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  • : Un jour, une œuvre
  • : Créé en 2006, ce blog rédigé par Valérie Beck autrefois consacré à la danse et à ma compagnie se diversifie davantage.
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Noureev

 

Danser, telle la phalène sous la lune, le pinceau du calligraphe, ou l'atome dans l'infini 

                                              

marie-taglioni-in-zephire.jpg

27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 10:33

Noureev, Roméo et Juliette  

romeo_juliette_noureev.jpg 

 

Hier, en regardant la magnifique captation  de ce ballet chorégraphié par Noureev avec dans les rôles titres Loudières, Legris, Jude, Averty, Delanoé et Romoli pour ne citer qu’eux, je me suis  dit avec tristesse que le Roméo qui sera présenté la  saison prochaine à l’opéra de Paris n’aura plus grand-chose à voir avec l’original

Certes, ce ne sont pas les bons danseurs qui manqueront – Pujol est extraordinaire dans le rôle-titre, Leriche y a brillé, - je ne sais pas s’il voudra réendosser le rôle aux nombreux portés - de même Ganio pourrait y faire des merveilles, sans parler de Dorothée Gilbert aussi

 

Non, si cette future saison ne me tire que des pensées nostalgiques, c’est parce que Noureev lui-même ne sera plus là pour tout régler, et que dix sept ans après, les danseurs qu’il avait formés ne sont plus là non plus insufflé son esprit à cette chorégraphie longue, difficile, mais pleine d’émotions.

 

Ah, me direz-vous, il faut bien que les choses changent un jour !

 

Oui, si elles ne perdent pas en qualité…

 

Pour la captation, aussi belle soit-elle, certaines choses avaient déjà été changées par rapport à la production de 1984 et la reprise de 1991

Par exemple, la chambre ne s’ouvrait plus sur le ciel bleu immense de Vérone… ce sont ces petits détails qui font que peu à peu la magie s’évente comme un parfum dans un flacon, gardé trop longtemps.

 

Par le passé, j’ai vu bien des danseurs et danseuses se fondrent dans les personnages avec un talent qui arrachait les larmes : Guillem et Hilaire, dans leur jeunesse, étaient simplement Roméo et Juliette ; ils sont inoubliables. Vingt ans après, je m’en rappelle encore. Pujol y a montré à la fois sa virtuosité technique et ses qualités de tragédienne ; elle m’a bouleversée ! Leriche a apporté sa poésie, son engagement total d’artiste inspiré ; un Roméo sublime !

Dans les rôles secondaires Romoli se révélait une « teigne » en Tybalt,  tandis que Delanoé campait le plus délicieux et facétieux des Mercutio

Voilà pour les souvenirs

 

J’en ai d’autres, moins brillant : un Hilaire épuisé, en juillet, ayant remplacé tous ses collègues blessés,  et affichant une mine fatiguée et des pas approximatifs, une Letestu- Juliette,  ennuyeuse à mourir, exibant une technique sans la moindre once d’émotion,  un Thibault- Mercutio qui en fait dix fois trop et qui ne fait rire que lui-même ! à oublier !

 

La dernière fois que j’ai vu ce petit bijou, j’étais triste : il y a une scène très  belle qui ne rend bien que si tout est parfaitement en place ; c’est une danse de divertissement,  vraiment  poétique, pendant laquelle des jongleurs dansent avec des drapeaux ; lorsque ceux-ci sont maniés avec la même énergie, faite de ralentis, d’accélérés, de vrilles inattendues, on devient alors comme un enfant : on admire la magie des grands tissus flottant le long des hampes, on se perd dans la contemplation des drapeaux qui se déploient, tourbillonnent, s’élèvent puis s’abaissent tous ensemble. C’était tout à fait dans  l’esprit de Noureev de mêler ainsi différents styles de danse.

Ce soir là, ce n’était pas le cas : les danseurs agitaient leur drapeau n’importe comment, aucun d’entre eux n’était ensemble ; le comble c’est que quelques uns  ont même eux des fous rires sur scène à cause de leur «  raté ». C’était pathétique !

 

Année après année, les pas restent, mais l’esprit, la magie s’envolent…Tout ce qui avait un sens avec Noureev devient figé, vide…

Tout ce qui faisait la force de ce ballet tiré de Shakespeare n’est plus qu’ un divertissement creux, sans âme…

 

En outre, comment faire la saison prochaine pour choisir sa distribution, vue que celle-ci parait quand toutes les places sont déjà vendues ?

 

Pour en revenir à la captation elle-même, j’étais heureuse de revoir Charles Jude, extraordinaire dans le rôle de Tybalt. Dès son entrée en scène – et sur le dvd – on ne voit plus que lui ! Il faisait partie des danseurs qui avait à la fois une forte personnalité, une maitrise technique, et un sens artistique prodigieux.  La rencontre avec Noureev lui a permis d’aller au bout de ce potentiel déjà riche !

 

J’ai assisté à l’une de ces dernières scènes, dans le rôle d’Albrecht, de Giselle

Si la Giselle ne m’avait pas trop emballée –Elisabeth ¨Platel que j’ai toujours trouvée sèche, scolaire, trop appliquée - Jude s’était révélé un prince émouvant au délà des mots…

 

  A suivre!!!

 

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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 15:41

Ce lien uniquement pour parler de Noureev, parce qu'il était unique!

Il a redonné, dès les années 1983 à l'opéra de Paris, une magie qui s'est éteinte avec sa disparition

certes, l'opéra de Paris est toujours une compagnie merveilleuse qui fourmille de talents formidables, des coryphées aux Etoiles... mais lorsqu'il était vivant et qu'il était directeur de la danse, les danseurs flamboyaient... tous étaient étoiles d'une certaine manière, tant leur présence en scène scintillait, comme des diamants...

