danse odissi, chapitre 2

Histoire de la danse odissi, chapitre 1

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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 14:31

2fd553846987be782347c52d80c986d3.jpgLa musique classique de l’Orissa qui accompagne  aujourd’hui la danse Odissi a développé un style bien.

En fait, il est difficile de dire que la musique " accompagne" la danse odissi, d'une part parce que danse et musique portent le même nom ce qui n'est pas le cas pour le Baratha Natyam ou le Kathak par exemple, autres danses classiques indiennes qui n'ont pas leur équivalent musical, et d'autre par parce que danse et musique " forment" un tout. Là encore, il n'y a pas d'autre équivalent dans les autres styles du continent indien.


 

Ce style a   intégré au fil du temps des éléments des styles hindoustani (Nord) et Carnatiques (Sud).

Elle n’est cependant pas à la croisée de ces deux styles  bien qu’elle en  intègre des éléments. Elle est essentiellement issue du style Odra-mâgadhî propre à la région de l’Orissa dont  l’origine remonterait au 2e siècle avant notre ère, lorsque sous le règne le roi Khervala du royaume Kalingha sont nées la danse et la musique.

 

 

Ce «  premier » style musical qui fut d’abord selon toute vraisemblance une musique de cour évolua ensuite beaucoup notamment  au 13ème siècle sous l’influence du poète Jayadeva dont les hymnes étaient chantés – d’où la présence de refrain à l’intérieur des poèmes. La musique entra alors dans le temple tout comme la danse. Beaucoup de musiques et d’hymnes en honneur du dieu tutélaire de l’Orissa, Jaganath, furent composés.  Certains prétendent que ce style de musique est plus ancien que les deux autres styles évoqués ci-dessus. Comme beaucoup de choses furent perdues pendant la période de déclin de la danse Odissi, notamment à la fin du 18ème et pendant tout le 19ème siècle, il est difficile de faire la part des choses.  

 

Le rôle de Jayadeva


Jayadeva, auteur la Gita Govinda, aurait donc énormément influencé la musique Odissi, qui s’appuie elle aussi sur des ragas  - comme la musique du sud ou du nord de l’Inde. Ce poète a pris le soin d’indiquer dans quels ragas classiques en vigueur à ce moment-là ses poèmes  devaient être chantés.  Il n’est bien sûr pas le seul, les autres poètes faisaient de même. Il était très important à son époque que ce soit le poème qui soit mis en valeur avant toute chose, d’où une façon d’élaborer le raga très spécifique au style Odissi. Celui-ci fera la part belle au texte et non pas à l’improvisation pure comme c’est le cas dans la musique hindoustani ou la virtuosité des musiciens et le dialogue entre la percussion et le soliste amènent parfois à  un climax. Dans la musique de style odissi, c’est le travail de variation et d’ornementation des notes du raga choisi combiné au tala et au texte qui amèneront ce point culminant avant la conclusion de la pièce, souvent sur un rythme plus rapide.

Beaucoup s’accordent aussi à dire que comme il y avait dans  royaume Kalinga qui comprenait l’actuel Orissa krsna-with-cow-and-flute.jpg de très nombreux chanteurs venus de l'Inde du Sud, il y a forcément eu aussi des influences conscientes ou pas de la musique carnatique sur le style Odissi. D’après ces spécialistes, c’est d’ailleurs la musique carnatique qui aurait fait  généraliser l’utilisation  des Ashtapadis qui sont des regroupements de huit couplets de trois vers de 10 pieds,  comme dans les hymnes de  Jayadeva. C’est l’héritage le plus direct de la musique carnatique.  

(Pour mémoire, l’ancienne poésie médiévale en France était chantée elle aussi, d'où les noms de «  rondeau,ballade,virelai » qui le rappellent sans que plus grand monde chez les médiévistes de la Sorbonne ou d’ailleurs ne s’en préoccupent !)

Les poèmes sont  calqués sur une façon d’accorder aux mots la hauteur, le rythme et la métrique des textes.  

