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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 20:43

 

Et voilà  : la nouvelle est tombée

Comme toujours en cette période de l'année, les nominations arrivent!

 

Cette année, c'est au tour d'Alice Renavand d'être nommée au titre suprême de l'opéra de Paris ce soir même, dans une représentation du Parc. Cette nomination était dans l'air depuis quelques mois déjà. On en avait parlé l'an passé pour Kitri, puis lors de Kaguyaguime  où c'était presque sûr... mais c'est donc sur l'oeuvre de Prejlocaj que ce titre lui a été  officiellement remis  ce soir.

 

 

En suis-je heureuse?

 

Oui, et non!

 

Oui, parce que Alice, ce fut une rencontre  inoubliable dans le corps de ballet.

Lorsque je l'ai repérée sur scène  la première fois,  noyée dans la Sylphide au milieu d'autres danseuses comme elles, j'avais eu un vrai coup de coeur pour ce qu'elle dégageait déjà à l'époque, c'est à dire sa poésie, son lyrisme, son ultra féminité.

 

Sur le forum dans lequel j'écrivais alors -, chacun devait  dire de qui il aimerait être le petit père ou la petite mère s'il était étoile-  j'avais écrit   sans l'ombre d'une hésitation " Alice Renavand"

 

C'était il y a plus de dix ans...

 

Mais hélàs,  Alice, comme beaucoup d'autres étoiles, est nommée  sur le tard; elle ne pourra pas aborder véritablement les grands classiques; elle a montré ses limités l'an passé dans Kitri;  je m'étais déplacée exprès pour la voir danser, auprès de François Alu. Et si j'avais beaucoup aimé son personnage, j'avais été un peu déçue par sa performance purement technique.


Il y a donc fort à parier qu'elle continuera à danser surtout du contemporain dans lequel elle excelle... ce sera donc encore une très belle étoile " contemporaine" qu'on ne verra pas dans le Lac, ou la Belle  - elle n'a d'ailleurs pas abordé le rôle cette année -  ni   même Giselle.

  Je ne l'ai jamais vue non plus aborder les rôles néo classiques - comme Tatiana ou Marguerite, et d'ailleurs ne l'imagine pas vraiment dans ces rôles...

 

Dame BL par cette ( ultime?) nomination réaffirme à la barbe du futur directeur sa GRANDE préférence pour le contemporain et lui  fait un beau pied de nez....

 

Alice aurait pu continuer à être une très belle première danseuse, comme autrefois Karine Averty, et comme aurait pu continuer à l'être Eleonora Abbagnato.... 

 

La question que je me pose à présent c'est à quoi ressembleront les nominations d'étoile une fois Millepied à la tête de l'opéra

 

Pour en revenir à Alice, les derniers rôles où elle m'a profondément marquée sont :

 

La femme aux côtés de Nicolas Leriche dans Appartement - ils étaient bouleversants!

 

Le songe de Médée : Créüse, vraiment étonnante de beauté et de sensualité! 

 

L'une des soeurs de Cendrillon, où elle a affirmé un tempérament de clown inconnu jusqu'àlors! Elle en faisait " des tonnes" mais c'était vraiment drôle!

 

En femme de Siddharta, terriblement envoûtante et sensuelle

 

Et puis en partisane, dans l'oiseau de feu,  De Béjart, ou dans le Mandarin Merveilleux,  dans le corps de ballet dans Nosfératu, dans Hurlevent, chez les Linton

 

Son grand atout est sa beauté, sa féminité, et sa grande sensualité qui donne à ses mouvements une rondeur, une douceur magnifiques. Sa personnalité est atypique, tout comme son physique. Elle ressemble un peu à un chat, avec ses yeux étirés. 

 

Elle aussi être poignante, comme dans Appartement aux côtés de Leriche, où elle m'avait tirée les larmes par sa puissance expressive, et surtout, par quelque chose d'inattendu chez elle : le don d'elle même. Cette artiste est capable d'un don total d'elle même et cette qualité se raréfie ses derniers temps à l'opéra de Paris.

J'espère pouvoir la découvrir dans un répertoire dans lequel je ne l'ai encore jamais vu, où elle pourra explorer des facettes artistiques d'elle même encore inexploitées.

Comme Abbagnato, c'est une véritable artiste avec une vraie personnalité.

 

Souhaitons lui une beau parcours d'étoile, car elle a 33 ans, et portera donc ce titre une dizaine d'années encore.

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 19:50

François Alu premier danseur

 

 

 

grid-cell-29261-1375370506-14.jpgUn petit article hommage à l’un de mes grands coups de cœur de ces 15 dernières années – depuis Nicolas Leriche en fait ! Ce danseur découvert via une émission télé m'a donné envie de quitter ma douillette maison pour aller le voir l'an passé  danser le rôle de Basilio  du ballet Don Quichotte  (version Noureev, enfin, ce qu'il en reste! Car les costumes et les décors... beurk, mais là n'est pas le propos!)!!!! Cela ne m'était pas arrivé depuis 15 ans! Il fallait que je le vois dans ce rôle titre! L'article qui relate cette soirée est ICI.

 

A ses côtés, il y avait la magnifique Alice Renavand qui pourrait bien passer étoile avant la fin de l'année....mais c'est pour un autre article!

 

 

Voici ce que j’ai déjà écrit de lui sur ce blog

 

1)      Dans le petit docu-fiction de l’an passé, la danse à tout prix – Comme j’aurais aimé en revoir un de la sorte cette année - il se montre un danseur passionné, à l'intelligence rare, et doté d'une "facilité" qui semble naturel; rien n'est " laborieux" chez lui, contrairement à presque tous les danseurs actuels hormis Charline Giezendanner, actuellement sujet.

 

Au cours du reportage, F. Alu se blesse au pied et doit s’arrêter de danser. Quinze jours avant, il reprend le chemin de l’opéra sans savoir  s’il pourra passer le concours. Lorsqu’il revient travailler, c’est une période à la fois de remise en route du corps, mais aussi de préparation au concours ; il a toujours un ligament qui lui fait mal. Il ne peut même plus trouver de studio de répétition libre, ce qui fait qu’il travaille sa variation libre - Le Solor de la Bayadère - pendant les cours collectifs… où on le voit briller. Il a les pires conditions de préparation qu’on puisse imaginer : le corps n’est pas prêt, il n’a pas d’endroit où répéter seul, ni se faire conseiller.

  Et j’ajoute dans cet article

Vu cet hiver dans Don Quichotte, c’est surtout l’intelligence de sa danse qui m’a stupéfaite. Il comprend réellement les pas qu’il danse et du coup, leur donne une nuance personnelle sans trahir le texte ; il a de grandes qualités dans la propreté des pas, dans l’exécution des pirouettes, dans le moelleux de ses sauts. Son élasticité naturelle, un peu comme Leriche, lui permet de varier la vitesse d’exécution, ralentissant un saut, accélérant une pirouette, le tout donnant un naturel à sa danse étonnant !