Avant d'accepter la direction de la danse à l'opéra de Paris, Noureev a été l'un des plus grands danseurs de son temps.

Malheureusement, je l'ai vu danser sur son déclin... il avait toujours l'allure d'un tigre, impérial, charismatique, mais la technique l'abandonnait déjà...

Au fur et à mesure de mon humeur, je repetorierai les dvd, videos, site qui lui sont consacrés

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 10:16
grand jeté ciaravola  Suite de mes élucubrations sur le Casse Noisette de Noureev. C'est le seul ballet de Noureev que je n'ai encore jamais vu sur scène. Pourquoi?
Parce qu'enfant, je n'avais pas aimé le conte de Hoffmann que j'avais emprunté à la bibliothèque; il s'intitulait Casse Noisette et le Roi de Souris. Impatiente   de découvrir cette histoire, j'avais vite déchantée, car j'avais ressenti une sorte de malaise face à  récit confus, fouilli, à ce roi des souris qui mordait les pauvres soldats de plomb et les terrifait! Son récit était terrible!!! Déjà que le pauvre casse noisette avait été mis en pièce par le petit frère de Clara!! C'était trop pour moi!


( le grand jeté, c'est Isabelle Ciaravola!!!)


La version télévisée que j'avais pu voir quelques années après n'avait rien arrangé. ( Je crois que c'était avec Noella Pontois, mais je n'en suis pas si sûre!) Pas de danse,  trop de mime, qu'est ce que l'on  s'ennuyait ferme   le jour de Noel dans cette maison bourgeoise. Pire que chez moi encore, où les Noels avaient un goût bizarre de fête et d'amertume! Et ces cadeaux qu'on distribue aux enfants sur scène, pas vraiment réjouissants! La seule chose qui m'avait plu, c'était la fausse neige qui tombait sur scène...
Bref; Casse noisette a toujours été synonyme pour moi d'ennui, de famille barbante et de fouilli... mais finalement, c'est cela aussi Casse Noisette, sauf que je rêvais d'un autre ballet à l'époque!...

Il y a deux ans, j'ai pris des places, motivée par la présence de Nicolas Leriche et de L Pujol, mes deux idoles, dans les rôles titres. Cette année là,   le site de l'opéra offrait à ses internautes un calendrier de l'avent : chaque jour,    une petite fenêtre s'ouvrait à la date du jour  sur le monde enchanté de casse noisette et    sur les répétitions. j'adore voir les danseurs au travail! Ciaravolla y parlait des flocons, N Daniel y incarnait une étrange poupée pleine d'exotisme et de brio... on voyait Dorothée Gilbert avec son magnifique sourire...

Cela m'avait donné envie de le voir, en partie à cause de mon amour pour les danseurs de l'opéra de Paris. Malheureusement, les grèves m'ont empêché d'assister à cette représentation, et à la suivante ( je devais voir Gilbert/Legris)

Cette année, j'ai retenté ma chance mais là, à la dernière minute ( une demi heure avant la représentation pour être exacte) , c'est ma babysitter qui  n'est pas venue.... C'est donc un ballet maudit???

heureusement, quand on aime, on ne compte pas, et j'ai repris des places pour le  25 décembre  avec cette fois ci Dorothée Gilbert et M Ganio...

Entre temps, la télévision a diffusé l'intégralité du ballet ( capté il y a donc deux ans ). Myriam ould Braham et J Bélingard et une foule de danseurs  éclairent la scène de  leurs talents, telle l'extraordinaire Ciaravolla, que vous voyez en flocon, s'envoler  dans un prodigieux grand jeté

Là, bizaremment,  je me suis laissée prendre par ce récit d'où filtre une puissante mélancolie... c'est Noël, et Clara se réfugie dans le rêve  pour échapper  à une famille qui l'ennui, à un petit frère qui casse ses jouets, à des invités sans saveur... c'est cela le monde des adultes?  Où est leur part d'enfance?

Pourquoi ce revirement de ma part? Pourquoi ce désir tout à coup de voir absolument Casse Noisette que je fuis depuis 20 ans?  La raison en est simple : Noureev me manque! Ou comme le chantait Gainsbourg : " la nostalgie, camarade!!!"
Le niveau qu'il avait donné à l'opéra de Paris aussi. Je viens de visionner des ballets par le Kirov filmés récemment, il n'y a pas photo quand à la différence de niveau technique et d'engagement artistique entre l'opéra de Paris et le Kirov !!! le Kirov ressemble un peu à ce qu'était l'opéra de paris il y a quinze ans. Les danseurs y sont brillants, puissants et artistiques tout à la fois.  Mais au fait c'est vrai : 
 Noureev ne dirige plus l'opéra depuis 20 ans... cela fait toute une génération de danseurs. Ou sont les Guérins, Loudières, Maurin, Hilaire, Legris, Bélarbi qui ont fait les beaux soirs de l'ONP? Tous partis... il ne reste que Leriche, d'une certaine manière....
Quoi? 20 ans? déjà? mais oui, comme le chantait Reggiani : "le temps  a passé pendant que j'avais le dos tourné"