 


Plus tard, sous le règne d’Akbar au 16ème siècle, le chanteur Krushnadas Badajena Mohapatra originaire de l’Oriya, maître absolu de la musique hindoustani, aurait lui aussi influencé volontairement ou pas le style de cour de la musique Odissi ; aujourd’hui, on reconnaît d’ailleurs qu’il y a  certaine similitude entre le style Odissi classique et le style carnatique, plus vocal qu’instrumental ; la  musique hindoustane, qui est plutôt instrumentale, a elle-même  été influencée par les musiques perses ou turques, du temps du sultanat de Delhi dès le 13ème siècle.

Comme pour toute la musique classique indienne, la musique de style Odissi s’appuie sur des ragas.

 

 

Ragas et Talas


Les ragas sont des combinaisons de notes disposées dans un certain ordre et qui doivent être jouées d’une certaine  façon pour correspondre à un rasa précis. Un rasa est un état, une émotion, une saveur. Les ragas correspondent à des moments de la journée, des saisons, des heures… ils doivent être choisis en conséquence.  On traduit souvent raga par «  mode » mais ce mot occidental n’en donne pas toute la mesure, il est trop étroit pour eux.

Les notes utilisées dans la musique indienne sont plus nombreuses que les 12 sons contenus dans la gamme occidentale. Bien que portant le même nom, elles n’auront pas la même fréquence suivant le raga retenu. Un raga s’élabore en général une combinaison de cinq ou six notes qui composent une sorte de petit prototype de mélodie sur lequel le musicien – donc le chanteur puisque la musique Odissi s’appuie essentiellement sur des poèmes – va s’appuyer pour développer son chant. Il doit savoir l'improviser en respectant le cadre strict, le faire évoluer jusqu'à un climax, l'ornementer.

 

Comme pour les autres ragas, le style Odissi commence par un  court  prélude appelé Alap qui va faire entendre la note de base du raga choisi et dans un temps assez rapide    les autres notes du raga choisi.  La tampura continuera à égrener les notes pivots du raga  ce qui permetta ensuite au musicien de s'évader pour improviser tout en restant dans le cadre.

Ce prélude qui dure en général une ou deux minutes pas plus,  est ensuite suivi par la chanson principale  pendant laquelle va se développer peu à peu le raga sur des règles extrêmement précises autour du rythme, de la métrique, des différentes notes de base, et des écarts permis entre ses notes suivant le raga choisi.


Les compositions se développent sur  des talas, qui sont des cycles rythmiques. On note  aussi l’utilisation de bols dans les compositions des musiques de style Odissi. Les bols sont des syllabes qui permettent au percussionniste d’apprendre les différents talas en les mémorisant, chaque syllabe correspondant à un type de frappe et/ou un son. Ils sont aussi inclus à la composition dans des sections purement rythmiques par le percussionniste et le chanteur, les deux ne faisant pas forcément la même chose; il peut s'en suivre un contrepoint rythmique d'une grande richesse et d'une grande beauté.

53a67b52da2d746f8a3ba5ade066282c.jpgL'instrument de percussion  qui soutient la musique est le  Mardal  qui est similaire au pakhawaj, lui-même une variante du Mirdang.  Il y a toujours aussi un instrument qui donne la note sur laquelle s’appuie le raga, sorte de son «  primordial » d’où s’écoule tout le reste ; et une seconde note qui dépend du raga choisi. Cet instrument est souvent la tampura. A ces deux instruments incontournables  s’ajoutent  le chanteur, et aussi la  flûte, et/ou un violon, un sîtar  - ou une veena même si aujourd'hui, on la rencontre moins souvent qu'avant -  ou un harmonium et une paire de petites cymbales appelées Gini qui correspondent à la frappe des pieds.


Comme dans toutes cultures, à côté des musiques classiques se trouvent les musiques fokloriques, religieuses, qu’on trouve bien sur aussi dans cette région. Mais il ne s'agit alors plus du style Odissi classique.

 

D'autres articles viendront compléter celui là  qui n'est pour l'instant qu'une ébauche et qui sera peut être remanié au fur et à mesure que mes connaissances se préciseront et s'affineront; mes excuses par avance, pour les imprécisions ou erreurs qui pourraient s'y trouver!