 

Et puis à l’issu de la représentation de Don Quichotte j’écris :

 

On retrouve chez F. Alu un peu de ce style si particulier à Noureev !  D’ailleurs ce qui m’a le plus séduit chez ce danseur, c’est son intelligence car sa technique encore un peu verte est largement compensée par une vraie compréhension des pas et une façon de les exécuter très claire.

 

 

Il n’y a pas un doute : si ce danseur continue sur sa lance, il sera étoile. Lorsque je l’ai vu l’an passé dans Don Quichotte, il n’était pas encore officiellement sujet ; le voilà premier danseur ; il n’a pas 20 ans !

C'est un parcours fulgurant!

 

Espérons que Benjamin Millepied le programmera intelligemment dans les Saisons à venir, en en prenant plus soin qu’on ne l’a fait avec le grand artiste et Etoile de l’opéra de Paris : Mathieu Ganio

Celui-ci, nommé trop jeune et mal distribué ( et peut être mal «  coaché » ) s’est beaucoup blessé et s’est tenu souvent loin de la scène.  Comme certains danseurs, il avait beaucou grandi, et a eu du mal à rétablir son centre de gravité; a force d'enchainer le style contemporain et classique, qui sont antinomiques, il s'est souvent blessé. A présent, il sait quel rôle choisir et comment les travailler.

 

Voilà ; François Alu  allume ( sans jeu de mot) mon grand espoir en la renaissance de l’opéra de Paris !!!! voilà un danseur curieux - son cousin est danseur de hip hop - vif, intelligent ET travailleur!

Il semble danser comme il respire!

 

Cela me rappelle ce que disait  Jean Babilée " je travaillais, je faisais les pas, je m'appliquais et un jour, je me suis amusé, tout me semblait naturel, facile, sur la musique, et mon professeur m'a dit : voilà, c'est cela danser!"

François Alu incarne absolument cette pharse!

Il est réellement passionné par la danse....  il a cette aisance, ce charisme, cette joie de la danse, ce côté non laborieux, non scolaire que je suis lasse de voir ces dernières années à l'opéra ( Albisson, Bourdon, Magnenet,  pour ne citer qu'eux.... )  A suivre, donc!

 

 
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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 20:15

( Cliquez ici pour  le compte rendu de la Soirée du 29 septembre 2013 avec Paquette/ Ciaravola)

 

 

Depuis quelques mois, je n'arrive plus à sortir de ma tanière pour aller voir de la danse à l'ONP

 

Je prends des places à "l'aveugle" puis je découvre la distribution et immanquablement, je revends ma place...

 

Il y a quelques années, j'avais absolument voulu voir Isabelle Ciaravolla dans la Dame... j'avais fait des pieds et des mains et casser ma tirelire pour aller la voir... mais hélas, la belle s'était blessée et avait été remplacée par une autre danseuse.... laquelle m'avait fait passer une soirée d'ennui  mortelle!!!!

 

j'avais donc pris en grippe le ballet, et même Chopin... bref, une de mes pires soirées opéra de Paris

Pourtant Neumeier n'a pas son pareil pour chorégraphier les blessures du coeur, alors quoi?

 

 

Cette année, toute résignée à ne plus mettre les pieds à l'opéra pour aller m'y ennuyer, j'avais renoncé à aller voir cette Dame à l'aveugle. Je m'étais dit " attendons les distributions"

 

Seulement, voilà : une fois les distributions parues, impossible d'avoir une place pour Isabelle!!!  C'est toujours la même histoire dans ce fichu opéra!

Personne n'irait écouter un opéra sans savoir qui chante, ou un film sans savoir qui joue! et pour la danse, et bien on est obligé de prendre sa place au pif si on ne veut pas avoir l'embarras... mais de toute façon, on n'a non seulement pas le choix, mais en plus l'embarras quand on découvre sa distribution, souvent celle que précisément on voulait fuir!!!

 

 

Même en m'inscrivant sur Bourse opéra, toutes les places pour les dates d'Isabelle me passaient sous le nez....

 

 

Jusqu'à ce soir où, O joie! j'ai enfin réussi à avoir une place pour dimanche

 

Alors, quoi? pas la peine d'écrire un article pour si peu! J'ai fait des histoires pour une Dame et une danseuse...

 

 

C'est vrai.... mais depuisdepuis la fin de l'ère " Noureev",  je traîne les pieds pour aller à l'opéra!

 

L'an passé, il n'y a que Don Quichotte qui a réussi à me faire sortir de chez moi! trois fois, et ensuite plus rien!

 

Donc là, m'arracher à mon cocon dimanche soir, et à mes répétitions d'odissi.... vaut un article sur ce blog!

 

, Isabelle... elle a ce charisme si spécial des étoiles, cette aura particulière, qui fait qu'on est attirée par sa lumière... qu'on veut la voir!  C'est devenu si rare, pour moi en tous cas....

 

donc j'ai hâte d'être à dimanche...

 

 

 

Je ne manquerai pas non plus sa Tatiana...   car ensuite, et bien la belle tirera sa révérence... et je verserai plus d'une larme!

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 08:06

 

 

 

 

Je voudrais juste évoquer rapidement cette danseuse pour qui j’avais une vraie vénération et qui rôle après rôle ne m’apporte que déception

 

Dans les années 2002/2005 environ, je l’ai vue dans différents seconds rôles – la demoiselle d’honneur de Don Quichotte, ou encore la demoiselle qui aime le piano dans le Concert de Robbins, sans parler de son rôle dans Carmen de R. Petit ou elle incarnait une gitane mais où elle éclipsait complètement la Carmen de ce soir là, tant elle pétillait! A chacune de ses apparitions, j’étais émerveillée, enchantée, je ne jurais plus que par elle ; elle assurait la relève des anciennes grandes – de Maurin à Platel en passant par Loudières –  car sa technique était parfaite et sa présence sur scène pleine de charme.

 

C’est donc toute heureuse que je prenais en toute confiance une place pour Casse Noisette

Premier couac : j’ai réalisé qu’elle était incapable d’incarner une jeune fille et sa candeur ; trop femme, trop star… cependant grâce à son merveilleux partenaire – Mathieu Ganio- tous les pas de deux furent des moments bouleversants, comme si Ganio lui communiquait un peu de son âme, de sa fibre artistique

 

L'année suivante, je prends des places hors de prix pour la voir danser Odette/Odile avec Leriche, mais elle se blesse.

 

L’année suivante, je reprends des places avec elle ; elle doit danser Cendrillon avec Leriche ; pas de chance, cette fois ci,  Leriche se blesse dès la première minute et est remplacé par Magnenet. Elle dansera Cendrillon, mais j'ai

  mis sur le compte de ce déroutant changement de partenaire sa mauvaise interprétation du rôle. Mauvaise, j’exagère peut être, mais en tous cas, sans subtilités aucune. Je n'ai pas vu au premier acte une jeune fille douce, pleine de compassion, star, elle l'est au second acte, mais presque " trop" - et il n'y a pas chez elle de ces subtilités que je lui avais trouvées des années plus tôt.

Ce soir là, ce furent encore les seconds rôles qui m’enchantèrent.