  Ould Braham n'est pas pour moi l'interprète idéale de Clara, malgré l'excellence de sa danse; en outre, elle est  ravissante,  crédible en toute jeune fille,  le tutu et le diadème lui vont à ravir, mais  alors, quoi, me direz vous?  Elle est si appliquée! si scolaire! Chaque pas est parfait mais on dirait qu'elle fait sa classe du matin... comme c'est dommage, elle a tout pour être une extraordinaire danseuse, il lui manque un petit grain de folie qui fait toute la différence entre la technicienne et l'artiste.
Heureusement, Bélingard lui insuffle de l'humanité, de la chair, si je puis dire;  on dirait   Orson Welles dans le rôle de Mr Rochester, il a le même sourire carnassier! Cela  fait un couple bizarre, avec une ballerine très classique, et un danseur de caractère, félin, mais dont le travail des pieds n'est pas toujours très propre;  les jambes tremblent un peu, c'est un peu brouillon!!! Mais ça vit! et cela contrebalance le côté trop sage de Clara.
 Artistiquement, ce prince version Bélingard est sacrément sensuel,  il dégage une espèce d'animalité que j'ai rarement vu  et qui est dans ce type de rôle tout à fait inattendu. Il  fait voler en éclat les princes propres et lisses version J Martinez, par exemple,  toujours parfait! Quand à son interprétation de    Drosselmeyer, il y montre  un charisme de grand acteur shakespearien!! j'adore Bélingard!

danse-arabe-2.JPGFrance 3 m'a aussi permis de voir mes deux autres idoles, Karl Paquette et S Romberg, étonnante elle aussi, car tellement atypique. Romberg n'est pas une ballerine pas plus que Bélingard n'est un danseur classique; ce sont deux personnalités très fortes, charismatiques. Ils feraient merveille au   Bolshoi que j'ai vu il y a trois ans ; les danseurs s'investissent tous sur scène mais   les cinquièmes ne se ferment pas à temps, les receptions se font comme elles peuvent! Il y a l'énergie, le plaisir, au détriment d'un travail de placement, de propreté "' si école française" d'autrefois ( et que bizarement Ould Braham possède parfaitement! à croire que maintenant à l'opéra on a l'un ou l'autre!!!  ou de belles ballerines trop lisses, ou des danseurs de caractère qui négligent un peu la précision et la propreté des pas classiques, Leriche mis à part. Ah, Noureev, si tu étais là, tu insufflerais un peu de ton âme slave à la délicieuse M Ould Braham!!!)

Pour Romberg, par exemple, on ne l'imagine pas trop en Odette, la princesse cygne du    lac des cygnes, mais elle transcende son rôle de danseuse orientale dans casse noisette et offre avec Karl Paquette un duo oriental  séduisant, puissant, qui  devient l'un des grands moments du ballet avec la scène des flocons!

Voilà si tout va bien, je découvrirais donc sur scène ce Casse noisette le 25 décembre; beau cadeau! et même plus que cela, véritable clin d'oeil!!!
J'aurai évidement une pensée pour Noureev et son tombeau, actuellement recouvert de neige...
Sait il, là ou il est,  que des coeurs ardents, comme le mien,  pensent encore à lui et à ses ballets 17 ans après sa mort??? je l'espère, et puisque c'est Noel, bientôt, j'en profite pour lui dire qu'il me manque, et que j'espère qu'il brille toujours autant au milieu des étoiles... ( à mon avis, il a dû apporter beaucoup de vie, là où il est!!! beaucoup de passion russe!!!)flocons.JPG
 
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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 20:32

 http://www.kirikoo.net/images/7Brunehilde-20091215-213552.jpg

  

"C'est comme dans Pétrouchka, disait Noureev, la vie s'écoule au dehors, bruyante et joyeuse, et à l'intérieur du petit théâtre de foire - dans l'univers clos de la boîte - se joue un drame intime."  


Casse noisette, conte de Noël?
C'est plus que cela... il y a une profondeur, une mélancolie dans l'oeuvre de Noureev qui l'éloigne des versions bêbêtes données par les autres compagnies.

C'est déjà une partition d'une envoûtante beauté, où les mélodies tour à tour enchantent, ensorcèlent ou bien attristent .
L'émotion, dans Casse noisette, c'est déjà les voix, les instruments qui s'associent et se répondent plein de gaité ou de   larmes. Casse noisette est traversée par un souffle magistral, gigantesque, et tellement russe...
Les sons de la fée Dragée  déposent leurs givres sur les arbres   dénudés que le gel a blanchi... la valse des flocons de neige virevolte sur un paysage qui disparait peu à peu, engloutis dans le silence blanc,  les contrebasson, basson, clarinette graves boisent  ces paysages profonds et mélancoliques où frémissent les cordes et les voix d'enfants, qui un jour, peut être, seront vieux...
 profondeur, tristesse, poésie, candeur.. tout est là, dans ce    pays imaginaire, ce pays du jamais jamais,   où l'on va quand on est enfant triste...
Alors on fait surgir des hordes de rats qui se battent contre des soldats de bois, un casse noisette vous emporte dans un pays de neige où se dessinent les  poétiques silhouettes  des grands angesde pierre qui veillent sur  des temps révolus, on regarde émerveillée les créatures s'animer...est ce qu'on y croit vraiment? est ce qu'on fait semblant?    quand la famille réapparait au milieu de ce pays du jamais jamais, le rêve devient épouvante et il faut s'en protéger...

 

Le drame intime dans le conte d'enfant... Si Noureev l'a mis avec tant de simplicité touchante, mais tant de force aussi,  c'est que ce drame le touche de près
Il vit loin de sa Russie, de ses neiges, de sa famille... de sa mère.

Clara, l'enfant,  n'est comprise que d'un seul des adultes invités au reveillon de Noel. Son bizarre oncle, Drosselmeyer, qui lui offre le casse noisette; ce seul adulte, un tant soit peu interessant et aimant  devient prince pendant le sommeil de Clara; ensemble, ils découvrent lepays du jamais jamais, loin de l'intimité de la maison sombre où l'on fête Noël, et de ses invités qui respirent l'ennui... tout comme Peter emmenait avec lui Wendy et les enfants...