 

 

A venir : un article sur Jayadeva

L'odissi  : son répertoire

Costume et maquillage en Odissi

Les gurus

Les Mahari, danseuses de temple

Les Gotipua

Déclin et résurrection de l'odissi.

 

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 10:27

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Le festival Ratha Yatra se déroule à Paris depuis 22 ans déjà. De nouvelles éditions commencent à naître dans d’autres villes de province.

Ce festival met à l’honneur le dieu Jagganath, l’un des avatars de Vishnou que l’on connaît aussi comme Krishna ou encore Rama,  héros du Mahabaratha ou du Ramayana.

Vishnou est le dieu qui protège le monde dans la trilogie indienne.  Cette année, ce festival tombait le même jour que la grande fête qui a lieu à Puri en Inde.

 

Lors de ce festival qui a eu lieu cette année le 29 juin 2014, un grand char est tiré à travers la ville, avec les images inachevées de Subhadra et Balarama, sœur et frère de Jagganath.

 

Sur la place du Bellay, sur laquelle se dresse la fontaine des Innocents à Paris, se tenaient différents stands indiens et une scène y était dressée.

 


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Musiciens, danseurs, chants dévotionnels se sont succédés.  Sharmila Sharma a dansé du Kathak avec ses danseuses/seurs.

 

Mahina Khanum participait avec son groupe à ce festival ; les belles danseuses ont   accueilli l’arrivée du char. Kali Chandrasegaram, danseur d’Odissi qui vit à Londres, s’était joint à elle ainsi que moi-même.

Profondément émue par les chants dévotionnels qui ont procédé l’arrivée du char vers 17h30 - les  Bhajans, ou chants sacrés, ont un peu un rôle similaire au yoga- j’ai perçu très nettement   le changement de  fréquence vibratoire qui s’est élevée peu à peu.

 

mahi-et-kali.JPGMalgré les mouvements de foule, les allées et venues des uns et des autres, dont nombre de touristes et de passants, on pouvait vraiment percevoir cette vibration si particulière dans l’air.

Puis le char est apparu, et là, le sens dévotion prit tout son sens ; le cœur ne fait qu’un bond à sa vue, comme une amoureuse lorsqu’elle voit son bien-aimé guetté longtemps, à l’horizon. Et dans ce bond de l’âme, il y la spontaneïté, la joie, l’amour.

 

Tout était donc en place  pour accueillir la danse Odissi.

 

Kali et Mahina ont dansé une chorégraphie pour célébrer Jagganath, portant encore plus loin la dévotion et les vibrations très puissantes à ce moment là. L’essence même du sacré était tangible. Que les gens dans la foule l’aient perçu ou pas importe peu car tous l’ont de toutes façons reçue.

 

C’est donc particulièrement émue et très humblement que je suis montée sur scène, cherchant du mieux possible à exprimer ma dévotion et ma reconnaissance pour ce moment si particulier.

 

Le rêve de partager la dévotion «  dans la rue », comme le faisaient les toutes premières danseuses d’Odissi s’est donc réalisé sous les augures protecteurs de Jagganath a qui j’avais consacré un article quelques semaines plus tôt, sans savoir que je le célèbrerais par la danse…

 

   mahi-et-val.JPG

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 11:05

 

 

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L’Odissi d’aujourd’hui, est, d’après les spécialistes, un descendant direct de la danse de temple, telle qu’elle fut  pratiquée à Puri, en l’honneur de Jagannath, un des avatars de Vishnou.

 

Dans le panthéon indien, ce dieu qui protège le monde et le préserve, s’incarne à plusieurs reprises pour venir  le sauver de la destruction ; il prend à chaque fois une apparence différence : Krishna, Rama et Jagganath sont ses plus célèbres avatars.

Ce dieu très ancien, déjà présent dans les Védas,  fait sa première apparition en Orissa au 7ème siècle 06122011-krishna.jpgaprès JC dans les sculptures. Il y apparaît sous la forme de son   8ème avatar, Krishna.

Mais c’est en « Jagannath » que Vishnou sera le plus célébré. Sa légende est racontée un peu plus loin.