 

D'ailleurs, est ce un hasard? Je l'ai adorée dans le rôle de Clémence, où elle a été absolument parfaite, musicale, lyrique, et éblouissante.... c'était non pas le rôle titre, mais un rôle " secondaire".

 

Aussi, quand avant-hier, j'ai vu Kitri  littéralement éteinte, j'ai d'abord mis cela sur le compte du "ce n'est  pas le bon jour" mais au fil du spectacle,  je me suis demandée si sa petite lumière était partie...

Qu’arrive-t-il à l’une des plus talentueuses étoiles de l’ONP ? Pourquoi semble-t-elle tellement  soucieuse de bien danser  plutôt que de danser tout court et d'incarner un rôle ?

 La première fois, on se dit " c'est le stress"; la seconde, " la pauvre doit gérer une situation vraiment terrible, a-t-elle seulement répéter avec Magnenet" Mais la troisième fois, on se dit " il y a quelque chose qui ne va ; comment se fait il qu'une danseuse adorée  pendant dix ans perde à ce point sa flamme?"

 

Noureev dit « "Technique is what you fall back on when you run out of inspiration."  Et quand je vois Gilbert danser, je me dis «  il ne reste QUE la technique ; et encore au premier acte de D Quichotte sa variation d’entrée était plate, et sa variation des castagnettes sans joie !

Sa variation de la vision de D Q était trop sévère, on la sentait crispée, ayant peur du faux pas…

 

Bref…. Voilà maintenant plusieurs années que Gilbert est Etoile …. mais sa lumière semble à présent bien lointaine...

 

Le plus étrange, c'est que, au gré des videos, la petite flamme semble là lorsqu'elle danse à l'étranger....

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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 10:09

 image131.jpg

 

Je crois que c’est ce mot qui, pour moi, exprime le mieux ce qu’était cette étoile à mes yeux. L’âge fatidique de 42 ans (qu’elle aura dans quelques semaines) la met à la « retraite » en tant qu’étoile de l’opéra de Paris.

Tout le monde s’accorde à dire que c’est dommage, qu’elle est en pleine possession de sa technique, et que son artistique est sublime. Espérons qu’elle sera « invitée » lors de la prochaine saison et surtout, qu’elle continuera à danser sur d’autres scènes que celles de l’opéra. On ne peut pas l’imaginer s’arrêter maintenant, tant elle a encore à apporter à la danse, aux rôles qu’elle endosse.  Sylvie Guillem (47 ans) lui soufflera peut-être quelques conseils pour poursuivre sa carrière quelques années, même si ça n’est plus à l’opéra ?

 

Je me rappelle nettement chacun de ses rôles vus au cours de ces douze dernières années. (C'est à dire depuis que je suis retournée à l'opéra, après que je l'ai fui à la mort de Noureev) J’ai envie, à travers la galerie de personnages que je vais évoquer, de rendre hommage à une artiste vraiment à part, qui a toujours montré une grande discrétion et beaucoup d’humilité

 

J’étais frustrée l’an dernier, de ne pas pouvoir voir sa Juliette, car elle a été retirée des distributions sans que l’on sache pourquoi… j’aurais aimé la découvrir dans ce rôle qu’elle aurait sûrement rendu attachant, émouvant, plein de poésie, de lyrisme, de force et de grâce.

 

La première fois que j’ai vu Clairerarie, c’était dans le documentaire consacré à Nicolas Leriche. Elle était alors sujet, et elle dansait un pas de deux à la Flèche d’or sur une musique de Ravel avec son mari. Je me rappelle très bien ce passage, vu il y a plus de quinze ans. Elle y affichait une liberté de ton qui m’avait plu. Avec ses cheveux mi longs bouclés, sa robe à jupe évasée, elle incarnait la jeunesse, la grâce et une certaine « impertinence » voulue par la chorégraphie. « Voilà une danseuse différente des autres », m’étais-je dit devant mon écran.

Par la suite, j’ai pu la revoir dans de très nombreux rôles où elle m’a chaque fois profondément marquée

 

Elle avait su donner à Marie (Clavigo) une fragilité exceptionnelle et un lyrisme puissant. Je revois trèsclairemarie_osta_-_photo_anne_deniau_-_caligula_400x0.jpg nettement son solo dans la chambre, juste avant le « cauchemar ». Sa Marie se laisse séduire, souffre, meurt. Le spectateur vit chacune de ses émotions avec elle, jusqu’au bout. Ses duos avec Clavigo étaient intenses, pleins de profondeur. Il nous reste à la fin du ballet, l’image d’une jeune fille romantique brisée, partie trop tôt.

 

Dans la Maison de Bernarda de Mats Ek, elle est une sœur bossue bouleversante. On peut toucher du cœur l’âme de cette fille rejetée et mal aimée. Elle est poignante. Dans le solo où elle apparaît dans un académique chair avec le sexe et les seins marqués, son héroïne montre toute sa richesse intérieure, tout son moi profond. Pendant ce solo où elle est nue, elle offre son âme au spectateur, elle la met à nu. Aujourd’hui encore je me rappelle l’intensité de son interprétation, à la fois d’une grande force, mais pleine de souffrances, et de cette envie de dire qui elle est vraiment. 

 Clairemarie a toujours insufflé à ces personnages une profondeur, beaucoup de personnalité, d’intelligence ; elle a construit ses rôles avec une attention, une compréhension   personnelle, subtile, qui révèle une artiste très sensibilité – mais sans aucun pathos – chez qui la grande poésie épouse une imagination débordante.

 

À cette liste de rôles inoubliables, ajoutons sa Lune dans Caligula : comment fait-elle pour rendre aussi évanescente, impalpable ce fantasme convoité par Caligula, qui l’attire hors du  ciel pour mieux la briser ? Ses ports de bras, souples, sa grâce, sa présence irréelle, tout charme Caligula, amoureux d’elle à la folie. Là encore, je m’étonne d’avoir des pans entiers de « vidéos » dans ma mémoire que je peux me repasser à loisir ! Chacun des passages de cette artiste s’est gravé, comme sur un film sur lequel le temps n’a pas de prise. Lorsque je me plonge dans ces souvenirs de danse, tout est intact !

Pourtant, pas de technique à la Zakharova ou à la Guillem ! Une apparence presque frêle sur scène. Mais une intelligence, une compréhension des personnages qu’elle sait rendre uniques ! Et puis une part d’enfance, toujours disponible, de fraîcheur.

 

Je n’oublierai pas non plus son duo dans Appartement. Cette année, son interprétation était plus « cinglante »  que les années passées. Animée d’un grand feu intérieur, elle a donné à ces quelques minutes de duo autour de la cuisinière une intensité encore jamais égalée, malgré le répondant un peu mou de son partenaire (Bélingard au lieu de Belarbi). Son énergie, sa force y étaient totalement déployées dans toute leur puissance.