La valse des flocons de neige restitue à elle seule toute l'âme russe :  Noureev   avec son fantastique costumier et décorateur Georgiadis, a su    mettre en scène cette valse en lui donnant une poésie que je n'ai vue dans aucune autre production  : soit les flocons sont ridicules, soit les décors sont ridicules - ou pires les deux ( flocons affublés de gros pompons blancs qui gênent les danseuses, rose bonbon des décors, coiffes de mauvais goût, arbres recouvert de fausse neige qui font pitié!  - soit la chorégraphie est bêbête...
là, c'est le grand hiver russe, poétique où l'on devine l'ombre   de Snegourotchka, dans ce pays du jamais jamais où rien ne blesse, ou tout est immense et blanc...

Le casse noisette de Noureev redonne toute sa place à l'enfance et au monde de l'enfance... celle où les ombres de l'angoisse se profilent et sont tenus en échec par le monde imaginaire, le monde de Noël où il est permis de croire que tout ira bien, que tout est possible....

à suivre

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3 décembre 2008 3 03 /12 /décembre /2008 09:35


Je ne vais pas, dans cet article faire un compte rendu en bonne et due forme mais vous livrer mes impressions de balletomane passionnée et de Noureeviamania férue...

J'attendais ce Raymonda depuis dix ans; dix ans, c'est long!
En attendant, je me repassais en boucle le documentaire, revoyais mes programmes ( 1984-1998) et visionnais les larmes aux yeux la video historique filmée en 1983 et qui est un chef d'oeuvre!!!
Je l'ai revue pas plus tard qu'hier : oui, elle mériterait d'être diffusée en DVD, elle est d'une qualité exceptionnelle
voici la distribution :

Raymonda : Noella Pontois
Jean de Brienne : Noureev
Abderam : Jean Guizerix
Deux amies : Loudières et Vulpian
Deux amis : Hilaire et legris
deux espagnoles : Patrick dupond, Françoise Legrée
Deux sarrasins : Isabelle Guérin, ?
Deux Hongrois : Pietragalla, ?
La Comtesse : Y Chauviré

et le corps de ballet au top!

Si je commence par cela, c'est parce que les distributions actuelles ne sont guère alléchantes
Séparement, chaque artiste est fabuleux : citons Nicolas Leriche, en Abderam, Dorothée Gilbert en amie et en Raymonda, Alessio Carbone en Abderam, J Bélingart, idem

pour tous ceux ci, je suis sûre que la prestation sera à la hauteur

Mais là où ça se gâte, c'est que le tout est mal assemblé, et que pour les rôles titres il n'y a rien de bien alléchant côté filles ou garçons

Côté Raymonda :
Personnellement, je n'aime pas la Raymonda de Letestu, trop raide, celle de Dupont est trop douce au troisième acte, pas question de voir Cozette
 

Côté prince : guère alléchant : Paquette, qui ne pourra pas montrer son tempérament dans le rôle du prince, Duquenne, belle technique, mais petit charisme, Bullion, bellâtre, mais sans grand chose à dire... à  noter qu'il dansera aussi Abderam... bôf!...
seul Heymann me parait digne d'apporter quelque chose à ce rôle fadasse du beau Prince, il est très jeune mais  a un charisme, un quelque chose de bien à lui, sans parler d'une magnifique technique!

Pour ma part, j'ai vu
MA Gillot en Raymonda
Martinez en Prince
Leriche en Abderam
Gilbert et Cozette en amies
Hoffalt et Magnenet en amis
Bellet et Duquenne en espagnols
Wiart et Valastro en Sarassins
Hof et Romberg en roi et comtesse

Je suis très heureuse d'avoir attendu les distributions pour prendre mes places, et je n'ai pas été déçue, sauf par l'horrible performance de Cozette
Commençons par le pire
depuis Médée, j'avais revu mon jugement à la hausse, mais là, dans un rôle très technique et classique : tous les défauts explosent : genoux en dedans, arabesques avec pied mal placé, buste et tête décalés par rapport à l'axe, rattage au niveau des petites batteries, et j'en passe!
un premier prix de conservatoire de Province danse mieux qu'elle!
Affligeant, je vous renvoir à mon article : des étoiles au rabais

J'attendais avec impatience MA Gillot dans ce rôle pas si facile : sept variations qui montrent une raymonda primesautière dans le premier acte, troublée au second, impériale au troisième
Je sais que MA Gillot a toutes ses qualités
Mais première oblige : MA Gillot dont c''était la prise de rôle avait un trac terrible

du coup, son personnage oscille entre plusieurs interprétations au premier acte
j'ai beaucoup aimé l'adage très long, très beau, qu'elle a interprété parfaitement pour le début
il lui manquait une touche de gaité pour la seconde partie

Quand le Prince arrive en rêve, ouf, elle se détend enfin

Magnifique pas de deux pleins de lyrisme avec Martinez

Au deuxième acte, Gillot trouve ses répères peu à peu, mais les pas de trois avec Cozette sont laborieux,  puis au troisième, la voilà : elle est enfin elle même, et offre un moment de danse mystérieux et puissant à souhait

Je suis sûre que ces autres dates lui permettront de mieux assoier son personnage

 

Martinez a été un prince élégant, un partenaire attentif, avec une danse propre, très française, très soignée, et a donné à ce personnage un style très classique. Pas de surprise, donc, mais le rôle est vraiment ingrat!!!

Venons en maintenant aux deux vedettes de la soirée : Dorothée Gilbert et Leriche

Le Abderam de Leriche est tout simplement génial : aussi puissant et félin que celui de Guizérix, avec une touche de féminité par ci par là, une sensualité à bouleverser la pauvre Raymonda ( qui ne s'en remet pas au final!)
Voilà une vraie étoile :
si je compare avec Guizerix, je peux dire que les deux sont aussi fabuleux l'un que l'autre
ils ne le dansent pas pareil, chacun avec ses propres accélérés, ralentis, sa façon de glisser au sol, de s'en élèver, c'est fabuleux de voir à la fois leur sens musical et leur sens du théâtre, de la danse
les deux sont personnels, inventifs, et se glissent dans ce personnage avec intelligence et passion!
Les yeux de Nicolas Leriche : ouah!! on n'a pas envie de le braver celui là, on ne peut que lui dire oui!

