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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 08:13

Spartacus3_big.jpg Dimanche, je suis allée voir Spartacus, à l'opéra de Paris dansé par la compagnie du Bolchoi avec comme artiste invité Denis Matvyenko : ce fut une totale révélation!

Ayant aimé l'Ivan le Terrible de Grigorovitch, je pensais que ce Spartacus aurait les qualités nécessaires pour me plaire... les autres programmes, très franchement ne m'inspiraient pas : Le Corsaire, version Petipa ( je hais la Bayadère!) ou encore un programme réunissant des chorégraphies de Petit ( celle ci ne me disait franchement rien) et d'un chorégraphe russe contemporain

J'ai donc opté pour l'oeuvre succeptible de me plaire

Très franchement, je n'ai pas été bouleversée par l'oeuvre dans son ensemble que l'orchestre Colonne une fois de plus s'est fait un plaisir de massacrer d'un bout à l'autre... Katchaturian se massacre facilement, il faut dire, et l'orchestre s'en est donné à coeur joie!

Ce n'est pas la scénographie, intelligente, qui gâche le ballet. Ce sont plutôt les chorégraphies de groupe elles mêmes que j'ai trouvées très naïves...  les chorégraphes hollywoodiens des années 50 ont plus d'imagination, de fantaisie, d'audace!
Cependant,  opposer deux couples ( le général, sa courtisane, d'un côté, puis Spartacus sa femme de l'autre, les uns représentant le pouvoir en place, les autres, l'incarnation de la liberté face à l'oppression) permettait d'en tirer de remarquables face à face, pas de deux, et de varier "monologues" autrement dire solo et scène de groupe... tout cela permettait une dramaturgie interessante, facile à suivre.

En revanche, les costumes, la gestuelle des Romains, des courtisanes, la scène d'orgie, tout cela est gentillet.... de plus, je n'ai pas trouvé la troupe du Bolchoi excellente : certes, les danseurs dansent avec conviction, énergie, mais j'ai souvent trouvé que le tout manquait singulièrement de classe, c'était parfois un peu fouilli, un peu brouillon... 

Personnellement, je trouve la vision de Rome par Leriche dans Caligula beaucoup plus pertinente : mais en comparons pas ce qui ne peut l'être... et puis, je vais en reparler bientôt!

En revanche, et c'est là mon coup de foudre de ce dimanche 20 janvier, le Bolchoi pour incarner l'épuisant et éprouvant rôle de Spartacus, avait fait appel à l'étoile Ukrainienne Denis Matvienko...

Il m'a littéralement bouleversée, captivée, émue, impressionnée, bref!

Ce rôle de Spartacus demande d'abord un engagement émotionnel total. Ensuite, une force physique peut commune car de très nombreux portés tous plus impressionnants les uns que les autres émaillent le ballet. Lorsqu'il porte Phrygia d'une seule main, en la soutenant sous la hanche et qu'il traverse le plateau... on pourrait se croire au cirque... et bien pas du tout, et c'est là tout l'art de Matvyenko : ce porté n'est pas là pour dire : " regardez moi, vous avez vu??? " mais plutôt  " Phrygia, je te protègerai, n'aie crainte, je reste à tes côtés"  et du coup, au lieu d'applaudir, on retient ses larmes...

C'est bien Spartacus /Matvyenko qui a donné  toute sa force au ballet, qui lui a donné toute son âme...
C'est toujours bouleversant de trouver un artiste idéal sur scène, qui non seulement est doté d'une prodigieuse énergie, d'une technique accomplie, mais qui en plus, a cette dimension artistique qui fait toute la différence entre d'excellentes techniciens, et des artistes...

 

Dans la scène du camp, où ses hommes l'abandonnent un à un, sentant que Crassus lève une armée pour écraser la rébellion, Matvienko m'a remis en mémoire une  scène bouleversante  de Cléopâtre : Marc Antoine/Burton s'élance seul dans le désert face à l'armée d'Auguste, après que ses hommes l'aient tous abandonné...

Bref, cet interprête a vraiment donné tout son talent et toutes ses tripes... il parait même qu'il a dansé ce rôle deux fois dans une journée, l'un des danseurs s'étant blessé ( 6 heures de scène!!!)

J'étais au troisième balcon, en fond de loge, et j'ai d'abord mis mon ennui face au ballet au fait que j'étais assez haut par rapport à la scène : je n'arrivais pas à entrer dans le ballet, j'étais distraite par toutes sortes de pensées, jusqu'à ce que Spartacus entre en scène... 
comme quoi, le placement, lorsque le talent est là, ne compte pas vraiment... du haut de ma 3ème loge, je me souviens avoir été à ce point captivée par Spartacus et sa danse que j'en oubliais le lieu ou j'étais et ma position toute tordue qui me vaut aujourd'hui un bon torticolis

J'espère vraiment avoir l'occasion de revoir Matvyenko : s'il revient à Paris, je vous fais signe : il ne faut le manquer sous aucun pretexte. De tous les danseurs que je connais, c'est l'un des meilleurs!

Voici le site des Matvyenko d'où est tiré la photo Spartacus, car Denis a pour épouse une danseuse viblement aussi talentueuse que lui!

Matvyenko, Spartacus







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