 

Ajoutons pour compléter cette galerie de personnages tellement attachants, la Ballerine dans Pétrouchka. Là aussi, je suis confondue d’étonnement de revoir très précisément le travail de ses petits pieds qui forgeaient chaque note de la partition comme des colliers de perle ; je revois sans peine son visage, ses expressions, ses grands yeux, sa délicatesse. Sa ballerine enfantine, candide, irréelle et humaine tout à la fois était  tellement attachante !

 

Je l’aurai vu encore cette année dans Tatiana (Onéguine) où elle donne à son personnage beaucoup de personnalité, de fragilité, de détermination, et de poésie. Là encore, une conception intelligente du rôle : cette Tatiana est déjà très affirmée dès les premières minutes du ballet ; on sent qu’elle a beaucoup lu et compris beaucoup de choses toute seule ; qu’elle porte un regard distant sur le monde,  et que son amour pour Onéguine va venir perturber sa vie à tout jamais.

 

Elle fut aussi le plus joli Cupidon jamais vu dans Don Quichotte ; une précision musicale dans ces variations, avec tout ce qu’il faut de léger, de virevoltant, de précis, de ciselé, d’enjoué, de vivant… Ses mouvements de tête d’une incroyable vivacité et si musicaux, synchronisés avec les coudes, les jambes rappelaient les pinsons qui chantent et sautillent gaiement dans les jardins.

 

828e7039a5509877aa0e83b101f8ba4247ccaf07.jpgA l’opposé, le magnifique premier pas de deux de In the night de Robbins. Impossible de décrire son lyrisme, le moelleux de ses bras et de son buste, l’abandon de ses poses, mais toute en retenue, et sa grâce. Et sa profonde compréhension de la musique, du monde nocturne et romantique.

 

Bouleversante dans la Petite danseuse de Degas, il  n’est pas excessif de dire qu’elle a sauvé à elle toute seule ce mauvais ballet ; là encore, elle insuffle à cette adolescente dominée par une mère diabolique ce qu’il faut de candeur, d’espoir, d’admiration, de jeunesse. Par un regard, un port de tête, elle exprime toutes les nuances et les contradictions du personnage. Sa petite danseuse est un trésor : émouvante au-delà des mots, on suit toutes les péripéties du ballet parce qu’on s’est profondément attachée à elle, et qu’on veut l’accompagner, ne pas la perdre.

 

 

Encore un rôle qui montre à quel point Clairemarie sait être une interprète d’exception : l’Eveil dans un autre mauvais ballet : Siddharta. Elle donne de la consistance à un personnage superficiel, créé par un chorégraphe qui n’a jamais dû se pencher en profondeur sur la spiritualité – ou en tous cas, qui n’en a gardé que l’aspect «  tape à l’œil ».

 

Dans Apollon Musagete, elle est une muse hors : voilà ce que j'ai écrit sur elle" Clairemarie est une interprête de génie qui réveille l'ensemble; elle se révèle bien plus qu'une ballerine : une artiste à part entière (...) dès qu'elle n'est plus sur scène, l'oeuvre retombe dans l'ennui.

 


Je finirai avec sa Carmen : très sincèrement, je ne peux pas dire que j’adhère vraiment à ce qu’elle a fait de ce personnage, le tirant plus du côté du léger, que du fatal! C'est un choix!

Mais l’autre jour, j’ai montré un extrait vidéo à mes élèves : la mort de Carmen -  Nous avions travaillé sur la scène de la manufacture version Rosi (opéra) et version Saura (flamenco). Ils voulaient tous voir comment Carmen mourrait. J’ai tout de suite pensé à elle. Je leur ai lu le texte de Mérimée puis montré l’extrait correspondant. Certains élèves ont été profondément marqués par son interprétation. (Et pourtant des adolescents de banlieue !) Voilà la magie d’Osta !

Cette artiste va beaucoup manquer à l’opéra. Clairemarie est un mélange étonnant d’enfance, d’intelligence, de poésie, d’émotions à vif mais retenues, sur le fil. Elle s’est emparée de tous ces personnages avec son cœur, mettant sa technique   à « leur service », avec toujours une grande simplicité, mais aussi tellement de finesse, de subtilité et surtout de profondeur.   

J’ai eu plaisir ce matin à me remémorer tous ces fabuleux souvenirs. Je n’ai pas vu sa Manon, mais en lisant les articles des uns et des autres, il est clair qu’elle a aussi apporté beaucoup à ce personnage.

 

Ce petit article est un hommage à une artiste qui a profondément marqué la spectatrice passionnée que je suis. Je n'ai commenté que les personnages vu sur scène. Je n'ai pas vu tous ses rôles

Voici sur le site " danser" sa fiche complète : Clairemarie Osta

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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 08:49

Il fait partie de ses "anonymes" danseurs du corps de ballet qui ne le sont plus dès que l'on va souvent  à l'ONP

Quand je dis, il fait, je devrais dire " il faisait" car Martin Chaix a   quitté l'opéra de Paris d'abord en 2006 pour une année sabbatique, puis en 2007 pour rejoindre le ballet de Leipzig;  il avait 27 ans. Depuis 2009, il fait partie de la compagnie du ballet du Rhin. Il y danse des rôles de solistes, tel le double rôle du Prince/Drosselmeyer dans Casse noisette; ce que l'opéra de Paris ne lui aurait sans doute pas permis.

 

Ce petit article - sans photo pour l'instant, j'en suis désolée! - pour rendre hommage à un danseur dont le départ m'a attristée; je cherchais toujours son nom dans les programmes dès que j'allais voir un ballet

Je l'avais remarqué un jour dans le corps de ballet; il dansait avec plus de coeur, plus d'engagement que les autres; sa danse était belle, sa présence charismatique. Toujours je le repérais même s'il n'avait pas de rôle de soliste - ce que permet le grade de sujet à l'ONP, comme par exemple dans le Carmen de Roland Petit où il dansait l'un des brigands.


A chaque fois qu'il était là,  sur scène, le ballet pour moi n'était plus le même! Il prenait une autre dimension.

Il fait partie de ces danseurs qui apportent un supplément d'âme à la danse

Quand il a quitté l'opéra de Paris, j'ai ressenti une vraie tristesse...

Aujourd'hui, Martin chorégraphie aussi. Il avait déjà créé une pièce pour l'ONP et il a continué sur cette route. Il a un site où sont mis en lien des extraits de ses créations 

 

J'espère de tout coeur que là où il danse, il est heureux! Je suppose que le ballet de Leipzig puis le ballet du Rhin ont été sensible à l'artiste charismatique qu'il est! Il peut aux seins de ses compagnies mûrir tout son formidable potentiel artistique qui crevait déjà les yeux même quand il était " noyé" dans le corps de ballet.

 

En tous cas, il aura fait partie de ces danseurs que j'ai profondément aimés et que je n'oublie pas. lls apportent leur petite lumière, leur flamme, leur âme sur scène et du coup, tout change... ils rayonnent et diffusent autour d'eux quelque chose de spécial qui touche le spectateur...

 

Voilà quatre ans déjà que Martin Chaix a quitté l'opéra de Paris, mais je me rappelle sans peine sa joie totale à danser  qui, plus que tout le reste, est la chose la belle à mes yeux.