Quand à Dorothée: voilà une étoile fantastique, de la trempe de Loudière
Elle a dansé la variation lente ( jouée au carillon)  avec une maitrise, une musicalité, et une façon tellement à elle de placer ses bras, des pieds ciselés, un buste et des bras souples, une expression parfaite, une présence en scène immense. Je n'avais jamais vu cette variation aussi bien dansée, aussi émouvante! Je l'ai littéralement redécouverte
C'est, depuis la génération des Loudières, une artiste hors norme, que je classe à côté de Pujol ( qui ne danse pas cette saison)

rien que pour ces deux artistes d'exception, j'ai passé une soirée de rêve!

reste à féliciter l'espagnole de Bellet, très belle, le peps de la Sarrasine et Wiart et le Sarrasin de Valastro
l'espagnol de Duquenne était bien dansé, mais comme je le disais plus haut, on dirait qu'il bride sa personnité!

et puis le corps de ballet, éblouissant dans la valse fantastique ( que Noureev a mis trois semaines à régler)
et plein de feux dans toutes les danses  de " caractère"
Le corps de ballet était en forme, et visiblement il y avait une certaine fougue sur scène


Voilà, pour la petite histoire, j'ai pensé très fort à Noureev pendant les dix premières minutes, j'en avais les yeux inondés de larmes
je le revoyais, réglant ce ballet il y a 25 ans, et moi dans la salle, émerveillée par tant de beauté!

La direction a gardé l'ancienne production
la tente a un peu souffert, elle est toute froissée; elle a perdu de son éclat....
mais les costumes sont de toutes beautés et d'une si belle élégance! 

bref, il n'y a plus de places, sinon, j'aurais été voir la Raymonda de Dorothée Gilbert

A noter, que France 3 le 25 novembre diffusera un " digest" de Raymonda
et que la distribution que j'ai vu sera filmée

 


à lire sur ce blog :


raymonda?

raymonda, de Noureev


Noureev, quinze ans d'absence
Noureev, suite
Lettre à Noureev
Noureev
Noureev (2)

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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 13:24

rudyth.jpg
Voici la suite en espérant qu'il n'y aura pas du bug!!!
Je disais donc que le livre est très documenté, sans qu'on ait vraiment l'impression d'apprendre quelque chose sur Rudolf, pour peu que le personnage nous ait toujours fasciné! Dans les interwiews des danseurs, des personnes qui l'ont connu, on avait déjà une idée de sa personnalité. Et plus encore en voyant danser l'opéra de Paris dans les années 80 ...
Je ne suis pas du genre groupie transie, non : la preuve, lorsque je l'ai vu danser dans Raymonda, je l'ai même... sifflé! tant il avait été mauvais ce soir là...
certes il flamboyait... mais il avait le souffle court, les muscles sans tonicité, et pouvait à peine finir ses mouvements, ses tours...
Lui qui était sans pitié pour les autres n'hésitait pas à continuer la scène par nécessité absolue... à ceux qui venait le voir ensuite il disait : " comment étais je ce soir?" tout en connaissant d'avance la réponse.
Lucide, mais avec un tel besoin d'être sur scène!

Là où la biographie d'A. Dolfus m'a exaspérée, c'est dans la façon qu'elle a de donner en trois lignes son avis sur les chorégraphies que Noureev a données à l'opéra de Paris...
Elle  met Roméo, Raymonda dans le même sac de l'ennui.... et finalement donne un avis " favorable" sur Bayadère....
En fait, il a remonté Bayadère de mémoire, voulant retrouver ce qu'il avait vu au Kirov, lorsqu'il était encore élève et danseur là-bas : il avait une mémoire exceptionnelle. Il pouvait, rien qu'en regardant un danseur mémoriser les pas... ce qu'il fit pour Bayadère

Il faut dire qu'il avait eu une mésaventure malheureuse en prenant des notes sur la Sylphide. Quelqu'un lui avait volé ses notes et les avait jetées aux toilettes...
A partir de ce jour, il prit l'habitude de ne compter que sur sa mémoire visuelle qui devint extraordinaire.
C'est ainsi qu'il remonta pour ainsi dire à l'identique la Bayadère de Petipa, tout comme il l'avait vu autrefois au Kirov, avec son éléphant géant et son tigre. C'est assez émouvant d'imaginer Noureev très malade, et voulant absolument retrouver à l'IDENTIQUE  le ballet qu'il avait vu autrefois, du temps de sa jeunesse, en Russie... ( Il tenait absolument à avoir le même défilé que Petipa affectionnait tout particulièrement dans ses premiers ballets,comme la fille du Pharaon - voir mon article!-)
 car pour ses autres ballets remontés, il a toujours pris des libertés...


Tout en lisant donc cette biographie et en étant convaincu à demi par elle, à cause notamment de ces avis sur des ballets que personnellement j'aime beaucoup,  j'ai réfléchi sur ce qui rendait Noureev unique, en tous cas à mes yeux, car je pense que chacun projette quelque chose de soi sur un artiste, ou bien encore prend conscience d'une part de lui même   grâce à l'artiste. L'artiste qui crée un lien entre soi et le monde, ou bien le visible et l'invisible...