 

Pendant le règne des rois de la dynastie Ganga  qui dura près de trois siècles, la dévotion à Vishnou fut telle qu'un temple monumental fut construit en son honneur au  11ème siècle. Ce temple acquit une telle renommée qu’on vint rendre hommage au dieu son la forme de son avatar, Jagannath, de toute la région. Puri  fut alors un haut lieu de pèlerinage et  un centre culturel et artistique important; il  vit naître dans son temple  la danse des Mahari.

 

Concernant Jagannath,  plusieurs récits mythologiques relatent son origine. Voici celle que la danse Odissi aime le plus : il y avait un roi, Indradyuman  qui rêva un jour d’une image de Nilamadhav – le dieu bleu –  elle se  trouvait  bien au-delà des montagnes, à l’est de son royaume. Il envoya son ministre, Vidyapati, à sa recherche, qui tomba sur Vishvavasu, le chef de la tribu Savara ; c’était le plus  fervents des  adoradeurs de Nilamadhav. De retour au palais, le ministre raconta ce qu’il avait vu. Le roi envoya son armée pour prendre de force l’image mais avant que le roi puisse atteindre la grotte où celle-ci se trouvait, une tempête se leva et l’image disparut.

Le Dieu bleu n’apparut plus à la tribu Savara sous cette forme, mais l’océan rejeta sur le sable un immense bloc de bois qui avait la forme de Nilamandhav.

Le roi vit cette image en rêve et voulut la reproduire. Il fit venir d’énormes blocs de bois et des charpentiers dans son palais pour  construire l’image à l’identique. Mais aucun charpentier ne parvint à la reproduire.  Un mystérieux charpentier, qui selon la légende,  aurait été Vishnou lui-même, se présenta et dit qu’il pourrait réaliser la sculpture à condition de n’être dérangé sous aucun prétexte pendant 21 jours. Le roi accepta mais la reine, bien sûr, aiguillonnée par la curiosité, voulut ouvrir la porte avant le délai requis. Tout s’évanouit aussitôt sauf trois bustes inachevés qui représentait Jagannath lui-même, son frère Balabhadra et sa sœur Subhadra, tous trois aujourd’hui encore grandement vénérés.

 

Voilà pourquoi aujourd'hui, au début de chaque récital,  la danseuse offre sa première danse à Jagganath, présent sur scène  et inachevé comme le raconte la légende.

 

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La légende de Jagannath est l’un des nombreux exemples de la façon dont l’hindouïsme a intégré des déités  très anciennes à son propre panthéon.

 

L’Odissi s’est développée au moins sur un millénaire ;  on trouve des témoignages sur cette danse dès  le 1er et le 2ème siècle avant JC,  comme l’atteste l’art de la dynastie Chedi –puis  au 7ème siècle et  8ème siècle, ( nombreuses peintures et sculptures de temples)  jusqu’au règne du  roi Chodagangadeva au 11ème siècle où culmine le culte de Vishnou à travers son avatar, Jagannath. L’Orissa, sous le règne de ce roi éclairé, devint un royaume florissant, cultivé, dans lequel Puri fut un centre spirituel important et révéré bien au-delà des frontières du royaume.

 

Un siècle plus tard, le poète Jayadéva allait marquer durablement l’histoire de l’Odissi à travers l’un de ses poèmes : la Gita-govinda.

 

 

 

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A lire sur ce blog :

 

L'odissi, chapitre 1

L'odissi, chapitre 2

 

 

Articles réalisés à partir du livre de  Ranjana Gauhar

 

 

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 08:02
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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 19:33

 

Chapitre deux : histoire de la danse odissi

 

 

Les origines et les premiers témoignages :

Au temps du roi Kharavela, 1er siècle avant JC.

La style Nartaki

 


Laissons pour un temps dans ce deuxième chapitre les légendes mythologiques de la danse, que nous retrouverons plus tard pour nous pencher à présent sur les témoignages archéologiques concrets. Les premières sculptures furent découvertes  dans les grottes des collines de Udayagiri et de Khandagiri près de Bhubaneswar en Orissa. Elles datent  du 1er siècle avant Jésus Christ. La région appelée alors Kalinga connaissait déjà une importante activité artistique comme en témoignent les nombreux danseuses et musiciens ainsi que les inscriptions gravées et sculptées dans la roche ; construites sous le règne du roi Jaïn Kharavela, grand amateur d’art, elles révèlent que l’art était très présent dans la vie du peuple de Kalinga. Le roi a d’ailleurs laissé le souvenir non seulement d’un fervent Jain, mais aussi d’un immense protecteur des arts. Dans la grotte de la reine Ranigumpha se trouvent  également de très nombreuses sculptures de musiciens et de danseuses dans des poses très variées. L’une des plus célèbres, connue sous le nom de Nartaki, est en  « chouka ». L’ensemble de ces sculptures ont servi de point de repère  pour reconstruire le style Odissi au 20ème siècle après qu’il fût perdu.