 

 

 lien vers le site de Martin Chaix


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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 09:59

eleonoraEléonora Abbagnato

 

 

Voilà l’une des grandes artistes de l’opéra de Paris !

Elle est d’origine italienne – de la Sicile, pour être précise, et a intégré l’école de l’opéra en cours de parcours… elle explique que cela a été un vrai sacrifice d’être coupée de sa famille, de la Sicile, d’être à Paris… c’est une artiste singulière, vraiment à part dans le monde de l’opéra.

Je ne peux pas en faire un portrait complet, car je ne l’ai pas vue dans tout le répertoire qu’elle interprète, mais chacune de ses apparitions   reste marquée à tout jamais dans ma mémoire.

Si sa technique était moins fragile, sans doute serait-elle étoile ; artistiquement, en revanche, c’est une artiste époustouflante qui s’abandonne complètement à ses rôles. Elle a une façon de se donner sur scène unique, un quelque chose que les autres n’ont pas, une manière de se mettre en danger… on dirait toujours qu’elle danse comme si c’était la dernière fois… comme si sa vie en dépendait. Elle danse avec une sorte d'instinct, ce qui est unique à l'opéra. Non qu'elle n'ait pas une très belle technique - sans être virtuose, mais elle a un côté " animal". En ce sens, elle est à l'opposée de danseuse comme Sylvie Guillem qui met sa technique exceptionnelle au service de son intelligence, de la compréhension de ses rôles; je ne sous entend pas bien évidemment que Eléonora danse "comme ça, sans réfléchir" mais c'est ce qui ressort de sa personnalité. On oublie le travail en amant, on voit un être danser de toute son âme...

 

Très récemment, je l’ai vue dans le Sacre de Pina Bausch, elle était dans le corps de ballet, mais elle crevait la scène…    dommage qu’il ait été si difficile d’avoir des places pas trop chères pour ces représentations, car j’aurais beaucoup aimé la voir interpréter l’Elue.

En octobre, c’est dans le rôle de la Mort  - du Jeune homme et la mort - qu’elle m’a impressionnée. Techniquement, ses trépignements lors de son entrée en scène, sa beauté, sa sensualité mêlée à une cruauté raffinée en font l’une des plus belles interprètes de ce rôle.

 

Ce qui est curieux, c’est que Eléonora est très médiatisée, notamment dans la presse italienne ; elle a un côté star, diva, «  look at me »  un peu irritant parfois !  

Sur scène, tout cela disparaît, elle est simplement une très grande artiste au service de son art

 

C’est dans le rôle de Kitri que j’ai été le moins emballée… j’ai l’impression que ce sont les rôles dramatiques qui lui vont le mieux

Comme l’Anastasia de Ivan le Terrible – qu’on peut voir en DVD au côté du magistral N Leriche ; je regarde très très souvent sa variation où elle attend le retour d’Ivan… elle y est sublime, une fois encore, d’abandon, de lyrisme. Un grand souffle traverse sa variation de bout en bout

 

Voilà deux autres rôles où elle a excellé : Celui de Sylvia qu’elle a dansé au côté de Nicolas Leriche ; j’ai préféré son interprétation à celle d’Aurélie Dupont, sans doute plus sûre dans sa technique, mais qui n’a pas – ou n’avait pas il y a quatre ans - ce registre «  drame » à ses cordes. Le pas de deux final  entre Aminta et Sylvia est tout simplement déchirant ; on est là, impuissant, à regarder deux êtres faits l’un pour l’autre se séparer pour toujours… la jeunesse passée est enfuie, la solitude, glacée, se referme sur Aminta… il n’y a plus de retour possible, et pourtant, l’amour palpable, tisse un fil invisible entre ces deux êtres… Nicolas et Eléonora dansent ces deux personnages d’une façon attachante mais surtout poignante… parce qu’ils le font  tous deux de toute leur âme…

Ce qui fait qu’on ferme les yeux sans soucis sur les deux ou trois imperfections techniques d’Eleonora – comme ses sauts de chat à l’italienne qu’elle ne réussit pas très bien – tant le reste est émouvant au-delà des mots

Car c’est son point fort : transmettre directement ses émotions au spectateur, et faire que celui-ci ressenteivan le terrible 1 comme par empathie tout ce qu’elle traverse sur la scène

Enfin, deux mots sur son Isabelle dans Hurlevent – une fois encore dansé aux  côtés de Nicolas Leriche

Dans la chorégraphie de Belarbi, Isabelle dans à un moment donné les deux pieds noués par son collant, pendant que Heathcliff la maltraite

Eleonora réussit ce tour de force prodigieux qu’on la plaint, qu’on a une immense compassion pour elle, mais en plus, qu’on comprend l’amour qu’elle voue à Heathcliff… et qu’elle est prête, après avoir renoncé à sa vie dorée dans son manoir, à mourir pour cet amour…

Je ne serai pas triste du tout qu’elle ne devienne jamais étoile, tant qu’elle sera distribuée de façon intelligente dans des rôles qui lui vont à merveille et qu’elle danse avec passion

Je préfère continuer à la voir première danseuse talentueuse, qu’étoile qui ne fait pas face…

Quoi qu'il en soit, peu importe les titres. L’opéra a dans cette danseuse un vrai trésor dont, j’espère il prendra soin…

En 2002, lors d’un reportage sur  «  l’école des étoiles » elle se disait non prête à assumer le titre…

Puis elle est partie en 2009 pour un congé sabbatique d’une année, elle m’a manquée ainsi qu’à nombre de balletomanes…

Je suis ravie de son retour à l’opéra et  je me réjouis de la voir donner à ses rôles son âme tout entière.

 

valbeck 29/12/2010

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 10:52

sebastien-mathe.jpg

Article écrit en 2008

 

 

Le 29 janvier 2011, Nicolas Leriche aura 39 ans ; selon les règles de l’ONP, il lui restera trois ans avant la fameuse «  retraite ». J’y pense avec inquiétude : qui prendra la relève après son départ ? Qui a l’opéra possède son charisme, son intelligence, sa sensibilité, sa générosité et sa virtuosité ? Qui a en scène une endurance a toute épreuve ? Qui est capable de passer de Trisha Brown à Noureev, de Mats Ek à Neumeier avec le même talent ? Actuellement, à part lui, personne ! Martinez aura quitté la scène… et puis, même si j’admire beaucoup Martinez, je ne ressens pas émotionnellement la même chose que lorsque c’est Nicolas qui danse. En scène, Leriche se donne tout entier à son public.  On dirait qu'à chaque fois il offre son âme à son public. C'est rare et d'autant plus merveilleux que ce danseur est unique en son genre.

 

Nicolas est entré à l’école de danse en 1982 ;  on le voit d’ailleurs dans le documentaire « les enfants de la danse » : doué et charismatique, il l’est déjà,  cela ne fait pas l’ombre d’un doute !

Six ans plus tard, il entre dans le corps de ballet comme quadrille, cinq ans plus tard, il est nommé étoile par Patrick Dupont. Il a seulement 21 ans ! En onze petites années seulement, il s'est hissé au statut suprême : celui d'étoile... 