D'abord, il adorait Pavlova.... elle a  toujours été à mes yeux la référence, l'amie perdue, même si je ne la connais que via des documents d'époque... sans pouvoir l'expliquer, j'ai une vraie passion pour Pavlova... que Noureev aime cette danseuse par dessus tout s'explique : ils ont tous deux en commun une âme russe qui fait passer l'humain, le vivant avant la technique, qu'ils travaillent pourtant aprement l'un et l'autre... mais une fois sur scène, ils sont avant tout " humain"

Noureev donnait toujours ce conseil avant d'entrer en scène : "pense à ton personnage, à sa vie, et ne le lâche pas tant que tu es sur scène!" 
cela aussi c'est quelque chose de fascinant : on ne ressent pas les choses de la même manière en dansant si on pense " la je dois tendre mes pointes, là je pense à mes hanches, là je baisse mes épaules, etc" et si on pense au contraire " je suis tel personnage, il m'est arrivé telle chose, et je vis pour telle raison"
 Visuellement aussi, le résultat sera flagrant...

   Enfin,   m'est revenu en lisant cette biographie une chose que j'avais oublié :  les parents de Noureev étaient musulmans, bien qu'ayant " publiquement" renoncé à leur religion, vu les temps staliniens....

Ainsi, s'éclairent ces doubles que l'on voit dans ses ballets : Abderam le Maure, sensuel, flamboyant, violent aussi, qui est un double du Prince, élégant, et précieux
Ou encore Rothbart, le magicien, qui tient sous sa coupe Cygne et Prince. Dans la version de Noureev, ce Rothbart est un double du précepteur du Prince. Malheureux dans le réél, le Prince cherche le réconfort dans le rêve  et cultive des fantasmagories à la Louis II de Bavière ou les personnages réels revêtent d'autres aspects...
Le sang tatar, mi russe mi turc, coulait dans ses veines, lui donnant un "exotisme" aussi chatoyant que les étoffes qui décoraient son appartement quai Voltaire...
On comprend mieux le déploiment sublime de la tente d'Abderam, et aussi l'énergie presque diabolique qui était la sienne, lui permettant de répéter le matin à Paris, et d'aller danser le soir dans un théâtre d'Italie...

Bref, on referme le livre en étant sur sa faim, malgré la précision des témoignages rapportés...
Mais je pense qu'on en apprend plus en le voyant danser Siegfried, le Corsaire, Basilio, et tous les autres...
qu'en lisant cette biographie. Cependant, pour tout " fan", elle prendra place à côté des autres, bien évidemment.

noureev-l-insoumis.jpg















 


Noureev reste pour moi l'une des grandes lumières de la danse
retrouver ici d'autres articles que j'ai écrits : 
lettre à Noureev
Raymonda
Noureev

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 07:44

Rudolph-Nureyev-jpg.jpg

En pleine lecture du livre Noureev l'insoumis, j'ai envie de rédiger quelques notes sur ce blog; comme toute biographie qui s'attaque à une personnalité aussi riche que celle de Noureev, celle ci présente des qualités et des défauts.

Les qualités? Et bien, l'auteure s'est longuement documenté, a elle même en tant que journaliste interwievé le danseur, et l'a vu sur scène, elle a préparé son livre avec passion, et a consacré de longs mois à rencontrer ceux qui l'avaient connu, cotoyé, ceux qui avaient travaillé avec... on sent donc que la passion a porté l'auteure dans son travail de recherche et d'écriture.
Ses défauts? et bien, cette journaliste a forcément ses propres points de vue, notamment sur les ballets que Noureev a remontés pour l'opéra, et curieusement ses ballets préférés ne sont pas forcément les miens... mais peu importe.
 Ariane Dolfuss a réalisé un livre très dense, complet, organisé en chapitres et non pas d'une façon chronologique et l'on se plonge avec passion dans la lecture qui nous permet de suivre " au plus près" cet être d'exception qui a consacré toute sa vie à la danse et a vécu d'une certaine façon solitairement, même s'il était toujours très entouré.

  Loudières le décrivait tellement bien dans un musique au coeur réalisé par Eve Ruggieri : "avec lui, les thermos volaient, il criait, il partait, il revenait, il n'avait pas d'horaires et entendait que chacun soit aussi disponible que lui." Loudières disait que parfois, les danseurs exténués se révoltaient.
Charles Jude aussi le décrivait ainsi :" il fallait comprendre vite, sinon, il remplaçait aussitôt un danseur trop lent par un autre." Mais les deux s'accordent à dire qu'il poussait les danseurs dans leurs propres limites, les poussaient à se dépasser, et avait une telle passion de la danse, qu'elle en était communicative, d'une certaine façon en tous cas.
Toute sa vie fut une sorte de grande course en avant: il dansait partout, tout le temps, même lorsque ses forces commencèrent à décliner...
nureyev4.jpg

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7 janvier 2007 7 07 /01 /janvier /2007 09:40

( photo extraite du site noureev. org)

Cher Noureev,

Voilà quatorze ans que votre âme a rejoint le ciel... faites vous danser les anges? dansez vous au milieu des étoiles? Cela, je n'en doute pas...! vous ne sauriez vous arrêter!

Vous me manquez... la magie de vos spectacles à l'opéra de Paris me manque cruellement, tout y est devenu si asceptisé... où est passé ce petit supplément d'âme russe qui donnait des frissons, qui mettait les larmes aux yeux, et qui transformait une banale soirée de danse en une apothéose de poésie, de magie, d'humour aussi, de passion???

Après votre disparition, toute la magie est partie, a quitté l'opéra, et maintenant, plus encore que la génération des danseurs qui vous avait connu a cessé de danser...

Je ne vous mentirai pas en disant que j'ai cessé d'aller à l'Opéra de Paris entre 1995 et 2000, parce que je ne vous y retrouvai plus... j'avais l'impression qu'on vous avait trahi... je me souviens d'un Don quichotte que j'avais trouvé tellement triste!!! vous rendez vous compte?

