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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 09:54

 Pour moi, Cristina Hoyos est l'interprête des ballets d'Antonio Gadès et des films de Carlos Saura. Je me rends compte en me penchant sur sa biographie que j'ai tort, car dès les années 1990, cette femme a la très forte personnalité a travaillé seule et a créée sa propre compagnie de danse. Je n'en savais rien...

Elle est née à Séville, dans les années 40,  dans un milieu très modeste " une seule pièce pour toute la famille"
Elle s'est mise régulièrement à danser à douze ans, " ce qui est bien dit elle, car plus on commence tôt et plus on comprend le rythme, ce qui est fondamental dans le flamenco"

En 1969, c'est la rencontre avec Antonio Gadès, qui travaillait déjà sur des films. Comme il désire monter sa compagnie, il propose à Cristina de le rejoindre l'année suivante " si elle a le niveau"
Elle travaille donc d'arrache pied pour entrer dans la compagnie... où elle devient la soliste principale.

Ce flamenco très théâtral n'est pas toujours bien vu par les puristes, à cette époque; ce qui est un peu normal : lorsque les choses évoluent, les êtres qui pensent en être à l'origine - en l'occurence   les Gitans - se sentent trahis. D'autant qu'à la base, c'est avant tout l'art du chant qui compte... cet art qui s'est développé en marge, puisque les Gitans n'étaient pas forcément toujours bien vu par l'Espagne.  Outre leur persecution en 1499, qui les a contraint à partir vivre caché dans les collines, ils ont ensuite eu du mal à s'integrer dans une Espagne qui ne les reconnaissait pas vraiment...

  Dans l'interwiew que lui consacre Danser, Cristina  dit ceci : " Durant huit ans, je n'ai pas été programmée à Paris, j'étais disposée à passer pour peu et les directeurs de salles ne donnaient pas suite; nous avions un ballet avec des costumes superbes de Christian Lacroix,  rien n'y a fait. Cette succession de refus a été difficile sur un plan personnel"...

J'imagine donc aisément ce que peut représenter des adieux à Paris...

Le spectacle que la compagnie présente actuellement aux folies bergères s'appelle Romancera Gitano. C'est un reccueil de poèmes écrit par Lorca, qui, avec le compositeur M De Falla a créé en 1922 le premier concours et festival flamenco.
Il comporte dix huit pièces qui ont pour cadre Grenade, Cordoue et Seville et présente des   gitans, des Saints,    le Vent et la Lune, si cher au peuple gitan...


J'ai vu Cristina sur scène, il y a bien longtemps, dans l'Amour Sorcier qui avait été présenté au théâtre du Chatelet dans les années 1986 ou 87, je ne sais plus très bien... j'avais été complètement emporté dans ce monde de joies, de peine, de danse, de folie... je ne connaissais alors pas grand chose du flamenco, et bizaremment, ce monde qui m'attirait me faisait aussi un peu peur : le sentiments sont forts, puissants, la danse elle même demande au corps une grande force : les Gitans se redressent, montrent leur fierté. ON ne peut pas se sentir intérieurement faible et danser le flamenco, je l'ai compris physiquement parlant au cours... il faut être capable d'assumer son propre regard dans la glace, et celui des autres; il faut montrer aux autres qu'on mérité d'être là, entier, magnifique, royal... et pour cela, on ne peut pas tricher...

Ce n'est donc pas une danse pour les timides, ce que j'ai été pendant de très très longues années...
c'est sans doute pour cela, que j'ai toujours reporté à plus tard mon désir de m'y essayer...

Grâce aux  DVD, j'ai pu acquérir ou revoir  quelques films de Saura, dont Ibéria et Carmen  ( en plus de Salomé ou Tango )
Et là, le choc : revoir Carmen ( que j'avais vu dans les années 80) et cette fameuse scène de la manufacture ou Laura del Sol  ( Carmen) affronte C Hoyos dans un extraordinaire pas de deux, entouré par les autres danseuses

Cette séquence est non seulement magistralement chorégraphiée mais dansée avec une force incomparable : les deux filles sont yeux dans les yeux, les deux revélant une puissance sans faille.

Depuis le temps a passé, Cristina a pris de l'âge, mais elle dit qu'elle a toujours autant de force, au moins autant que les jeunes
La différence, c'est l'usure des chevilles, des ligaments, dus aux mauvais parquets sur lesquels elle a souvent dansé
Je ferai donc un compte rendu sur ce spectacle rapidement


voici deux videos incontournables ! http://www.youtube.com/watch?v=U3s8OSCJpq8

tirée de l'amor brujo

et l'autre, la fameuse scène de la manufacture, évoquée plus haut :

http://www.youtube.com/watch?v=QA07De_iOJc

Et je vais aussi écrire quelques articles sur le flamenco, qu'on associe très souvent à l'Espagne, alors que c'est  en très grande partie l'une  des créations " rom"  d'Espagne
J'en retracerai l'historique, pour ce qu'on en sait, car beaucoup de thèses s'affrontent, et je parlerai des différents rythmes qu'on peut trouver...

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commentaires

F
Article fascinant, merci Shana ! J'ai hâte de lire ton C/R concernant le spectacle...Bisous et belle soirée.
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