Pour désigner le style de cette période qui semble avoir été une danse de cour, on se refère à la danseuse Nartaki qui donne son nom à ce style. D’où le style «  Nartaki »

 

temple Brameshvara

 

Brahmeshvara_Temple_-1171_AD-_at_Kikkeri-_Mandya_district.JPG

 

L’influence du Bouddhisme et du tantrisme : du 3ème au 7 ème siècle après JC

 

Après la mort du roi Kharavela, on ne trouve pas d’autres représentations aussi importantes de l’activité artistique gravée dans la pierre. On sait cependant qu’elle restera très importante dans cette région  après  la mort du roi et jusqu’au 7ème siècle.

Vers le 3ème siècle  après Jésus, pendant le règne magnifique d’Ashoka,  le Jaïnisme fut  progressivement remplacé par le bouddhisme sous sa forme de Grand véhicule.

Cette branche du bouddhisme est connue pour être esthétiquement très sensible aux arts considérés comme un moyen,  aussi bien pour l’artiste que pour le spectateur, de réalisation spirituelle. La danse n’est alors rien d’autre qu’un moyen de délivrance et un acte de conscience spirituelle.

 

Le Shivaïsme et la naissance des Devadasis

 

Après le déclin du bouddhisme, le Shivaïsme s’étend sur le pays et y explose au 7ème siècle après Jésus Christ. Comme toujours en Inde, il est difficile de savoir exactement comment les changements s’opèrent et comment le Shivaïsme a réellement émergé. D’autant qu’il existait déjà un shivaïsme pré-aryen vieux, dit-on, de plusieurs millénaires. Des nombreux éléments archéologiques prouvent   que la danse se trouve étroitement lié à ce nouveau courant.

La dynastie Sailodbhara naît à cette période et les rois étendent leur domaine à une grande partie de l’actuel Orissa. Ils dotent la région d’un système administratif solide, font preuve d’une réelle tolérance pour toutes les religions, et entreprennent la construction d’une multitude de  temples dédiés à Shiva. L’art de cette période est florissant et éblouissant. Les sculptures des danseuses et de Shiva dansant, connu sous le nom de Nataraja – Roi  de la danse – font toujours aujourd’hui l’admiration de tous ceux qui visitent les temples de Mukteshwar ou de Parashurameshwara.

Le Shivaïsme imprègne le tissu culturel de l’Orissa si profondément qu’il est devenu un facteur clé dans l’élaboration de l’histoire de la région.

Le tantrisme, l’une des branches du Bouddhisme, est progressivement intégré au Shivaïsme comme l’une de ses caractéristiques fondamentales. Comme souvent en Inde, les nouveaux courants de pensée absorbent les anciens et les différents éléments s’associent et se mélangent. L’Inde repousse rarement, elle absorbe et remodèle.  

 

Cette longue  période porte donc les différentes empreintes   du bouddhisme, du tantrisme et du Shivaïsme qui se mélangent et  marquent durablement la culture Oriya sur le plan des arts, de l’architecture et de la danse. Les temples Vaital, Markandeswar et Sisireswar  témoignent de cet amalgame, aussi bien dans les stupas Bouddhistes  des collines de Lalitgiri et Ratnigiri que dans les temples d’Hirapur consacrés aux yoginis-danseuses.