Je me souviens même être sortie une fois d'un spectacle, les larmes aux yeux, non pas d'émotion,mais parce que j'ai réalisé que plus jamais je ne verrai ce que j'avais vu de votre vivant, ni n'éprouverais cet indéfinissable excitation qui ne me quittait pas pendant tout un spectacle

Je vous ai rendu visite à Sainte Geneviève des Bois, plus d'une fois : mais une chose est sûre : vous n'êtes pas sous le grand drapé de votre tombeau! Cela, non!!!! Vous êtes parti ailleurs... où?

D'ailleurs cela n'a rien d'étonnant, vous ne pouvez pas rester prisonnier d'un tombeau!!!

J'ai pensé à vous bien souvent pendant ces quatorze années, et plus encore le jour anniversaire de votre disparition; quand j'avais appris la nouvelle, j'avais pleuré... comme lorsque j'ai appris, dans le même temps, celle d'Hervé Guibert...

Heureusement, il reste les films où vous dansez pour toujours : je ne me lasse pas de votre variation dans le lac des cygnes, ni de la méditation de la chasse dans la Belle au bois dormant, ni de vos facéties dans Don Quichotte.

Quand je vous vois avec Fonteyn, j'ai toujours des frissons!

Magiques vidéos!

Et puis, je retourne régulièrement voir vos ballets,à présent à l'opéra : les choses ont changé, c'est sûr, c'est comme cela... mais c'est quand même toujours un plaisir...  Il y a une séquence video que j'adore : celle où vous montrez aux filles les variations de Raymonda : c'est vous même qui les danser,vous montrez tous les détails, et derrière vous on voit Clerc, Pontois, thesmard vous suivre sagement...

Ah Raymonda ! mais qu'attend donc l'opéra de paris pour redonner Raymonda??? Cela fait maintenant sept années qu'il n'a pas été donné!!!

Merci encore pour toute l'émotion artistique que vous m'aurez donné pendant dix longues années... merci encore d'avoir apporté dans ma vie d'alors tant de beauté, de magie, de passion, de poésie...

Et voyez vous, des années après, les images dansent encore dans mon esprit...

Vous restez vivant tant que vos pas de danse tournent dans nos mémoires attendries et émerveillées...

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5 juin 2006 1 05 /06 /juin /2006 08:22

 Raymonda, premier cadeau fait à l'opéra de Paris.

Dans cet article, je ne donne que quelques points de repère que je developperai dans d'autres articles, car Raymonda reste émotionnellement mon ballet préféré, sans doute parce que c'est le premier que j'ai vu de Noureev à l'Opéra de Paris.

Raymonda est donc le premier ballet que Rudolph ait chorégraphié pour l'opéra de Paris en 1983, l'année même où il en pris la direction en tant que directeur de la danse. Le contrat stipulait qu'il pouvait passer six mois de l'année hors de Paris, ce qu'il fit puisqu'il continuait à danser un peu partout dans le monde. Il régla donc Raymonda tout en sillonant la planète de ses allées et venues.

Son arrivée à l'opéra de Paris changea bien la façon de travailler des danseurs, habitués, selon les expressions de F Clerc à des répétitions " pépères". Et voilà que Noureev impose une nouvelle façon de travailler, obligeant tout le monde à être présent à la fois, corps de ballet comme étoiles aux répétitions, ce qui avant sa venue n'était pas du tout envisageable. E Platel raconte que les étoiles répétaient devant le corps de ballet, et que Noureev voulant toujours obtenir plus d'elles, les poussait dans leur limite, et que, si elles devaient tomber, et bien elles tombaient, mais que en parallèle elles gagnaient beaucoup de choses.

Beaucoup de balletomanes aiment  la Belle au bois dormant, ou le Lac...

Mais moi, j'ai une préférence toute spéciale pour Raymonda


 

Pourquoi?

Déjà la musique : celle de Glazounov est riche en couleurs, en contrastes, en émotions. Elle baigne dans un orchestration "très russe", avec des thèmes russes   et amples,  aux couleurs chatoyantes empruntées aux cuivres, ou bien plus boisées, plus fraîche lorsque les bois sont plus importants. La harpe intervient dans ce ballet, dans les scènes oniriques.

Ensuite, le mélange des styles, puisque à l'intérieur de ce ballet de conception  classique, Noureev a utilisé les danses dites de caractères que lui même avait apprises enfant en Russie. ( Il a commencé par ces danses folkloriques dans sa petite ville).

 

 

IL y a aussi les emprunts à la danse contemporaine : cela est très net avec les variations d'Abderam, le prince maure amoureux de la belle raymonda. Noureev a toujours aimé apprendre : il a travaillé toute sa vie, enfin, dès son arrivée à "l'Ouest" avec des chorégraphes aussi divers que Paul Taylor, Béjart, Francine Lancelot,  et a appris avec la même passion.

Les déhanchés, les déséquilibres, les attitudes de Abderam dans ses trois variations, les rapides passages au sol et les sauts qui ressemblent au bondissement d'un chat,  sont tous simplement époustouflants de beauté, de créativité et d'intensité virile.... eh oui! Il donne donc à ce personnage dit de " demi caractère" une dimension exceptionnelle, et en fait un contrepoids au Prince. ( Il apparait en rêve  à Raymonda dans les premiers actes, ce qui permet des pas de deux.) Noureev aimait danser les deux rôles : le Prince et le Maure.

 

 

Ensuite les variations de Raymonda elle même. C'est Petitpas qui les a réglées. Il y en a sept, et elles sont toutes incroyablement difficiles. Ma préféré est la dernière, lorsque tous les instruments se sont tus et que le piano joue une musique aux étranges accents de Transylvanie. La musique est puissante et mélancolique à la fois. Cette dernière variation est complètement magique, tant par la danse qui est à la fois très " slave" et très classique que par l'atmosphère immobile qui s'en dégage.