 

Ce danseur profondément sensible, humain, incarne chaque personnage avec toute son âme. Un petit vent «  slave »  souffle  sur la danse de cet artiste. Est-ce parce qu’il a été dans le corps de ballet à l’époque où l’âme de Noureev y était encore présent ? Je ne sais pas. Mais Nicolas Leriche est la synthèse parfaite d’un danseur expressif, profond, et techniquement, d’un danseur virtuose.

En ce sens, il est dans la filiation des Noureev. Ce qu’on emporte avec soi après une représentation, ce n’est pas « Leriche danseur », mais Abderam, Heathcliff, Siegfried, Roméo, les personnages qu’il a incarnés et qui nous sont entrés tout droit dans le cœur.


J’ai eu la chance ces quinze dernières années de le voir danser Albrecht, Siegfried, Aminta (Sylvia), Orion (Sylvia), Ivan le terrible, Heathcliff, Boléro, l’Oiseau de feu, Don José, Abderam, Siddharta, Petrouchka, Le Faune (Nijinsky, Robbins) Basilio, Appartement, Caligula, Désiré, Quasimodo, O Slozony, Suite en blanc, le Train bleu, le Jeune homme et la mort, Clavigo, et suites of dance de Robbins, Rendez vous notamment…ivan_le_terrible_1.jpg

 

Chaque personnage est unique et inoubliable.

Dans le Sylvia de Neumeier il est Orion, facétieux, espiègle, léger, virevoltant, candide et insouciant. Sa danse vive palpite comme le coeur d’un adolescent. Dans ce même Sylvia,  quelques jours plus tard il est Aminta, l’amoureux transi de Sylvia : blessé, le cœur en hiver, il erre solitaire à la fin du ballet dans les bois où ne résonne même plus l’écho de sa jeunesse ni la voix des nymphes disparues. On emporte avec soi cette souffrance, cette amertume, et des années plus tard, on s’en rappelle avec une précision confondante…

Nicolas a ce talent de nous emporter au cœur même d’une œuvre ; il doit être un interprète de rêve pour les chorégraphes ! Non seulement il transcende la technique, mais il apporte aux rôles une personnalité humaine et son extraordinaire intelligence de la danse.

Techniquement,   il n’a pas la ligne d’un Legris ou d'un JG Bart,  mais sa présence en scène est terriblement féline. Il en a l'aisance, la démarche, l'ardeur, l'allure dans la puissance de ses sauts, de son élévation. En outre, il peut être  tout à la fois très viril et féminin. En ce sens, c’est le frère jumeau de Guillem. Tous deux sont capables d’exprimer leur côté féminin et masculin avec la même foi.

Dans le jeune Homme, ce danseur devient une pauvre chose toute pétrie de souffrance. Et pourtant, sa danse reste puissante, virtuose, engagée. Il n’hésite pas à prendre des risques. Le rôle passe avant tout.   

Dans Ivan le terrible, il  incarne à la toute fin du ballet le pouvoir absolu, dans toute sa force terrible et destructrice. Auparavant, il nous aura montré tout le lyrisme dont il est capable lorsqu’il aime Anastasia ou encore toute sa fragilité, lorsqu’il est malade et traîne misérablement sur les genoux, sans pouvoir se redresser. Dans la conclusion de ce ballet, le mot terrible prend tout son sens. Nicolas saisit toutes les cordes et s'élève au dessus de la scène. On en reste cloué sur son fauteuil...

 

Bref : l’opéra de paris a un artiste magnifique, unique, un véritable joyau. Je dois le voir dans son dernier Lac des cygnes… payé une fortune puisque j’ai attendu les distributions pour prendre ma place…. Pour les trois saisons qui lui restent à l’opéra, je suis encore prête à casser souvent ma tirelire. Ce type d’artiste est si rare !

 

 

Il faut aussi évoquer Boléro, que ce danseur tient de bout en bout avec une puissance, une majesté, une sensualité et une présence hallucinantes. Il oppose à un travail féminin des bras et du bassin, une force féline dans ses sauts, ses attitudes, ses battements. 

 

Parlons à présent de  Siegfried : j'ai encore des frissons, rien qu'en y repensant, je l'ai vu aux côtés de Guillem,  - un de ces soirs où rien qu'à cause de sa présence, il y avait une électricité dans la salle intenable -  mais lui, tellement humble, tellement lunaire, happé par son rêve, a apporté ce soir là, toute la poésie qui manquait parce que la salle très "people" était venu pour la Guillem ( d'ailleurs magnifique elle aussi!)  

La première variation vous donnait la chair de poule: rien qu'avec un port de bras, un regard, une façon de placer la tête, Nicolas vous donnait à ressentir le spleen de ce jeune prince...  quelques années plus tard, aux côtés de Letestu et de Paquette,  il formait un trio en si parfaite symbiose qu'on ne pouvait plus quitter son fauteuil à la fin du ballet : on était " stupéfixié" comme le dirait JK Rowling...  c'était une perfection pleine de " rasa"... je revois encore le cygne fragile, le précepteur dur comme le métal, et le prince, belle âme si fragile sombrant dans le lac déchaîné....

 

Et puis Albrecht : que sa partenaire soit Pujol ou A Dupont, ce prince  amoureux et plein de culpabilité,  livre son âme au public; les entrechats du dernier acte doivent  donner les larmes aux yeux à Noureev qui les a, le premier, intégrés au ballet  pour  " qu'on entende les battements de coeur du Prince- " ( dixit Noureev) et quand Nicolas danse, on sent son coeur battre si fort que le nôtre s'arrête... inoubliable Albrecht....

 

rappelons nous de Basilio.... Pietra, Guillem, Letestu furent ses partenaires.... et Nicolas nous a enthousiasmé par sa fougue, sa drôlerie, sa virtuosité, son ardeur... on ressort du spectacle avec une joie de vivre qu'on porte longtemps en soi....

 

Son Heathcliff aux côtés de la magnifique MA Gillot, du ténébreux Romoli et du fragile Paquette était un condensé de cruauté, de passion et de désespoir...son Clavigo était trouble à souhait, maléfique, félin et cruel... son Faune, tout de désir paré... son Rendez vous donnait envie de le sauver, et son personnage dans suite of dance, plein d'ardeur, nous rappelle que la fougue vibre dans ses veines avec vigueur.... et que cette fougue est communicative... chaque rôle mériterait qu'on s'attarde pour en parler. Il suffit que je revois le ballet pour ressentir l'émotion et ce qie le personnage m'a transmis alors.... quand à son Quasimodo... si touchant si pathétique, si douloureux.... aux côtés de la si belle Guérin, il était fragile et emplissait le coeur des spectateurs de compassion...

 

 

Bref, même si c'est un peu absurde de réduire un artiste en mot, ceux qui me viennent pour Nicolas, sont virtuosité, puissance et âme; en scène, il ne danse pas : il est, il donne...