 

Devadasi

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Au 10ème siècle, sous la dynastie Kesari, le Shivaisme s’impose complètement : Le culte de Shiva et la construction des temples sont au centre de cette ère. Ils  présentent des sculptures très variées des Dieux et des Humains,  montrant d’une manière certaine  la continuité de la tradition dansée en l’honneur de Shiva. Dans ces inscriptions et ces témoignages sur la danse, on trouve pour la première fois la preuve de l’existence réelle des Devadasis,  littéralement servantes de Dieu. Il semblerait que leur seule obligation fut de danser pour les rituels et les cérémonies associés au temple et pour sa divinité.

Le rituel est un élément très important de la foi en Inde, et pendant longtemps, il a précédé la pensée et la spéculation. Ils rythmaient non seulement la vie, mais aussi le quotidien.

 

On trouve la première mention d’une Devadasi  en Orissa à l’époque de la construction du temple de Brahmeswar sous le règne de Udoata Kesari, dernier roi de cette dynastie qui prit fin au 11 ème siècle.

C’est à partir de ces inscriptions que l’on peut retracer l’histoire de l’Odissi et de son rôle dans les temples  jusqu’à la danse d’aujourd’hui. 

 

 

Vishnou, un avatar de Krishna et Jagannath

 

 

Une nouvelle foi va bientôt  remplacer le Shivaïsme : le Vishnouisme.  Vishnou est un avatar de Krishna, lequel est très connu en Orissa sous la forme de Jagannath.   

Des temples monumentaux sont édifiés pour célébrer ce dieu, tel le temple de Jaganath à Puri, ou encore le temple du soleil à Konark. La dynastie Ganga révolutionne entièrement la culture de l’Orissa et marque profondément l’évolution du style «  devadasi »  

Les arts et l’architecture d’après la période Kharavela montrent que la danse est à présent l’un des thèmes essentiels des temples de l’Oriya.

 

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En résumé

 

Pendant ces 1000 premières années, la danse Odissi est véritablement le reflet de l’activité religieuse et politique de cette région qu’est l’Orissa.

Qu’elle soit influencée par la tolérance et la conscience esthétique des Bouddhistes, ou par les cultes tantriques et les danseuses yogini de ces cultes,  ou encore qu’elle soit au service des devadasis des temple de Shiva, la danse transforme aussi bien sa technique que ses aspirations dévotionnelles,  épousant à  chaque étape  l’histoire de la région et l’évolution de la foi. 

 

De nombreux éléments fondamentaux de l’odissi apparaissent pendant la dynastie Kesari, mais c’est lorsque celle-ci disparaît que naît réellement le style Odissi tel qu’il est connu aujourd’hui.

 

Ce style connaît donc, de sa naissance au 1er siècle sous le règne des rois du Kharavela, jusqu’à l’avènement du Vishouisme,  d’immenses changements dans sa forme physique, son caractère spirituel, et son rôle dans la société et la religion.

Son caractère spirituel   s’est transformé au gré du jaïnisme, du bouddhisme, du shivaisme et enfin du Vishnouisme qui chacun, tour à tour, l’ont modelé différemment. Toutes ces traditions ont conféré chacune à leur façon  un  caractère distinct et  éminemment sacré où la beauté se mélange au spirituel, dans une humble  recherche de Moksha : le salut.

 

Kornak

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Notes : il est très difficile pour qui ne les côtoie pas de près de se retrouver dans toutes ces branches philosophiques et/ou spirituelles

 

Des articles annexes viendront éclairer un peu le lecteur sur les différentes fois ou philosophies ainsi que sur ces Dieux que sont Vishnou, Brahma, Krishna/ Jagannath.

 On retrouve ce même brassage  d’idées dans le yoga, qui s’est considérablement modifié au gré des échanges entre les différentes civilisations ; comme pour la danse, on trouve un yoga tantrique, du Nord-Est, influencé par une branche du bouddhisme, un yoga dit non-duel du Cashmire, un yoga plus « Aryen », codifié par Pentajali, etc… si l’on veut résumer succinctement, on dira que pour certaines écoles de yoga,  conscience et énergie sont en union, pour d’autres non.

Le yoga,   prière active du pratiquant, et l’odissi, prière artistique dansée,  n’ont d’autres buts que d’atteindre ou de faire  atteindre Moksha.

 

 

Lire aussi

 

Chapitre 1, de la légende à la danse

Chapitre 2, histoire de la danse odissi

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