 

Enfin, les  quatre autres rôles du ballet dévolus aux    amis de Raymonda, deux filles, deux garçons  permettent une très grande richesse sur le plan de la structure du ballet et de son langage, car chaque ami a une personnalité qui lui est propre et les variations sont toutes bien différenciées.

 

J'ai eu la chance de découvrir ce ballet en 1983 avec Noella Pontois qui reste ma référence en matière de danse classique. C'était complètement magique! Je l'ai revue dans de multiples interprétations : Pietragalla, Lestestu, Guillem, Clerc, Platel... mais jamais je n'ai retrouvé cette poésie, cette force, cette douceur, cette passion.

Lorsqu'il fut redonné en 1998 à l'opéra Bastille, la magie Noureev s'était déjà perdu... tout semblait figé... perdu, pire encore : académique. De quoi ne plus aimer la danse classique.

 

J'ai vu aussi Noureev dans le rôle d'Abderam. Mais c'est une autre histoire....un peu triste...


Disques et dvd :

disque  : on ne trouve qu'un enregistrement de Raymonda en intégralité chez Naxos; il n'est pas fabuleux, mais pas mauvais non plus.

Je ne peux que vous recommander l'excellent dvd "Rêve d'étoile", chez TDK, "Raymonda" c'est un documentaire fabuleux sur ce ballet et sa création par Noureev.

Pour l'instant, hélas, pas de captation video du ballet dans la version Noureev.

A venir :

Des articles plus fouillées sur les variations, Noella Pontois et Jean Guizerix, la première de Raymonda, la septieme variation dite de la claque ....

 pour finir, cette image de Noella et Rudolph, sur scène.... émotion....

 


 

 A lire sur ce blog :

 

 Noureev

         

Noureev, parce qu'il était unique

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28 mai 2006 7 28 /05 /mai /2006 18:49

 Noureev... C'est souvent que je pense à lui... Je ne l'ai pas connu, ni cotoyé,comme un ami, et pourtant, dans ma mémoire, il a une place à part, aussi grande que celle que l'on accorde aux êtres qui ont vraiment comptés pour nous,  et lorsque je pense à lui, je suis pleine d'émotion. C'est la magie de cet artiste...

Cet article, comme les autres qui viendront, ne se veut pas "historique, encyclopédique", non. C'est un simple petit texte pour exprimer tout ce que ce danseur m'inspire, et puis, pour me replonger dans des souvenirs encore tellement puissants...

Lorsque l'occasion se présente, - une triste obligation - je vais à Sainte Geneviève des Bois, où il repose dans le cimetière russe. Vous ne pouvez pas le manquer... sa tombe est recouverte d'une sorte de grand brocard sculpté dans un matériau qui rappelle les riches étoffes russes, sa patrie. Et si je le peux, je dépose des lys. Oui, comme sur la photo. J'ai entendu dire que c'étaient les fleurs qu'il préfèrait.  Celles là même qu'il  portait dans le deuxième acte de Gisèle, son ballet préféré à danser, parait-il... il semble bien seul, là, sous l'étoffe de pierre, quelques menus objets posés sur sa tombe...

Là, il est bien jeune, sur la photo, et bien loin de la mort qui l'a cueilli... trop tôt?

Alors que vous dire?

Oui, il me manque... et quand je vais à l'opéra de Paris voir un des ballets qu'il avait réglé pour la compagnie, je ne le retrouve plus. Où est-il? Les ballets sont parfaits, les danseurs aussi, mais ce n'est plus du tout à la " façon Noureev". Quelque chose s'est perdu. Son âme slave, je pense, qui donnait un caractère excessif, passionné, entier, fougueux, dramatique, enjoué, exalté, à tout ce qu'il faisait!

 


 

Mondain, et bourreau de travail, il fut les deux.  Et en répétition, lorsqu'il prit les rênes de l'opéra de Paris, il ne musardait pas. A l'une des questions d'un journaliste qui lui demandait ce qu'il n'avait pas eu le temps de faire, il répondit : " d'être paresseux" avec cet inimitable accès russe. Et aux danseurs qu'il faisait travailler, il disait " Pas parler, pas parler, travailler!" les pauvres devaient se rebeller pour avoir droit à une pose. Alors sa thermos de thé qu'il trimbalait partout avec lui volait, il criait, et puis... hop, il se remettait au travail!

Il est mort en 1993, le 6 janvier, je crois. Et j'ai eu le même violent chagrin en apprenant sa mort que lorsque j'appris celle d'Hervé Guibert, emporté par la même affreuse maladie, le sida... qui emporta aussi Alvin Ailey.

Il n'avait pas envie de mourir. Dans un avion, aux côtés de Sylvie Guillem, il y eut un jour de très fortes turbulences qui effrayèrent la ballerine. Il lui dit " Vous aussi, vous avez peur que le monde tourne sans vous?"

Il acheta une île, quelque part en Méditerannée. Il s'y retirait quelques jours par an... A la fin de sa vie, un peu plus qu'autrefois. Il semblait alors si seul...

Lui qui avait conquis toutes les scènes du monde, qui avait vécu la plus belle amitié artistique qui soit avec Margot Fonteyn, de presque vingt ans son ainée, lui qui avait une capacité de travail monstrueuse, une énergie inépuisable, semblait si solitaire à la fin de sa vie...

Noureev me manque... alors pour le faire revivre, j'écris... pas pour me souvenir, car je n'oublie pas... c'est lui qui m'a vraiment révélé ce qu'était la danse classique, le ballet classique, parce qu'il avait une vision exceptionnelle et très russe de la danse...

L'âme russe... si loin de notre cartésianisme à la française...

C'est une autre histoire que je vous conterai bientôt!

 

 

 


 

à lire sur ce blog :

Noureev, parce qu'il était unique

 

 

 

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