Le_Riche_couv-2.jpgÀ noter le magnifique livre que lui a consacré Anne Deniau dont je parlerai dans un prochain article.

   

 

Un documentaire date de 1999 : il est superbe.... depuis, sa carrière s'est écoulée.... comme cela a passé vite, hélas...


à suivre : Nicolas Leriche, quelques autres rôles

Dvd, documentaires


lire aussi sur ce blog : caligula

et les articles suivants!

 

note du 13 avril :

 

A LIRE : les adieux de Nicolas Leriche

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 10:45

 

 

guerin055.jpgVoilà un article que j’aurais voulu écrire il y a longtemps. Isabelle Guérin me manque, surtout lorsque je regarde les captations – nombreuses, heureusement, - que nous avons d’elle.

Je l’ai découverte en 1984 à l’opéra de Paris, dans Raymonda où elle dansait la danse des Sarrasins : coup de foudre immédiat, total, comme je n’en connais plus vraiment ces derniers temps (récemment, sur le forum où j’écris, tout le monde encensait A. Albisson dans le Loup de Petit, et je me disais qu’il n’y avait  pas de quoi s’extasier !!! c'est très révélateur d'un context si pauvre en talent qu'on crie bravo à la première prestation digne de ce nom, même sans brio) Dans cette danse des Sarrasins, elle irradiat.... dans la salle, tout le monde a retenu son souffle, puis un tonnerre d'applaudissement a retenti; elle est revenue saluée avec son partenaire, toute étonnée de son succès : voilà, c'est Guérin, modeste, talentueuse, qui hypnotise toute une salle en quelques instants!

 

Ensuite, je l’ai guettée pour  la voir dans les rôles qu’elle a marqués de son talent : modestie,  sensibilité, pureté sont les mots qui la décrivent le mieux en scène. Et puis une grande force. On la sentait sûre... C'est ce qu'aimait tellement Noureev chez les danseuses féminines: elles devaient être des ballerines accomplies, être très féminines, mais posséder une grande force, ce qui était le cas de  Platel, Guillem, Loudière, Pontois...

 

Guérin n’a jamais visé l’esbroufe ; sa technique parfaite a toujours été au service de son talent – Leriche et Dupont ont tous deux ce même côté modeste en scène aujourd'hui, c'est sans doute la raison pour laquelle je les aime autant. Elle aurait pu danser "tape à l'oeil"; très belle, grande, longue et fine, les mouvements sur elle rendaient " beaux et larges"; elle aurait pu danser en mettant en avant ses qualités, sa beauté, son panache - ce que faisait F Legrée d'une certaine manière : j'étais bouche bée devant ses bras, ses jambes, sa technique un peu " tape à l'oeil"

Mais Guérin avait en elle cette pureté dont je parlais tout à l'heure ; cette modestie, cette classe que Noureev appréciait chez les danseurs et qui était innée chez elle. ( Platel avait toujours l'air tellement de l'élève modèle, à côté! alors que Guérin semblait si naturelle!)

  

Il y eut en 1987 un superbe documentaire sur la transmission des rôles par Y Chauviré réalise par le formidable D Delouche

On y voyait – entre autre – Loudière, sublime de légèreté, de virtuosité répéter Flotow, et Guérin apprendre de la créatrice elle-même le rôle d’Ishtar, la déesse qui doit descendre aux enfers et se dépouiller de son paraître pour sauver son fils qui y est retenu

Après avoir vu ce documentaire, je n’avais qu’un désir : la voir danser Ishtar sur scène.

Ce fut le cas quelque temps plus tard, l’un de mes grands souvenirs de danse! Encore un immense coup de foudre! 

Par la suite j'ai acheté la video, puis lorsqu'elle fut complètement usée, je la rachetais en dvd; je la regarde toujours beaucoup aujourd'hui!

 

Elle aborda tous les grands rôles classiques révélant ses talents de tragédienne dans Roméo, son immense sensibilité dans Nikya (la Bayadère) ou encore sa grâce infinie dans Esméralda (aux côtés de Leriche, Legris, Hilaire : voyez un peu le plateau !!!!) Elle est tellement belle! Elle est Esméralda; mutine, légère, douce, aimante, fragile, fidèle, sensuelle... on la brise; elle plie mais ne cède pas...

  

On peut la voir encore aujourd’hui en captation dans le Parc de Prejlocaj, et surtout - et je le regarde souvent- dans le documentaire sur la Bayadère. Elle explique comment elle a appris le rôle et on la voit en répétition lors de la reprise du ballet créé en 1993, année de la mort de Noureev. Je ne me lasse pas de la voir répéter ses solos, ni de l'écouter évoquer cette époque... l'âme de Noureev est là aussi quelque part....

 

 guerin01.jpg

 

C'est Noureev qui l’a nommée, comme il a nommé Guillem, Hilaire, Legris, Maurin, Belarbi…

 

J’aimais surtout en elle sa capacité à s’abandonner totalement à son rôle. Jamais en scène je n'ai vu sa technique mais le personnage qu'elle interprétait. Sans doute Noureev y est-il pour beaucoup dans la capacité qu’elle avait à mettre son âme sur scène, sans fioriture. Elle proposait alors une lecture personnelle du personnage qu’elle dansait – moins révolutionnaire peut-être que ce que Guillem faisait - mais avec une authenticité, une sincérité absolues, désarmantes.

Et puis, chacun de ses pas respirait une infinie poésie : du grec : poien, créer .

Comme si elle ne dansait pas des pas appris, mais qu’elle les inventait au fur et à mesure que le ballet se déroulait sous nos yeuxguerin04.jpg

 

Souvent, je la regarde dans les variations de Bayadère, ou encore dans le solo d’Esméralda ou le pas de deux qu’elle danse avec Quasimodo-Leriche

 

Elle a aussi créé beaucoup de rôles à l’opéra de Paris. Je regrette de ne l’avoir jamais vu dans Manon de Mc Millan

Aujourd’hui encore, le simple fait de la voir en video dans la mort de Juliette me met les larmes aux yeux…

 

Elle a déjà quitté l’opéra depuis 2001, même si elle y est revenue danser en «  guest » notamment pour le Parc de Prejlocaj

Décidément, le temps passe si vite !

mais telle est la magie des étoiles, dont la lumière nous vient même du passé!

 

 

Les photos sont de J Moatti, extraits du site ballerina

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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 10:03

karl-paquette-delphine-moussin.JPG Ne vous y méprenez pas! ce n'est pas une photo le soir de sa nomination, mais l'une lors du salut de la Belle au Bois Dormant, dans le rôle de l'Oiseau Bleu, où il m'avait enchanté...
Karl Paquette est un artiste émminement attachant - comme nombre de personnalités à l'opéra de Paris - que j'ai vu pour ainsi dire à chaque fois que je vais voir un spectacle : il est toujours là pour remplacer un danseur blessé, prendre un rôle à la derniète minute, rendre service en servant de partenaire à nombres de ballerine...

Danseur étoile au rabais?

Ah non, pas lui! il n'a peut être pas la flamboyance d'un Legris  d'un Hilaire ou d'un Leriche, mais un charisme extraordinaire!!! A chaque fois qu'on le voit danser, il marque profondément; on oublie peut être les autres mais lui pas! Il éclipse parfois   les solistes des les rôles titres de la soirée même si'l ne vient danser que quelques minutes sur scène, comme pour la danse arabe de Casse noisette!
Parmi les  très nombreux rôles ou je l'ai vu danser et où je l'ai vraiment adoré je cite de mémoire : le chef des gitans dans Don Quichotte, pour son panache, sa force, son charisme,  Basilio, dans Don Quichotte toujours, pour la grande qualité de son partenariat avec E Abbagnato,( il est vraiment attentif à ses partenaires)  et pour ses qualités d'acteur: capable de beaucoup d'humour et d'espiéglerie, il peut être très drôle! Mais il peut aussi tout à fait être à l'opposé, comme pour le rôle de  Kourbsky dans Ivan le Terrible, où, littéralement déchiré entre son devoir, son amour pour Anastasia, il   est un traitre qui force la compassion... dans ce rôle il allie la qualité technique de la danse à des sommets dans l'émotion! Je cite encore de mémoire  le marchand, dans le ballet les mirages de serge lifar,  pour son charisme, ce petit grain de folie qui manque à tant d'autres à l'opéra de Paris. Voilà le seul danseur  que j'ai retenu de cet ennuyeux ballet ( hormis Dupont dans l'ombre) Son oiseau bleu, dans la belle au bois dormant, est  l'un des plus poétique oiseaux bleus que j'ai vus, plein d'espiéglerie, d'élegance, formant un duo très vivant avec la princesse Florine/ Moussin.  Dans  l'oiseau de feu,  de béjart, il a ce soir là éclipsé N Leriche dans le rôle titre, lorsque l'oiseau renait à la fin du ballet : sa présence magnétique allait à merveille avec le propos de Béjart!
Ajoutons encore le fabuleux  précepteur du prince Siegfried dans le lac des cygnes aux  côtés de N Leriche et de Letestu où il devient Rothbart, le magicien, dans le songe du prince... le pas de trois final figure parmi mes plus bouleversants souvenirs artistiques :
Paquette sait aussi merveilleusement travailler avec les autres.... sans perdre aucunement son identité; cela aussi, c'est du grand art
Et puis enfin,  le rôle de Linton dans Hurlevent de Belarbi; la scène où le pauvre Linton superpose les gilets, robe de chambre et autre dans son grand manoir froid et vide, puisque Cathy est morte ou va mourir, reste aussi gravée dans ma mémoire; cette scène qui peut être un peu ridicule a été transcendée par son engagement artistique :  Karl Paquette est plus qu'un simple interprète, il est " créateur" puisqu'il insuffle à tous ces rôles ce petit quelque chose de plus qui vient de son âme...

voilà ce que j'écrivais pour Linton :
" Karl Paquette aussi a donné une consistance incroyable au pâle Edgar ; tout figé et un peu ridicule au début, débordant de bonnes et creuses manières, puis le personnage évolue, jusqu'à nous rendre palpable sa solitude et le vide de sa vie si lisse que Cathy n'a fait qu'effleurer

Il danse d'abord comme un pantin bien élèvé : ronds de jambe et ports de bras figés, il a un habit vert, peut être en velours bien ajusté, et des bas bien tirés dans ses souliers ( rien a voir avec le pull et la pantalon " grunge" et les pieds nus d'Heathcliff)puis il perd peu à peu son assurance, ses manières, jusqu'à ce solo halluciné où il enfile habit sur habit : il m'a bouleversée tant il a donné à son personnage, donc aux spectateurs... aucun de ses habits ne recouvrira le vide qui l'entoure, ni ne réchauffera le froid qui le dévore... et Joseph est là, complice, spectateur ou simple témoin? Karl Paquette évolue beaucoup et bien cette saison...!"


je l'ai encore vu tout récemment dans la danse arabe de Casse noisette où sa partenaire Pagliero était décevante par rapport à la sensualité apportée par Romberg, remplacée ce soir là.danse arabe 2 Le couple n'était pas harmonieux, mais lui, égal à lui même, avait cette présence forte et puissante.

On ne retient pas en premier lieu  de Paquette ses qualités techniques, sa virtuosité, même si ces dernières années ( depuis Ivan le Terrible) il a considérablement   affiné sa danse,  l'a rendu plus souple, plus fluide, beaucoup plus " propre"; ses sauts sont plus élégants et plus légers,  il a perdu une certaine " brusquerie: sa technique de danse est  devenue belle,affirmée, solide,  sans être   brillante.  En revanche, ses qualités artistiques, poétiques et humaines  et son immense talent d'acteur, cet art qu'il a de revêtir n'importe quel rôle forcent le respect, l'émotion, l'admiration. C'est un artiste merveilleux,comme il en existe beaucoup à l'opéra mais il a ce plus charismatique  qui signe les étoiles. Parce qu'il a une vraie personnalité!
 Sur scène,  c'est d'abord le personnage que l'on voit, que l'on ressent : sa technique  est mise au service de  ce personnage, ce qui, - comme pour Kourbsky - lui permet parfois des prouesses techniques surprenantes,  comme insufflés par le personnage lui même. Trop souvent à l'opéra, je vois  l'inverse : le danseur mise sur sa virtuosité pour donner corps au personnage ce qui ne réussit pas toujours! c'est un peu ce que j'ai ressenti par exemple pour la Clara de D Dorothée Gilbert, magnifique, mais on voit la virtuosité avant le personnage; ce n'est pas le cas avec Karl qui donne vraiment une âme à tous les personnages qu'il incarne.
Il a abordé quantité de rôles à l'opéra,  y compris les rôles du repertoire comme ce Drosselmeyer de Casse noisette sur lequel il a été nommé étoile.

Maintenant qu'il est étoile, il pourra approfondir la connaissance qu'il a déjà acquise des grands rôles du répertoire : il doit danser Armand, dans le ballet la Dame aux Camélias, de Neumeier que je ne me suis toujours pas décidée à aller voir parce que le piano seul  et Chopin accompagnent tout le ballet.... j'ai peur de m'ennuyer... mais s'il danse Armand, j'irai peut être si je trouve des places pour les dates qu'on lui donnera.

Il a trente trois ans, et à présent ( en tous cas je l'espère!) la liberté d'aborder de nouveaux rôles dans lequel il apportera son supplément d'âme!
 

je lui souhaite ici de tout coeur de très belles années en tant qu'étoile et le remercie pour toutes les émotions artistiques, poétiques et l'humour qu'il a donné à la spectatrice que je suis !!

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NB : 6 ans plus tard, Karl Paquette m'enchante toujours autant ; par exemple, il a été un Armand bouleversant dans la Dame aux Camélias aux côtés de Ciaravola et s'est montré  princier, drôle et flamboyant dans le Paquita du 4 mai 2015

 

Un artiste qui aime profondément dans la danse classique qu'il sert de tout son coeur, avec une ferveur toute mystique.

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